La pagode et, plus généralement, le bouddhisme, sont depuis longtemps les symboles des valeurs spirituelles et de l'identité nationale du Vietnam. Leur préservation et leur épanouissement relèvent particulièrement de l'intérêt public.
S'étendant sur une superficie d'environ 40.000 km², le delta du Mékong abrite 17 millions de personnes des 4 principaux acteurs culturels que sont les ethnies Kinh, Khmer, Hoa et Cham, parmi lesquelles les Kinh sont en majorité avec plus de 76%. Les Khmers représentent 1,3 million de personnes habitant pour la plupart dans les provinces de Kiên Giang (350.000), Trà Vinh (320.000), Kiên Giang (180.000) et An Giang (85.000). Bien que chaque ethnie possède ses propres valeurs culturelles, c'est le partage d'un même territoire, celui de leur histoire ainsi qu'un long processus d'échanges culturels réciproques entre ces ethnies qui ont abouti aux caractéristiques culturelles de cette région, renommée pour "sa civilisation fluviale et sa culture des vergers". Ces ethnies, qui ont en commun des traits semblables en terme de conditions économiques et culturelles, vivent essentiellement de la culture agricole.
Les valeurs culturelles et spirituelles des Khmers du bassin du Mékong, liées aux pagodes, sont qualifiées de typiques dans le Sud-Est asiatique. "La vie des Khmers est étroitement attachée à la pagode qui constitue pour eux un site d'études, de récréation, de divertissement ainsi que d'activités festives de leur communauté", affirme le professeur Nguyên Quôc Dung, directeur du Service provincial de la culture et de l'information. Au dernier recensement, il existe au total 437 pagodes khmères, qui constituent le fief du bouddhisme Hinayana (le premier en date, dit du "petit véhicule") et des manifestations socioculturelles de tous les aspects de la vie collective de cette population. Depuis leur naissance, les habitants sont élevés et éduqués conformément à l'esprit du bouddhisme. Toutes les cérémonies importantes de la vie, du baptême jusqu'aux funérailles, sont inséparables de la pagode, laquelle en outre ne se limite pas seulement aux activités religieuses et sociales, mais joue également le rôle de préservation des us et coutumes, des oeuvres artistiques, et de vulgarisation des prières, livres, textes religieux... Les bonzes et les enfants peuvent aussi se fréquenter pour l'apprentissage, au cours du catéchisme, des caractères pali comme khmer.
C'est pour l'ensemble de ces raisons que le secteur de la culture et de l'information des provinces de la région a toujours veillé attentivement à choisir les pagodes en tant que lieu d'édification de la vie culturelle de chaque localité. Pour mener à bien cet objectif, il a effectué des campagnes d'information pour persuader les bonzes à participer activement à la mise en place d'une institution culturelle et d'information locale intitulée "Convergence des activités culturelles de la pagode khmère". Une récente décision gouvernementale sur le développement des activités culturelles et d'information du delta du Mékong d'ici 2010 a souligné l'édification et la valorisation de l'institution culturelle locale dans les pagodes pour mieux assurer la vie spirituelle ainsi que les activités culturelles des Khmers. Prenant la parole lors d'une conférence relative à l'application de cette décision, tenue dans la ville de Cân Tho, Nguyên Hung Khu, représentant du ministère de la Culture et le l'Information, a remarqué que "pour faire épanouir les valeurs culturelles et édifier avec succès la vie culturelle de l'ethnie khmère, il est extrêmement important de coordonner d'action avec les pagodes et leurs bonze".

Khac Phuc/CVN