L'apprenti-novillero espagnol Raúl Palancar a remporté la quinzième édition du trophée Nimeño II, mis en jeu par la ville de Bellegarde (Gard) et le Centre de tauromachie de Nîmes, à l'issue de la novillada sans picadors qui s'est déroulée ce samedi après-midi, et au cours de laquelle le lauréat a ravi les deux oreilles du cinquième exemplaire, porteur du fer de Pagès-Mailhan, propriété des éleveurs français Philippe Pagès et Pascal Mailhan. Le trophée Georges-Daumas, récompensant le meilleur éleveur de la course, a été attribué à Philippe Cuillé, pour le quatrième exemplaire. Les arènes de Bellegarde ont enregistré une demi-entrée pour cette novillada sans picadors qui s'est déroulée par un temps gris et légèrement venteux.

Le cartel, franco-espagnol, réunissait Marc-Antoine Romero II (Centre de tauromachie de Nîmes), Raúl Palancar (École de tauromachie d'Aranjuez) et Patrick Villebrun (Centre de tauromachie de Nîmes), opposés à deux erales de Paradis (1er et 2e), correctement présentés et armés (bien que le 1er fût excessivement petit et léger), donnant un jeu inégal (le 1er, serrant énormément le torero, et encasté ; 2e, court de charge et assez violent), deux erales de Pagès-Mailhan (3e et 5e), bien présentés et correctement armés, mansos et donnant un jeu inégal (3e, à la querencia bien prononcée ; 5e, plus maniable) et deux erales de Philippe Cuillé (4e et 6e), bien présentés et armés, avec un fond de mansedumbre, mais conservant une mobilité constante en dépit de certaines fuites (le 6e, meilleur que le 4e exemplaire).

Marc-Antoine Romero II a écouté un silence après sonnerie d'un avis face au premier eral de la novillada puis a coupé l'oreille du quatrième exemplaire.

Raúl Palancar a salué au tiers à l'arrastre du deuxième novillo puis a ravi deux pavillons lors de sa seconde prestation.

Patrick Villebrun a salué au tiers lors de son premier combat puis s'est vu octroyer un trophée devant le dernier exemplaire de l'après-midi.

Le film de la course, par Christophe Chay

Journée froide et grise à Bellegarde, à l'image du temps : la traditionnelle novillada sans picadors du début d'automne – sans doute la dernière en ces lieux avant l'édification de nouvelles arènes d'ici un an – ne restera pas dans les mémoires du fait du manque de conjonction entre le jeu limité du bétail présenté et la prestation des apprentis-novilleros. Raúl Palancar a remporté sur le fil le trophée Nimeño-II sans que cette décision ne fasse l'objet d'une contestation. Toutefois, l'unanimité aurait été difficile à recueillir au vu du déroulement de la course.

Marc-Antoine Romero II a hérité d'un premier adversaire qui ne s'est pas laissé diriger à la cape. De plus, le fils du célèbre banderillero arlésien a quelque peu souffert de la différence entre sa grande taille et le bas gabarit de l'eral. De ce fait, la faena qui a suivi n'a jamais réellement transmis et Marc-Antoine a même subi deux accrochages, se faisant déchirer le pantalon au niveau de la cuisse droite. Ne pouvant donner de l'importance à ses muletazos, le becerrista arlésien a porté une bonne épée occasionnant une mort spectaculaire et encastée du novillo de Patrick Laugier.

L'élève du Centre de tauromachie de Nîmes a reçu le quatrième exemplaire par une larga agenouillée, rapidement contrariée mais enchaînée à de puissantes véroniques. Inspiré par cette entame, Raúl Palancar est également intervenu au quite, par véroniques. Muleta en main, le benjamin des Romero a tracé des séries autoritaires, se laissant progressivement entraîner par la générosité de charge de son adversaire dans une bataille assez enlevée.

Désarmé à deux reprises, Marc-Antoine a conclu sa faena par des manoletinas, revendiquant une évidente volonté face aux coups de tête répétés de son adversaire. Il a coupé la première oreille de la course après avoir porté une lame quasi-entière au second essai.

Raúl Palancar s'est montré assez rapide lors de sa réception de cape du deuxième exemplaire avant de laisser place au quite à Patrick Villebrun, qui, sur une tentative par gaoneras, a réalisé un impressionnant "soleil" après s'être pris le novillo de face. Un peu sonné, l'élève nîmois a été examiné à l'infirmerie. Lors de la faena, Palancar n'a pas été à l'aise, déplaçant constamment l'eral de Paradis vers l'extérieur et reculant fréquemment.

Assez court de charge et manquant de fixité dans la muleta, le novillo de Patrick Laugier a posé de nombreux problèmes à l'apprenti-novillero venu d'Aranjuez.

