Fondeur depuis une quarantaine d'années, Lê Khang est surnommé le Roi du bronze. Il suffit de se rendre dans sa demeure pour en comprendre la raison, pour celui qui, malgré ses 60 ans, continue de créer des collections surprenantes !
Le "royaume du bronze" se trouve modestement dans une ruelle, au 82, rue Hàng Khoai, dans le vieux quartier de Hanoi. Le seuil passé, on s'égare d'emblée dans un musée du bronze. Toutes sortes d'articles sont posés pêle-mêle ici et là : sur le sol du salon, les étagères, les marches d'escalier, dans le buffet et même sur les murs. À part quelques antiquités, les objets exposés ici sont nés des mains habiles de cet artisan chevronné.
Son chef-d'œuvre trône un peu à part. Il s'agit d'une statue de 70 kg de Bouddha à mille bras et mille yeux. "Elle m'a valu le prix Quintessence du Vietnam, raconte Lê Khang, alors que cette série de plateaux en bronze a décroché le 3e prix au concours national des produits de beaux-arts appliqués."

Statues de divinités, de Bouddha à Jésus-Christ
Bien qu'il ne soit pas originaire du célèbre village de fondeurs de Ngu Xa, province de Bac Ninh (Nord), Lê Khang montre dès son plus jeune âge une passion pour les objets en bronze. En 1963, il décroche cependant un diplôme de l'École professionnelle d'électromécanique. Mais sa passion est la plus forte et le Hanoien part apprendre le métier à Ngu Xa, avant de monter une fonderie dans le Quartier des corporations (les 36 rues du vieux quartier). Passion, habileté, esthétisme, création et volonté sont les recettes de son succès, la matérialisation d'un rêve : devenir un fondeur talentueux au renom national. "Mes +créatures+ sont présentes un peu partout à travers le pays", dit-il avec un brin de fierté. Et d'inventorier : la statue de Jésus-Christ de 5 tonnes installée dans une église de Nam Dinh ; un chapelet de statues évoquant la scène historique où le président Hô Chi Minh s'entretenait avec les soldats au Temple des rois Hùng, à Phu Tho ; la statue de Bouddha de 150 kg sise à l'Institut bouddhique Truc Lâm, ville de Dà Lat...
Avec minutie, il prend dans sa main une minuscule statue, à peine grande comme un petit doigt. Il raconte le mythe de Bouddhisattwa, déesse de la miséricorde selon la philosophie bouddhique, dont il a coulé une statue géante pour la pagode de Soc Son, province de Hà Tây. Un vrai chef-d'œuvre mesurant 7 m de haut et pesant 30 tonnes qu'il a voulu miniaturiser pour "le garder comme souvenir à la maison".
Les œuvres de Lê Khang sont exposées en bonne place dans les musées. À lui seul, le Musée des beaux-arts du Vietnam en compte une vingtaine, dont des reproductions de peintures célèbres : Libération de Diên Biên Phu de Nguyên Hai, Les 20 ans d'âge de Vuong Ngoc Bao, Récipient de riz pour les soldats de Van Hoe.
Par ailleurs, Lê Khang ne rate jamais une foire-expo d'articles en bronze. Ses œuvres haut de gamme reçoivent autant de prix que d'éloges, à tel point que les fondeurs de Ngu Xa l'ont reconnu comme "représentant d'honneur du village". En 2003, il s'est vu attribuer le titre de'"Artisan d'élite de Hanoi" par le Comité populaire de la ville.

Fierté et honneur
Si le tout le monde l'appelle le Roi du bronze, Lê Khang est fier d'avoir d'autres surnoms : l'Artisan aux mains d'or pour ses clients, ou Khang - les marmites en bronze pour les chasseurs d'antiquités. Pour lui, sa collection de 50 vieilles marmites en bronze est un "trésor hors de prix" qu'il a acquis au cours de longues années de "chasse". Lê Khang avoue son "irrésistible désir" d'aller à la recherche d'antiquité en bronze. "Je pars chaque fois que j'en entends parler d'une nouvelle, sans prêtant attention à la distance à franchir. Le parcours est parfois difficile, notamment dans la région montagneuse du Nord ou sur les hauts plateaux du Centre. Qu'à cela ne tienne. Je me sens heureux de les voir de mes propres yeux". Actuellement, le "royaume du bronze" de M. Khang abrite bon nombre de vieux objets, y compris des temps préhistoriques tels que brûle-parfums, tambours, disques, guisarmes...
Au moment où les visiteurs s'apprêtent à s'en aller, le roi du bronze les amène devant une vitrine où se tient, au milieu de médailles d'or ou d'argent et de diplômes d'honneur, un buste en bronze "frais émoulu". On reconnaît sans difficulté le portrait très vivant de l'artisan Lê Khang. "C'est le sculpteur Lê Dinh Quy qui m'en a fait cadeau", révèle le sexagénaire. Et d'ajouter avec orgueil que cet ensemble de distinctions honorifiques qu'il a reçues, et tente d'en avoir encore, sera "la collection la plus précieuse" de sa vie.
Passion, habileté, esthétisme, création et sens de l'effort sont les recettes de son succès, la matérialisation d'un rêve : celui de devenir un fondeur talentueux au renom national. "Mes +créatures+ sont présentes un peu partout à travers le pays", dit Lê Van Khang avec un brin de fierté. Et d'inventorier : la statue de Jésus-Christ de 5 tonnes installée dans une église de Nam Dinh ; un chapelet de statues évoquant la scène historique où le président Hô Chi Minh s'entretenait avec les soldats au Temple des rois Hùng, à Phu Tho ; la statue du Bouddha de 150 kg sise à l'Institut bouddhique Truc Lâm, ville de Dà Lat...

Nghia Dàn/CVN