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Alain.R.Truong
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3 décembre 2006

MANIFESTE POUR UNE ETHIQUE DE GESTION DES RESSOURCES NATURELLES

A tous ceux qui me reprochent mes photos sur les fourrures et la corrida, voici reproduit le manifeste publié par la Fédération Française des Métiers de la Fourrure. Un peu de tolérance, s'il vous plait ! A vous entendre, on ne pourra plus porter de fourrure, fumer dans les cafés, faire de don au téléthon, pasticher les icônes religieuses... ou le politiquement correct s'apparente de plus en plus au terrorisme intellectuel !

MANIFESTE POUR UNE ETHIQUE DE GESTION DES RESSOURCES NATURELLES

L'existence de l'homme au sein de la nature se traduit par deux catégories de conséquences :

  • Celles dues à sa présence : habitations, cultures, voies de communications, industries, activités diverses etc...

Elles ont un impact très important mais ne font qu'indirectement l'objet de ce manifeste.

  • Celles dues aux prélèvements qu'il effectue sur la faune, la flore, les matières organiques et minérales ou à la pollution qu'il génère au sein des éléments.

Cette présence, ces prélèvements et cette pollution imposent l'homme comme acteur incontournable de l'environnement, car la nature subit les conséquences bouleversantes, au sens littéral du terme, de son existence. De sorte qu'il est utopique de prôner le principe d'une nature devant se gérer elle-même, puisque le facteur "homme" agit sur son évolution.

Se pose donc, pour tout individu conscient, d'une part, de ses responsabilités en tant qu'être intelligent et, d'autre part, des effets de ses comportements, le problème de la préservation de l'environnement. Mais le mot "préservation" n'est pas vraiment adéquat car il entend une sorte de statu quo qui s'oppose à la dynamique des modifications considérables engendrées par les humains, même s'ils s'efforcent à "la discrétion". Il semble qu'il soit possible d'évoquer un "équilibre évolutif" prenant en compte de multiples facteurs variant sans cesse, notamment la démographie.

Nous définissons par "équilibre", en ce qui concerne les ressources, le développement harmonieux (ni trop, ni trop peu) des espèces de la faune et de la flore, l'économie (opposée au gaspillage) des matières organiques et minérales, la conservation de la pureté des éléments (terre, eau, air).

C'est au niveau des moyens de parvenir à cet objectif qu'il est essentiel de réfléchir.

Actuellement, la doctrine généralement adoptée est, selon les cas, l'usage restreint ou prohibé.

1/ Dans le cas de la pureté des éléments.

La prohibition est impossible sauf en des zones limitées, bien que l'air et l'eau pollués puissent y accéder en provenance d'autre zones.

La restriction est possible: épuration de l'eau, appareils filtrants des rejets dans l'atmosphère, retraitement ou incinération des déchets, surveillance des épandages etc... Elle est coûteuse et ce sont les utilisateurs massifs (professionnels) ou normaux (citoyens) qui paient.

2/ Dans le cas des ressources organiques et minérales.

La prohibition est possible mais irréaliste. L'environnement ne serait pas amélioré par la conservation de ressources organiques ou minérales dans les profondeurs du sol (la pollution par les procédés d'extraction ou par l'utilisation est du ressort du paragraphe précédent).

La restriction est nécessaire puisque ces ressources sont limitées, ne se reproduisent pas et devront, lorsqu'elles seront épuisées, être remplacées par d'autres plus onéreuses. La récupération, le recyclage, quand ils sont possibles, sont des volets de la restriction de la consommation. Là aussi, ce sont les professionnels qui paient et en répercutent le coût sur l'utilisateur.

3/ Dans le cas de la flore.

En ce qui concerne les espèces menacées, la prohibition est souvent considérée comme étant un remède contre la disparition. Dans ce cas, la loi est établie en ce sens et l'impose. Cependant, si la contrebande est possible, elle sévit, facilitée par le manque de moyens financiers pour la combattre. Si elle ne l'est pas, les spécimens de l'espèce n'ont plus de valeur. Alors, la plupart, non seulement ne sont pas soignés, mais, quand ils gênent, sont éliminés (arbres précieux abattus dans le cadre de créations de prairies). Plus particulièrement, dans des réserves très surveillées et de faibles superficies, les crédits d'entretien étant limités, on les conserve en petit nombre.

Il nous paraît nécessaire que :

les spécimens d'espèces menacées commercialisables conservent une valeur,
cette valeur soit assurée par la possibilité de les commercialiser sous conditions,
la commercialisation sauvage ayant pour conséquence la disparition, un encadrement soit instauré pour :

  • effectuer des recensements à périodicités fixées pour chacune des espèces,

  • décider des quotas de prélèvements,

  • traquer la contrebande et le gaspillage,

  • créer des pépinières ou des zones de reproduction, sans point commun avec les réserves évoquées précédemment qui sont destinées à conserver des spécimens mais non à organiser la diffusion de la culture de ceux-ci,

cet encadrement ne pouvant être efficace que grâce à des apports financiers importants, des fonds soient dégagés globalement de la commercialisation de tous les spécimens d'espèces menacées commercialisables afin d'assurer globalement la préservation de tous les spécimens d'espèces menacées dans le cadre de l'équilibre défini au début de ce texte.

Ainsi, la préservation des espèces de la flore participerait du même principe que celle des ressources organiques et minérales et des éléments naturels: les professionnels et, à travers eux, les utilisateurs l'assureraient financièrement, ce qui semble parfaitement logique.

