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Alain.R.Truong
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Alain.R.Truong
26 mai 2006

Les tableaux brodés d'une handicapée

Elle y a mis son dernier sou pour acheter du tissu et des fils colorés. Y a consacré des nuits blanches, courbée sur un tableau brodé. Aujourd'hui, l'exposition de ses tableaux brodés impressionnent les visiteurs, qui ne pourront jamais se douter que l'artiste est une femme handicapée.
L'Institut d'échange culturel avec la France (IDECAF) à Hô Chi Minh-Ville a déjà accueilli par 2 fois les œuvres de Nguyên Duc Diêu Trinh, qui exprime son talent dans la broderie de tableaux très vivants et au pouvoir d'attraction saisissant.
Encore nourrisson, 8 mois à peine, une violente fièvre de cheval lui paralyse les jambes. Son enfance se passe entre les 4 murs de sa maison. Mais en 1976, âgée de 16 ans, Diêu Trinh décide de ne pas subir son sort, ne supportant plus d'être un poids pour ses parents qui se tuent à la tâche pour nourrir leurs 8 enfants. Elle prend ses béquilles, sort de sa maison, et prend la direction de la broderie Tiên Phong pour y suivre une formation. Un mois plus tard, elle est chargée de broder des articles destinés à l'exportation vers l'ex-Union soviétique et l'Europe orientale. Mais les perturbations, qui secouent l'Europe de l'Est en 1980, chamboulent les débouchés de la coopérative Tiên Phong, Diêu Trinh se retrouve alors au chômage technique.
C'est alors que Nguyên Quang Loi, artisan de broderie, la prend sous son aile et l'embauche en 1982 dans son atelier familial. Il repère vite son don et sa passion pour ce métier et la pousse à essayer de broder des tableaux. Diêu Trinh relève le défi, s'absorbe dans l'apprentissage des techniques et le mélange des couleurs. Alors que tout semblait enfin se stabiliser pour elle, voilà qu'à son tour l'atelier connaît la faillite. Retour à la case départ pour la jeune fille.
Mais une fois encore, le destin placera les bonnes rencontres sur sa route. Cette fois- ci, elle entre en contact avec le patron japonais d'une entreprise de kimonos. Ce dernier lui demande de broder avec des fils de soie. Diêu Trinh peine mais ne lâche pas. Elle découvre comment les teindre, y consacre des heures mais finalement parvient à faire de son kimono un magnifique vêtement. Le Japonais lui propose alors de transmettre sa technique aux ouvriers de l'entreprise mais estimant les conditions insuffisantes, Diêu Trinh claque la porte et s'en va ouvrir son propre atelier.

Ses tableaux à l'étranger
Elle travaille d'arrache pied, et la vie passe comme un souffle jusqu'à ce que ses tableaux arrivent à un peu de reconnaissance. Première exposition, succès immédiat. Les spectateurs découvrent les œuvres de Diêu Trinh. Plusieurs touristes étrangers se rendent même à son domicile pour y acheter des tableaux et voir de leurs propres yeux les mains adroites de Diêu Trinh. Sa voie enfin trouvée, elle s'inscrit au club de peinture pour réaliser son nouveau projet.
Deuxième exposition. " Extraordinaire ", s'écrient les photographes Quang Minh et Dào Hoa Nu en voyant leurs œuvres transformées en tableau brodés. Ceux-ci dégagent une telle sincérité qu'on a l'impression de les voir vivre. Un tour de force remarquable qui est confirmé par le nombre de commandes reçues dès la fin de l'exposition. Et son rêve devient réalité quand la Semaine culturelle Belge, en août 2001, consacre une exposition à des tableaux brodés où on retrouve des fêtes populaires, des paysages, ou la vie champêtre qui caractérisent le Vietnam.

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