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Alain.R.Truong
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Alain.R.Truong
8 mars 2006

La chanteuse Bach Vân ou le combat pour le ca trù

bachLorsqu'on évoque les mélodies du ca trù (chants des courtisanes), on ne peut s'empêcher de faire un parallèle avec la chanteuse Bach Vân. Plus que quiconque, elle y a consacré son âme pour essayer de sauver cette musique menacée d'extinction.
Née dans une famille lettrée de Nghê An, au Centre, Bach Vân commence à se distinguer alors qu'elle n'est encore qu'une élève, en 3e et 4e classe à l'école primaire. Très douée en littérature, elle décide cependant de ne pas suivre cette voie et préfère opter pour l'école musicale, puis pour l'Université de la culture. Elle ne sait pas encore que le ca trù va changer sa vie.
C'est dans les années 1980 que Bach Vân commence à chercher des artistes réputés de ca trù comme Quach Thi Hô, Chu Van Du, Nguyên Thi Phuc, Pho Thi Kim Duc, Pham Thi Mùi... Les premiers contacts sont froids, beaucoup de ces vieilles artistes ne soutiennent pas sa démarche et lui conseillent d'abandonner son idée incongrue. Certaines refusent même de la recevoir. Mais le découragement ne fait pas partie du caractère de Bach Vân. Elle insiste, argumente, insiste encore et finit par les convaincre. Elle ne sait pas encore qu'elle vient de mettre le doigt dans l'engrenage. Mais à partir de là, la restauration des chants de courtisanes dans les services culturels sera son combat. Elle cherche d'abord à regrouper les chanteuses et demande l'autorisation de monter un club de ca trù, qui finalement voit le jour en 1991 sous le nom de Club de ca trù de Hanoi. "J'ai eu peur que le ca trù disparaisse", confie Mme Bach Vân.
Car comment ne pas évoquer ses inlassables recherches pour trouver des chanteuses compétentes et des artistes de dáy (luth sans fond et à longue manche) ! Dès qu'elle met la main sur le nom ou mieux encore sur l'adresse de telle chanteuse ou de tel joueur de dáy, elle se lance à sa poursuite. Avec sa vieille bicyclette, elle pédale à travers les quartiers de Hanoi, se faufile dans les moindres ruelles de la capitale, s'échappe vers Dông Anh (banlieue de Hanoi) et dans les provinces limitrophes comme Hà Tây, Bac Ninh, Nam Dinh, etc. Si par bonheur, elle rencontre une de ces vieilles artistes, alors il faut négocier, s'engager à les prendre en charge une fois dans la capitale, souvent elle les ramène chez elle. Elle organise les cérémonies commémoratives en l'honneur des artistes défunts et les célébrations pour souhaiter la longévité à celles qui sont encore autour d'elle.
Mais en contre partie, comme dans tous les combats désespérés, les émotions sont fortes. Bach Vân évoque sa rencontre avec l'artiste-chanteuse Nguyên Thi Sinh, qui avait abandonné le "métier" depuis des dizaines d'années. Touchée par l'affection et l'ambition de Bach Vân, la vieille Sinh décida de se joindre à son tour au Club de ca trù de Hanoi.
Aujourd'hui, Bach Vân vit seule dans une maison de 20 m2. Mais, elle dispose de centaines de chansons de ca trù interprétées par des artistes uniques, malheureusement très vieilles, voire octogénaires. Au moment où la vie moderne gomme peu à peu les vieilles traditions, le ca trù ne représente qu'une très faible préoccupation de la population, même dans les milieux artistiques et culturels. Bach Vân y a consacré sa vie et ses espoirs, même si avec la mort de ses artistes, le ca trù peut risquer de s'éteindre.
Hà Anh/CVN
( 12/03/06 )

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