Le palais An Dinh, à Huê, compte des fresques murales de raffinement et d'originalité. À cause d'un climat très humide, ces peintures centenaires ont connu l'œuvre du temps et sont aujourd'hui dans un état de décomposition avancé. Un groupe d'experts allemands et vietnamiens travaille depuis 2002 à lui redonner son lustre d'antan.
Bâti il y a près de 100 ans, le palais An Dinh était la demeure du roi Khai Dinh avant son intronisation. Il accueillit ensuite le roi Bao Dai et sa reine Nam Phuong avant que celui ci n'abdique. An Dinh est un ouvrage architectural réputé pour son harmonie entre les arts occidentaux et orientaux.
L'originalité du palais An Dinh réside dans les fresques qui ornent ses murs et plafonds. Ces peintures, réalisées par des artistes français et vietnamiens décrivent le paysage vietnamien dans une pure tradition européenne. Rares sont les palais vietnamiens à présenter une telle originalité.

Mais le temps a fait son œuvre et le palais An Dinh s'est nettement détérioré. Par manque de connaissances sur la valeur artistique de ces peintures murales, le propriétaire du palais les a recouvertes d'une couche de chaux. Sur les 3.600 m2 des fresques, réparties sur 3 étages, la grande majorité est dans un état lamentable et a un besoin urgent d'être restaurée.

Une restauration réussie
En 2002, le Centre de préservation des vestiges de l'ancienne cité de Huê contacte Thomas Ulrich, vice-président de l'Association des échanges culturels Leibniz (Allemagne) - un volontaire qui travaillait alors pour le Centre. Des experts se penchent sur le projet qui vise à restaurer l'intérieur du palais An Dinh et sur la formation technique pour la période 2003-2007. Le ministère allemand des Affaires étrangères décide d'y apporter son aide financière. Pour la première phase, les experts choisissent 6 peintures. L'ambassade allemande au Vietnam apporte 17.580 euros pour mener à bien les travaux. L'équipe est composée de spécialistes vietnamiens, de Thomas Ulrich et de 4 autres experts allemands : Andreas Liebe (20 ans d'expérience dans le milieu !), Dirk Boehme, Andrea Teufel et Melanie Muenchau.

Les 6 fresques choisies ont un format conséquent, de 1,8 m x 1,4 m et 1,8 m x 1 m. Elles nécessitent les techniques de l'huile sur mortier. Dans un premier temps, on relève des échantillons des anciennes couches de peinture qui sont envoyés en Allemagne pour faire des analyses chimiques. Grâce à quoi, on détermine plusieurs produits chimiques qui permettent de commencer la préservation. Quatorze mois plus tard, en août 2003, les 6 peintures murales semblent avoir retrouvé une nouvelle vie.

Forte de ce premier succès, la seconde phase du projet pouvait débuter. De 2005 à 2007 et avec un budget de 445.000 euros (dont 355.000 euros en tant qu'aide non remboursable du ministère allemand des Affaires étrangères), le palais est entièrement rénové. "Nous cherchons à enlever les couches de chaux sur les anciennes fresques. Pour limiter la détérioration, nous restaurons les parties les plus abîmées. La priorité est de préserver le vestige avec ses cachets historiques ", insiste Andrea Teufel, chef du groupe d'experts qui mène les travaux. Actuellement, l'équipe se concentre sur les 7 salles principales du palais An Dinh avant de le voir à nouveau rouvert au public pour le Festival de Huê 2008.
Dans le cadre du projet de restauration des fresques du palais An Dinh, 13 jeunes huéens, diplômés de l'École supérieure des beaux-arts de Huê ont aussi participé à cette activité. Sous la direction des experts allemands, ils se sont initiés à la restauration des fresques. "Dans notre école, on ne nous enseigne pas les techniques de restauration de peintures murales bien que les vestiges de Huê en particulier et ceux du pays en général en aient bien besoin. Nous nous efforçons d'apprendre avec les experts allemands pour plus tard réaliser ces travaux", confient 3 jeunes participants :Vo Ngoc Thuong, Cao Ngoc Thach et Trân Chuong. (Viêt Anh/CVN)