La calligraphie, étymologiquement signifie l'art de bien former les caractères. Elle s'identifie en Extrême-Orient à l'art chinois. Toutefois, du fait de la longue occupation dans le passé du Vietnam par les empereurs chinois, celle-ci s'est également inscrite dans la tradition vietnamienne. L'artiste Nguyên Thê Son en est un exemple.
Les caractères chinois sont au cœur de la calligraphie extrême-orientale. Le chinois fut d'ailleurs utilisé au Vietnam jusqu'à la fin du 19e siècle même si depuis lors, les relations difficiles entre les 2 pays ont conduit à quelque peu effacer ces connections linguistiques antérieures.

Peu de Vietnamiens sont aujourd'hui capables d'écrire ou de parler le chinois tandis que l'intérêt porté à cette langue fut des moindres pendant de nombreuses années, comme en a témoigné le faible succès enregistré par la Faculté de langue chinoise à l'Université des langues étrangères de Hanoi lors de sa réouverture en 1993. Cependant, la situation a évolué ces dernières années, notamment du fait des échanges croissants entre les 2 voisins asiatiques. L'engouement grandissant des Vietnamiens pour la langue des mandarins se lit sur les devantures d'échoppes aux objets gravés de sinogrammes qui se multiplient dans les rues de Hanoi.

Ainsi donc, l'apprentissage de la langue chinoise s'avère un préalable à la pratique de cet art, comme le souligne l'artiste vietnamien, peintre, photographe et calligraphe, Nguyên Thê Son. En effet, en 1995, il commence à étudier la langue des mandarins à l'Universités de langues étrangères de Hanoi dans l'optique de devenir interprète. Fasciné par les caractères chinois, il décide d'apprendre la calligraphie en autodidacte, par le biais de livres et de quelques calligraphes chinois rencontrés lors de ses excursions de l'autre côté de la frontière vietnamienne.

Dans le même temps, il change totalement d'orientation professionnelle en intégrant la Faculté de peinture de l'Université des beaux-arts de Hanoi où il se prend de passion pour la peinture à eau qui constitue alors la base de la plupart de ses ouvrages. Il s'emploie dès lors à réaliser ses peintures selon la méthode utilisée en calligraphie, c'est-à-dire en utilisant peu d'eau et n'effectuant qu'une seule couche de peinture.

En Chine, la calligraphie est considérée comme un véritable art, à l'égal de la peinture. Elle use d'ailleurs des mêmes outils - pierre à encre et pinceau - ainsi que des mêmes supports - papier de riz et soie. Cet art se développe à la fin de la dynastie des Han (fin du 2e siècle) et devint au fil des siècles une discipline à part entière, pratiquée par l'élite intellectuelle et ainsi donc porteuse d'un grand prestige dont l'impact sur les autres arts fut profond. Le maniement du pinceau est primordial : celui-ci doit être tenu entre le pouce, le majeur et l'index, à la verticale, la pointe perpendiculaire au papier. Ainsi la touffe du pinceau finit toujours en pointe aiguisée qui ne s'étale jamais à plat mais se courbe.

Mais au-delà de cet aspect technique et artistique, la calligraphie extrême-orientale revêt une dimension davantage philosophique. L'écriture chinoise étant une transcription directe de la pensée sans l'intermédiaire des sons, chaque signe représente une idée. Vers 210 av.J.-C., Li Sseu déclarait: "Dans l'écriture d'un caractère ce n'est pas seulement la composition qui importe, c'est aussi la force du coup de pinceau. Faites que votre trait danse comme le nuage dans le ciel, parfois lourd, parfois léger. C'est seulement alors que vous imprégnerez votre esprit de ce que vous faites et que vous arriverez à la vérité". La calligraphie c'est avant tout, comme le souligne l'artiste vietnamien, "le contrôle de la respiration". En effet, l'utilisation de l'encre de Chine interdit toute retouche. De plus, du fait de la qualité absorbante du papier, toute pause dans le mouvement du pinceau, même brève, se traduira par une augmentation de la quantité d'encre absorbée par la surface. Le contrôle de ses gestes et donc de sa respiration s'avère primordial.

De plus, si la calligraphie se révèle être davantage qu'un art graphique, cela tient au fait, comme l'explique Nguyên Thê Son, que celle-ci est l'expression de l'harmonie entre le yin et le yang, principes de base du taoïsme.

En effet, alors que l'encre noire est le yin et symbolise la terre, le papier de riz blanc est le yang et représente le ciel. C'est alors le pinceau qui relie le yin au yang, la terre et le ciel. La calligraphie est alors plus qu'une technique de pinceau, c'est une technique pour faire apparaître l'harmonie entre le Yin et le Yang. La sérénité de l'artiste est donc de première nécessité afin de pouvoir faire apparaître un yin et un yang équilibrés. Le caractère calligraphié est alors unique, ses traits reflétant l'énergie mise par l'artiste.

Bien plus qu'une technique de peinture, c'est le perfectionnement moral et culturel que le calligraphe cherche à atteindre dans la pratique de cet art. (Anaïs Chavanne/CVN)

J'ai rapporté de Hôi An, il y a deux ans une série de calligraphies sur papier de riz et à Huê, il y a quelques années, Bernard avait acheté une calligraphie magnifiquement brodée sur soie chez le calligraphe lui-même. On peut trouver de très belles calligraphies à Huê.

11 Août 2007

A Hy qui m'a demandé où on pouvait prendre des cours de calligraphie à HCMV ou Hanoi, je recommande pour Hanoi le Studio Tho - Hangspan, 78 rue Ma Mây. Elle va organiser courant Septembre une exposition consacrée à la calligraphie hanoienne contemporaine. J'ai pu voir certaines oeuvres d'un jeune artiste que j'ai trouvé superbes. Détail insolite: il a les dents laqués noirs, comme dans l'ancien temps. Demander Thomas (le propriétaire) au 0904 49 42 68.