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Alain.R.Truong
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Alain.R.Truong
17 octobre 2006

Les biocarburants, la passion d'un scientifique

Après leur succès dans la transformation de graisse de poissons en biodiesel, Hô Xuân Thiên et ses compagnons continuent leurs recherches sur l'huile de coco, de soja, de friture, sur les résidus pétroliers...
L'atelier de Hô Xuân Thiên est situé dans un terrain en friche situé à proximité de l'Université d'An Giang (Sud). Montrant du doigt de gros tonneaux d'où sortent des fils électriques et conduits divers reliés à des thermographes, Hai Thiên (son surnom) confie : "Là, cet appareil transforme la graisse de poissons en biodiesel. Cela paraît simple n'est ce pas ? Mais il nous a fallu 2 ans de recherches pour élaborer ce système, vraiment complexe pour nous. Nous étions les premiers au Vietnam à mener ce type d'études, et nous avons dû fonctionner comme tous les précurseurs, par tâtonnements : fabriquer, tester, chercher l'erreur, refaire... Quel casse-tête !"

Un scientifique doublé d'un leader
Pourquoi ne pas profiter des restes des poissons-chats provenant des nombreux élevages de la province d'An Giang ? Si la matière première - la graisse - était bien ciblée, la manière de produire un carburant propre restait, quant à elle, à trouver. Il a d'abord fallu mettre sur pied une équipe. Hai Thiên a jeté son dévolu sur des jeunes, voire des étudiants venant de terminer leurs études. "Les jeunes sont dynamiques, créatifs, très motivés. Malgré leur âge, ils sont prêts à faire face à tous les défis", considère-t-il.
Au début, le groupe de recherche comprenait seulement 3 membres : Hai Thiên, Vo Giao Chi, frais émoulu du Département de chimie de l'École polytechnique de Hô Chi Minh-Ville et Nguyên Quynh Nhu, du Département de technologie botanique de l'Université de Cân Tho. "Après un an et demi de recherches, nous n'avions toujours pas de résultats. La graisse de poissons contenant différentes substances est condensée tandis que le biodiesel est dilué. Trouver le moyen de briser l'alliance chimique a été le plus difficile". Des dizaines d'échecs jusqu'à la l'arrivée de Hô Trân Tân Quôc, un ingénieur en mécanique. Hai Thiên, manifestement au courant de l'intention de M. Quôc de revenir travailler dans sa région natale, l'a persuadé d'intégrer le groupe.
Sorti de l'Université de Huê, diplômé en histoire naturelle il y a des dizaines d'années et doté d'un mastère sur la faune marine, Hai Thiên n'a autant de connaissances en mécanique et chimie que ses collègues. Pourtant, comme un pilote talentueux, il a su guider avec succès ce projet, intitulé "Produire du biodiesel à partir de la graisse de poisson-chat. "Avoir un tempérament de leader, de chef d'équipe, voilà l'essentiel pour diriger ce projet. Beaucoup de choses dépassaient mes capacités, mais j'ai su tracer le chemin, fixer les objectifs et encourager les autres", explique Hai Thiên.

Une conjoncture mondiale favorable aux biocarburants
"La graisse du poisson-chat permet non seulement de produire du biodiesel mais aussi de la glycérine utilisée dans la fabrication d'encre, de dentifrice, de tabac, d'engrais... !", fait savoir Hai Thiên en pointant du doigt des tonneaux contenant différents mélanges. Son atelier fabrique chaque jour
2 tonnes de biodiesel vendu 7.000 dôngs le kilo. Le sel, sous-produit, reçoit aussi des commandes. Hai Thiên estime que la conjoncture mondiale actuelle est propice aux recherches sur les nouveaux carburants. "La flambée du cours de pétrole donne une nouvelle valeur au biodiesel. Si les carburants du Vietnam en contenaient de 5% à 10%, comme le stipulent les règlements internationaux, toutes les graisses de poissons-chats des provinces du delta du Mékong ne pourraient satisfaire les besoins intérieurs colossaux !", a-t-il fait remarquer.
Les pays développés se tournent actuellement vers le système B, c'est à dire un mélange de biodiesel et de pétrodiesel. Par exemple, B20 signifie que le carburant en contient 20%... Le diesel à faible viscosité avec 20-30% de biodiesel ou plus est depuis longtemps très utilisé dans les pays occidentaux car ce biocarburant préserve l'environnement : diminution des émissions de CO, CO2, peu d'hydrocarbures, pas de SO2, baisse de 65% des émanations de fumées, le tuax de cétane plus élevé que celui de diesel qui facilite la combustion. En plus, celui à l'état pur (B100) peut convenir à n'importe quel moteur diesel. À vrai dire, le Vietnam a besoin de biodiesel bon marché. "J'ai entendu dire qu'une certaine société a l'intention d'importer du biodiesel tiré de l'huile de tournesol au prix de 25.000 dôngs le litre. Devant un tel prix, pourquoi ne pas produire du biodiesel au Vietnam ? Mais la ressource en graisse de poisson n'étant pas illimitée, nous menons actuellement des études sur d'autres matières premières".
"Ces temps-ci, la compagnie d'essence et de diesel Petro a proposé à Agifish (ndlr : Compagnie d'import-export de produits aquatiques d'An Giang) un partenariat dans la construction, à Trà Nóc dans la province de Cân Tho, d'une usine de transformation du biodiesel et de mélange avec le diesel", a souligné Hai Thiên, qui est membre du conseil d'administration de cette société étatique. Si les négociations aboutissent, il s'engage à transférer à Agifish tout le procédé de transestérification dont les recherches avaient été financées par son budget.
"Agifish doit faire face à des difficultés financières. Je ne veux pas fonctionner dans les caisses de l'État" . Et a-t-il procédé à l'enregistrement de son "invention". La réponse est claire : "Ce n'est pas une" invention "car ce procédé a été mis au point dans le monde il y a maintenant 10 ans. Quoi de neuf?". Quoi qu'il en soit, la recherche d'un biocarburant à partir de la graisse de poisson reste son plus grand et son plus long projet d'études. Son désir maintenant est que la production de ce carburant puisse recevoir des financements. "La recherche, c'est vraiment ma passion !", confie-t-il, sourire aux lèvres.

Pour l'utilisation des biocarburants
Selon les prévisions, le Nam Bô oriental produira l'année prochaine 700.000 tonnes de poissons-chats. La graisse récupérée, estimée à 100.000 tonnes, servira à la production de biocarburant. Des dizaines d'entreprises sont prêtes à fabriquer ce type de carburant même si elles espèrent bénéficier d'un large soutien des consommateurs pour ce nouveau produit. Dans ce sens, des politiques d'assistance s'avèrent nécessaires, comme par exemple l'exonération de la taxe sur la consommation et la mise en place de critères vietnamiens consacrés spécialement à cette énergie. Actuellement, les biocarburants ne se trouvent pas sur la liste des combustibles autorisés à être produits et exportés. Une collaboration entre institutions étatiques (rédaction des politiques, textes juridiques), producteurs pétroliers (coopération technologique) et fabricants de moteurs (assistance de techniques et de commercialisation) sera aussi nécessaire. Les scientifiques et entrepreneurs espèrent que le gouvernement recevra bientôt le projet consacré au développement de la production et de la consommation des biocarburants.

Hông Duong/CVN

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