Devant le cinquième eral, porteur du fer de Pagès-Mailhan, Palancar a une fois de plus posé les banderilles, se signalant lors de la troisième paire, effectuée après une belle course à reculons. Muleta en main, le représentant espagnol de l'épreuve a construit un toreo droitier des plus appliqués, en dépit de quelques désarmés. Faisant preuve d'un temple plus constant – en dépit des quelques fuites de son adversaire –, Raúl s'est mieux centré lors de sa seconde partie de faena, insistant avec mérite sur le côté gauche alors que le novillo devenait de moins en moins évident.

L'ensemble, qui a gagné en clarté et en intensité en fin de parcours, a permis à Palancar d'obtenir une double récompense après le port d'une belle lame au second passage.

Comme plusieurs de ses congénères, le troisième eral a passé son temps à s'échapper de la cape, étalant en piste une certaine brusquerie. Malgré sa volonté, Patrick Villebrun a bien eu du mal à s'entendre avec lui, se faisant excessivement accrocher le leurre lors d'une faena s'embourbant progressivement et un final par passes de châtiment. Le second combat du vainqueur de l'édition 2004 de "Graines de toreros" a été mieux construit face à un eral de Cuillé présentant plus de possibilités.

Après des séries droitières allègres et rapides, un peu à contre-style, Patrick a fini par trouver la bonne cadence à donner, sur le côté gauche, non loin des planches. D'abord avec l'aide de l'épée, l'apprenti-novillero originaire de Bouillargues a tracé de longues naturelles. Villebrun a ensuite insisté avec mérite, liant d'autres muletazos plus aguantés au milieu d'un ensemble un peu heurté mais volontaire.

Une bonne impression finale, avec une oreille également pour Patrick Villebrun au bout du dernier coup de descabello.

Fiche technique de la novillada sans picadors

Source : Christophe Chay.

Arènes de BELLEGARDE. Samedi 30 septembre 2006. 15 h 30.

Novillada sans picadors (XVe trophée Nimeño-II). Temps gris et légèrement venteux. ½ entrée.

2 erales de PARADIS (1er et 2e), correctement présentés et armés (bien que le 1er fût excessivement petit et léger), donnant un jeu inégal (le 1er, serrant énormément le torero, et encasté ; 2e, court de charge et assez violent),

2 erales de PAGÈS-MAILHAN (3e et 5e), bien présentés et correctement armés, mansos et donnant un jeu inégal (3e, à la querencia bien prononcée ; 5e, plus maniable)

&

2 erales de Philippe CUILLÉ (4e et 6e), bien présentés et armés, avec un fond de mansedumbre, mais conservant une mobilité constante en dépit de certaines fuites (le 6e, meilleur que le 4e exemplaire),

pour

Marc-Antoine ROMERO (mauve & noir) : 1 avis et silence – 1 oreille.
1er eral (dédié au public) : quasi-entière.
4e eral : trois-quarts de lame tombée – quasi-entière.

Raúl PALANCAR (pétale de rose & or) : salut au tiers – 2 oreilles.
2e eral (dédié au public) : un quart de lame – entière tombée.
5e eral (dédié au public) : quasi-entière tombée, en arrière.

Patrick VILLEBRUN (aubergine & or) : salut au tiers – 1 oreille.
3e eral : deux pinchazos en gardant l'épée – deux-tiers de lame perpendiculaire tombée.
6e eral (dédié au public) : deux-tiers de lame légèrement tombée, descabello.

Présidence : M. Élie Bataille (maire de Bellegarde), assisté de MM. Gabourdès et Caumartin.

Durée de la course : 2 h 01.

Remarques :

Raúl Palancar se présentait à Bellegarde.

Le trophée Nimeño-II a été décerné à Raúl Palancar.

Le prix Georges-Daumas a été attribué à Philippe Cuillé pour le jeu du 4e exemplaire.

Un trophée d'honneur a été remis au banderillero David Romero.

Les recortadores du groupe arlésien "Arte Arlesin" ont réalisé différentes figures lors de l'entrée en piste de chaque eral.


Reseña des erales de Paradis, Pagès-Mailhan et Philippe Cuillé :

1.N°12, castaño (légèrement applaudi à l'arrastre) (P.).
2.N°04, negro burraco (silence à l'arrastre) (P.).
3.N°427, negro bragado (légèrement applaudi à l'arrastre) (P.M.).
4.N°59, negro (applaudi à l'arrastre) (P.C.).
5.N°411, negro mulato (applaudi à l'arrastre) (P.M.).
6.N°71, negro (applaudi à l'arrastre) (P.C.).

Photo : Remise des prix en piste - Photo Corrida.tv