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Alain.R.Truong
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Alain.R.Truong
16 mars 2007

Modernisation des marionnettes sur eau

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Cahors est une cité pittoresque au Sud de la France. Deux fois plus vieille que Hanoi, elle abrite encore des monuments romains du premier siècle de notre ère.
Cette petite agglomération de 20.000 âmes a réalisé un véritable prodige : depuis l'an 2002, elle invite chaque année un pays francophone à y venir présenter sa culture pendant une semaine.

Dans le cadre de cette organisation, j'ai été invité en 2003 à participer en tant qu'écrivain aux manifestations culturelles de la Semaine du Vietnam à Cahors. Je me souviens comme si c'était hier le tonnerre d'ovations faites par les Cadurciens à notre troupe de marionnettes sur eau après sa représentation. Je n'avais pu imaginer que nos campagnards marionnettistes, traités péjorativement de nhà quê au temps de la colonisation française, avaient pu être acclamés avec enthousiasme en terre française, 50 ans après Diên Biên Phu. Pas seulement en France, mais aussi dans bien d'autres pays du monde, à Tokyo, Stockholm, Paris, New York...

Ce spectacle spécifiquement vietnamien continue à exercer un charme sur les spectateurs étrangers, surtout ceux des pays hautement industrialisés, en quête de fraîcheur, de naïveté, d'exotisme authentique. Pour le plaisir des petits et des grands, il crée une atmosphère de féerie avec ses figurines de bois qui glissent sur l'eau ou s'y plongent, mues par un ingénieux système de perches et de cordes que manipulent des montreurs cachés derrière un rideau et trempés à mi-corps dans l'eau. La scène aquatique est animée par des pétards, des feux de Bengale, un orchestre de tam-tam, de flûtes, de vielles, de castagnettes qui rythme les chansons folkloriques et les mouvements de marionnettes, un chœur de 2 groupes masculin et féminin qui échangent questions et réponses. À part le monde fantastique des fées, des dragons et des phénix, c'est la vie pacifique des paysans planteurs de riz avec ses joies et ses peines que le répertoire évoque.

Les marionnettes sur eau étaient nées il y a des siècles dans une quinzaine de villages du delta rizicole du fleuve Rouge où abondent mares et étangs. Au temps de la colonisation française, elles y végétaient, oubliées par le pays. Après la Révolution d'Août 1945 qui a mis fin à 80 ans de domination française, elles ont pu refaire surface grâce à la politique de revalorisation des traditions villageoises. À leur résurrection, le Fonds Suède-Vietnam pour la promotion de la culture a apporté sa contribution depuis quelque 14 ans.

Avec le Musée d'ethnographie, à Hanoi, il organise régulièrement des représentations dans l'enceinte du musée où à tour de rôle les troupes viennent se produire, améliorer leur art au contact du public et des artistes de différentes branches.

Jusqu'à ce jour, il n'y a pas d'histoire dans chaque représentation qui n'est composée que de scènes séparées : labour, repiquage, pêche, fête villageoise, danse à la licorne, danse des fées. Il s'agit de préserver ces numéros tels quels, mais aussi de moderniser nos marionnettes en leur donnant des pièces avec action, nœud et dénouement. Dans cette intention, le Fonds Suède-Vietnam pour la promotion de la culture a organisé cet été un concours de scénarios avec représentation portant sur la vie contemporaine. Cinq troupes ont participé à la compétition. Thàng Son (Hà Tây, Nord) présente les métamorphoses de la vie rurale dues à l'adoption de nouvelles techniques rizicoles. Sauvez nos enfants de Dông Ngu (Bac Ninh, Nord) dénonce les ravages de la drogue dans le village traditionnel. Hang Phong condamne la pollution causée par une usine à son village. La berceuse de maman de Nghia Trung (Nam Dinh, Nord) revient à la drogue maléfique. Thanh Hà (Hai Duong, Nord) remporte le premier prix avec Fête villageoise alliant tradition et modernité.

Ainsi, la tentative de moderniser les marionnettes sur eau a été couronnée de résultats encourageants. Mais beaucoup reste à faire. Les auteurs des pièces ont tendance à trop faire parler les marionnettes, tombant dans le théâtre parlé. Ils n'ont pas su renouveler le genre créant de nouveaux personnages typiques de leur temps, d'autres gags et effets mécaniques. Mais l'essentiel, c'est que l'élan a été donné. (Huu Ngoc/CVN)

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