4/ dans le cas des espèces de la faune.

Comme pour la flore, la prohibition ou la restriction sont les doctrines préconisées. Notre analyse et nos propositions sont les mêmes que celles énoncées au chapitre 3/.

Cependant, ces propositions se heurtent non seulement, comme pour la flore, à une idéologie qui réprouve "l'immoralité" du commerce alors qu'il peut être, par les fonds qui en seraient dégagés, le moteur de l'équilibre des ressources naturelles, mais surtout à une idéologie plus agressive qui refuse la mort de l'animal par l'homme. A l'appui, elle identifie celui-là à celui-ci.

Sans entrer dans des développements qui dépasseraient le cadre de ce manifeste mais que nous sommes disposés à discuter, nous ferons observer que :

  • Bien qu'être doué de sensibilité, l'animal ne peut être identifié à l'homme. Luc Ferry, philosophe, professeur à l'université de Caen, l'a démontré dans son ouvrage "Le nouvel ordre écologique" (Grasset 1992). Citons en une seule phrase (page 39):"...l'humanité n'est pas rivée à l'instinct, aux seuls processus biologiques,...elle possède une histoire,...les générations se suivent, mais ne se ressemblent pas...- là où le règne animal observe une parfaite continuité."

  • En "consommant" l'animal, l'homme exerce une action de prédation. Or, la prédation et le prélèvement sont le comportement naturel interactif des éléments de la chaîne du vivant. Même l'homme sur l'homme, lorsqu'il ne l'exerce pas de manière violente, l'exerce de manière "civilisée". On appelle cela des échanges. Lorsqu'il l'exerce de manière "civilisée" sur les animaux, on peut appeler cela "régulation". Nous ne voyons rien là que de tout à fait naturel avec pour but, rappelons le, un équilibre harmonieux entre les espèces évitant prolifération ou disparition dans le cadre d'une éthique de gestion de la faune.

  • Cependant, conscients que l'animal ignore le concept de mort mais ressent la souffrance, nous tenons à faire observer que nous sommes partisans, quel qu'en soit le coût, du bien-être maximum chez l'animal, défini par les chercheurs en collaboration avec les gens de terrain. Une partie des fonds dégagés de la commercialisation devrait être utilisée pour les recherches et l'application des réglementations qui en seraient issues.

  • Enfin, nous posons le dilemme qui nous semble essentiel dans ce débat :

Quel choix l'homme conscient et raisonnable doit-il faire ?

Faut-il interdire la prédation-régulation de l'animal par l'homme (qui n'éradiquera pas la prédation de l'animal par l'animal) avec pour conséquences :

  • au niveau sauvage, la prolifération de certaines espèces rendant leurs conditions de vie et de santé précaires et la disparition d'autres espèces qu'il sera matériellement impossible de préserver faute d'apports financiers suffisants, sauf, à la limite, dans de petites réserves,

  • au niveau élevage, la disparition des races interdites de consommation, sauf, aussi, dans des réserves.

Ou faut-il organiser la prédation-régulation de l'animal avec, pour impératifs, grâce à l'apport des fonds dégagés de la commercialisation :

  • au niveau sauvage, la création de biotopes favorables et la mise à mort instantanée lors de la capture,

  • au niveau élevage, l'existence dans le bien-être maximum puis la mise à mort instantanée.

En quelques mots : refuser l'accès à la vie ou créer la vie qui se passera dans le bien-être avant le sacrifice.

Nous sommes pour la seconde alternative et contre le néant.

Subsidiairement, nous terminerons par deux remarques.

La première au sujet de l'augmentation du coût des ressources consécutive à la mise en oeuvre de notre proposition. Elle ne semble pas constituer un obstacle infranchissable. En effet :
- d'une part, pour ce qui est de certaines d'entre elles, le prix n'est pas un élément déterminant dans la décision de l'utilisation ou de la consommation
- d'autre part, en ce qui concerne les ressources alimentaires, notamment carnées, il semble normal que le consommateur participe au bien-être animal, d'autant que la surconsommation est répandue dans les pays riches et que des mesures pourraient être prises en faveur de populations pauvres.

La seconde remarque à l'adresse des associations de protection de l'environnement ou des animaux.
Il y a pour celles d'entre elles qui feraient abstraction de démagogie ou de sensiblerie un grand dessein. Certaines l'ont déjà perçu, notamment au sein de l'UICN. Nous leur offrons notre collaboration.

N.B. Il n'est pas de notre ressort de nous prononcer sur les mécanismes financiers qui permettraient la pratique d'une éthique de gestion des ressources de faune et de flore menacées, telle que nous la proposons.

Toutefois il semblerait possible que soit officiellement recommandée, lors de la première exportation de spécimens de faune et flore menacés, la perception de droits recueillis dans des pays d'aires délimitées qui auraient décidé de constituer des fonds d'affectation spéciale pour la conservation de certaines espèces.

Les travaux ayant abouti au Manifeste pour une éthique de gestion des ressources naturelles ont débuté en 1989. Il a été présenté au Ministère de l'environnement en 1993. Il a été légèrement remanié en 1999, puis en août 2004, date de ce texte.
Mais jamais son principe directeur n'a subi la moindre altération : L'utilisateur, au sens large du terme, doit financer la remise en l'état d'origine de l'objet de son utilisation.
Le financement n'est pas une pénalité mais une réparation.

Paul Bévière, Président de la FFMF (Fédération Française des Métiers de la Fourrure)
Août 2004.

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