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Alain.R.Truong
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Alain.R.Truong
28 janvier 2007

A la recherche de la Dormeuse de Naples, Ingres : un tableau dispari

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Selon Véronique Burnod, conservateur en chef du Musée de Cambrai, La Dormeuse de Naples, oeuvre mythique d'Ingres, serait dissimulée sous une toile du XVIIe siècle attribuée à Luca Giordano, "Vénus dormant avec Cupidon et satyre". © Véronique Burnod

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La toile de Giordano a été vandalisée : des coups de couteau, de sabres et des griffures sont visibles. En admettant que cette toile dissimule La Dormeuse, cette dégradation s'est probablement déroulée pendant le renversement de Joachim Murat, roi de Naples de 1808 à 1815. Il pourrait s'agir d'une vindicte à l'encontre de son épouse Caroline Murat, qui, femme légère, a pu être assimilée à La Dormeuse de Naples. © Véronique Burnod

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Selon Véronique Burnod, ce tableau est difficilement attribuable à Giordano.  "Le visage peu seyant de cette femme, sur lequel des ombres maladroites semblent dessiner des moustaches, ces mèches frisottées qui tombent de façon anormalement raide sur ce bras en forme de jambon, ce drap bleu qui coupe le bras en formant une verticale étrange" sont indignes du maître italien. © Véronique Burnod

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On peut remarquer les "pieds difformes et malhabiles" de la jeune femme, qui n'ont vraisemblablement pas pu être dessinés par Giordano. © Véronique Burnod

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Les traits entourant  la tête du satyre, les lignes soulignant sa poitrine le long du rideau ainsi que son bras sont dus, "non pas à des changements de composition, mais à des erreurs de perspective". De même pour le Cupidon, dont la main restée en arrière est maladroitement dessinée et dont la jambe, représentée de façon étrange, semble "amputée". © Véronique Burnod

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La toile a été vraisemblement agrandie. "Les repeints et bricolages, étrangement nombreux, correspondent aux dimensions de La Dormeuse." On peut ici remarquer une ligne blanche, trace laissée par le décloutage. © Véronique Burnod

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"Le décloutage du bas a laissé une ligne longue que l'on peut surtout percevoir dans les parties grises de la peinture. Le vin de la coupe renversée a été peint afin de rendre le décloutage moins voyant. Cette composition a donc été conçue après coup, en raison du changement de format." © Véronique Burnod

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"La hanche devait former une courbe inverse, comme semble le montrer le calfeutrage suspect à cet endroit. Dans le prolongement, la bande de chair très claire sur la cuisse, qui n'est pas logique à cet endroit-là, contraste avec la teinte générale blafarde du corps. Cela laisse à penser que l'on a voulu uniformiser les teintes différentes qui se trouvent en-dessous." © Véronique Burnod

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Le drap bleu a manifestement été peint après coup. "Les deux rainures verticales le long de la chair du bras montrent bien que la couche bleue a été peinte là pour cacher une épaisseur anormale. Le frisotti étrangement raide sur le bras occupe approximativement l'emplacement de la ligne du bras de La Dormeuse." © Véronique Burnod

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"Un fond rouge transparaît à gauche, entre Cupidon, le satyre et le voyeur. Les ailes de l'ange, comme les nuages, ont une teinte rosée. Au XVIIe siècle, il était fréquent d'étaler sur l'ensemble de la toile une préparation rouge qui servait de première couche. Mais ce n'est pas ce dont il s'agit ici : le fond rouge est absent de toute la partie basse de la toile. A cet endroit, la préparation, de couleur grise, correspondrait plus logiquement à un fond qu'aurait pu peindre Ingres pour La Dormeuse." © Véronique Burnod

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L'un des éléments de structure de La Dormeuse (les plis du rideau) est ici clairement visible : "il est maquillé en un arbre dont le tronc est prolongé par l'arc de Cupidon." © Véronique Burnod

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"Un dernier détail vient conforter cette analyse : un troisième sein réapparaît en dessous du bras. On retrouve, sur d'autres clichés, cet élément qui ne peut donc être une illusion d'optique. Or, son emplacement correspond exactement au sein gauche de La Dormeuse. " © Véronique Burnod

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La Dormeuse de Naples a disparu il y a près de deux siècles. Seules des esquisses peuvent aujourd'hui nous renseigner sur l'aspect de cette toile restée mythique. © Véronique Burnod

Véronique Burnod, conservateur en chef du Musée de Cambrai, organise en 2004 une exposition intitulée "Fantasmes d'Ingres", centrée sur l'un des tableaux les plus célèbres du maître, La grande Odalisque.  Très rapidement, elle est hantée par l’absence du pendant de cette oeuvre, La Dormeuse de Naples, qui a mystérieusement disparu après le renversement de Joachim Murat, roi de Naples de 1808 à 1815.

Véronique Burnod part alors à Naples avec l'espoir de retrouver La Dormeuse. Elle organise une véritable chasse aux trésors, alertant la population grâce aux medias italiens. Ses investigations finissent par la mener au département du XVIIe siècle du musée Capodimonte de Naples où elle pense retrouver le tableau d'Ingres dissimulé sous une oeuvre du XVIIe siècle attribuée à Luca Giordano. L’hypothèse de Véronique Burnod repose sur plusieurs indices troublants qui sont exposés dans son livre et repris ci-dessus.

Seules des radiographies et des images infra-rouges de l'oeuvre pourraient permettre de lever les interrogations. Mais Nicolà Spinosa, directeur du musée de Capodimonte, se refuse à de telles analyses. Pourquoi ? Juge-t-il l'hypothèse de Véronique Burnod "farfelue" ou bien s'agit-il d'une remise en cause trop flagrante du travail d'identification qui a été fait sur tableau ? L'affaire, entre les mains des diplomates français et italiens, est loin d'être terminée...

tableau_disparu"Le tableau disparu

A la recherche de la Dormeuse de Naples"

par Véronique Brunot

Editions aux Ours

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