Si la profession de paysagiste est nouvelle au Vietnam, Nguyên Huu Tho fait figure d'exception. À 65 ans, il fut l'un des pionniers de cette discipline et imposa sa griffe dans les plus grandes artères et lieux publics du pays. Un parcours original qui mérite enfin d'être reconnu.
Si la profession de paysagiste est nouvelle au Vietnam, Nguyên Huu Tho fait figure d'exception. À 65 ans, il fut l'un des pionniers de cette discipline et imposa sa griffe dans les plus grandes artères et lieux publics du pays. Un parcours original qui mérite enfin d'être reconnu.
Nous sommes vers la fin des années 50 et Nguyên Huu Tho vient juste de fêter ses 17 ans. Adolescent, il ne sait pas encore quoi faire de sa vie mais travaille cependant pour un médecin. C'est ainsi qu'il fait ses premiers pas dans l'horticulture, quand le docteur lui demande de prendre soin de son jardin d'orchidées.
Bien qu'il fasse cela à titre bénévole, Nguyên Huu Tho éprouve beaucoup de plaisir à consacrer son temps aux plantes. Il se forme à la manière d'un autodidacte et se découvre vite un certain talent dans la culture des fleurs. Redoublant de peine, son patron décide de lui donner une gratification au nombre de... branches d'orchidées ôtées. Le jeune homme rassemble alors ces branches et tente des greffes et croisements. Un travail de fourmi certes mais Nguyên Huu Tho a une bonne étoile et il parvient à réaliser son rêve d'alors : posséder son propre jardin d'orchidées qui comprend plusieurs variétés.
Plus de place au doute ! Désormais, Nguyên Huu Tho sera un horticulture. Passionné par les orchidées, il apprend la patience. "Une orchidée ne donne que 2 ou 3 feuilles par année. Celui qui n'aura ni patience ni passion peut abandonner tout de suite", prévient-il. Il poursuit en affirmant qu'"un horticulteur ne cherche que la réussite, alors que la nuit il rêve de voir l'épanouissement de ses orchidées". À ses yeux, un horticulteur est une personne attirée par la beauté et la pureté qui se dégagent de ces fleurs tropicales.
Après les orchidées, Nguyên Huu Tho découvre au début des années 90 les bonsaïs, ces arbres nains d'origine japonaise. Si la culture des orchidacées est difficile, c'est un jeu d'enfant par rapport aux bonsaïs. "Un bonsaï est une œuvre d'art unique. Une telle création nécessite jusqu'à 20 ans de soins", explique le jardinier. Il vous faudra d'abord acquérir un pied convenable avec des racines tuberculeuses. Ensuite vient le choix du bassin. Puis l'horticulteur taillera, greffera et courbera les rameaux pour obtenir la position souhaitée. Pour donner un ordre d'idée, le seul travail qui consiste à effacer les traces laissées par les fils d'acier prend au minimum 5 ans.

Quarante ans d'expérience et il apprend toujours
Son jardin compte plus de 300 bonsaïs et quelques milliers d'orchidées réparties en 300 espèces différentes. Nguyên Huu Tho aime à montrer ce couple de lauriers vieux d'un siècle. "Un passionné des bonsaïs a voulu me l'acheter 12.000 dollars", raconte-t-il. Mais il se refuse à vendre ses créations. "Si je les vends, je les perds à jamais. C'est comme si je vendais mes sentiments", confie-t-il.
Une fois la technique des bonsaïs maîtrisée, Nguyên Huu Tho change de domaine et s'attaque au paysagiste. "Dans ce métier, je commence à zéro. Je n'ai suivi aucun cours et personne ne m'a initié", confie l'horticulteur. Il a tout appris lui-même, dévorant les recherches et études consacrées à ce métier. Il a étudié l'architecture des jardins et des parcs avec des documents, livres, journaux étrangers et se sert de son expérience. Sa femme raconte qu'il veille souvent jusqu'à une heure ou 2 heures du matin pour lire des livres, étudier l'architecture de jardins étrangers ou la conception d'un nouveau plan de parc ou de jardin.
À 65 ans, Nguyên Huu Tho se rend chaque année en Thaïlande, en Malaisie ou à Singapour pour découvrir d'au tres créations, d'autres cultures du métier. "Quel que soit le pays, je m'intéresse à la manière dont ils conçoivent l'architecture de leurs parcs et jardins. Les mœurs et coutumes, notamment les éléments de géomancie, varient selon les pays", raconte-t-il. Il prend conscience qu'"un plan d'architecture de jardin doit traduire une conception de la vie, une philosophie".
Nguyên Huu Tho est l'auteur de plusieurs jardins et parcs réputés : les hôtels Sofitel Plaza, Sheraton, Saigon Tower, Park Land, Park Hyatt... Des espaces de loisirs au chef-lieu de Thu Dâu Môt ou dans la province de Binh Duong (Sud) portent tous sa signature.

(Hoàng Hoa\CVN)