Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Alain.R.Truong
Alain.R.Truong
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 50 890 911
Archives
Newsletter
Alain.R.Truong
7 mai 2007

Le droit coutumier chez les minorités ethniques du Vietnam

aAprès 30 ans de guerre, le Vietnam redouble ses efforts pour légiférer afin de construire un véritable État de droit. Dans cette perspective, la collaboration entre le droit état et le droit coutumier pour le développement des régions montagnardes peuplées d'ethnies minoritaires s'avère une nécessité.
Au plan démographique, le Vietnam est une mosaïque de 54 ethnies relevant de 5 grandes familles ethnolinguistiques : austro-asiatique, austronésienne, tibéto-birmane, Kadaï et Miao-Yao.

Au temps de la colonisation française (1884-1945), des administrateurs et chercheurs français avaient étudié le droit coutumier de plusieurs groupes minoritaires des hauts plateaux du Centre.

Dans le nouveau Vietnam, indépendant depuis 1945, à cause de 30 ans de guerre, ce n'est que vers les années 80-90 du siècle dernier, que la collecte et l'étude du droit coutumier des ethnies minoritaires ont pu se développer en vue de servir l'ethnographie et une meilleure administration basée sur les traditions villageoises.

Dans le Tây Nguyên, les règlements coutumiers ont été transmis par voie orale de génération en génération sous forme de poésie et de chants épiques. Au temps des Français, l'administrateur L. Sabatier a fait oeuvre de pionnier en publiant un droit coutumier êdê à travers un chant épique (1927). Ses travaux ont été poursuivis par Antommarchi. Chez les êdê aussi, J.Dournes (les Sie), T.Gerber (les Stiêng), Guilliemnet (les Bahnar), J.Boublet (les Ma), P.Bernard Lafont (les Jarai). Les chercheurs vietnamiens ont pris leur relève, Ngô Duc Thinh, Chu Thai Son, Huu Thân, Quach Dao, Phan Dang Nhât...

Chez les Cham et les Thai, les règlements coutumiers ont été partiellement enregistrés par l'écriture à des dates assez récentes. L'intellectuel d'ethnie Cham, Nguyên Khac Ngu, dans son ouvrage Le système matrilinéaire des Cham, a mentionné de nombreux règlements sur le mariage et la famille qu'il avait collectés vers les années 50. De nombreux chercheurs Thai ont collecté et étudié les règlements coutumiers de leur ethnie.

Les récits épiques, codes coutumiers versifiés, reflètent souvent tous les aspects de la société : environnement physique, organisation communautaire, mariage, funérailles, cérémonies sacrificielles, fêtes villageoises, régime de propriété... Le code traditionnel moralisateur comporte des prohibitions, des châtiments mais aussi des récompenses, des admonestations, le recours à l'opinion publique. Aux procès, en dehors des juges, participe la communauté villageoise (clans, tribus), les familles du demandeur et du défendeur.

Le droit coutumier des Cham (adat) comporte des bribes enregistrées par l'écriture vers le milieu du 20e siècle. Il est centré sur les conditions du mariage, le divorce, l'héritage, les relations entre parents et enfants, les droits des 2 sexes.

Le droit coutumier des Muong (hit khoang) concerne l'histoire du muong (région, district ou village) avec ses limites territoriales, son organisation administrative, les devoirs et responsabilités des habitants, les rites et cérémonies cultuelles, les amendes et châtiments (au sujet du droit de propriété, des relations familiales, de la violence corporelle, des violations de coutumes).

Dans le Vietnam d'aujourd'hui, le droit coutumier chez les ethnies minoritaires n'est pas périmé. Soutenant le droit écrit, il peut toujours servir au développement local et à la gestion des affaires du village.

Nombre de règlements restent valables, en particulier ils quand favorisent le consensus populaire dans l'esprit de concorde et la protection de l'environnement. Ils ne créent pas le la coercition opposant l'individu au groupe mais reflète le désir et le libre consentement des individus agissant comme maîtres collectifs de la communauté. Ils définissent les rapports entre l'individu et la communauté au sujet de la propriété des terres, de la forêt, des produits naturels, invoquant le caractère sacré de mère nature, l'égalité entre villageois et l'harmonie homme-nature. (Huu Ngoc/CVN)

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité