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Alain.R.Truong
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Alain.R.Truong
7 mai 2007

Les passionnés de l'ethnie Tà Ôi

Sans_titreDans les montagnes du Centre vit l'ethnie minoritaire Tà Ôi à la culture riche et spécifique. Trân Nguyên Khanh Phong et Nguyên Thi Suu en sont des passionnés. Ils ont traversé de nombreux villages des Tà ôi pour étudier leurs us et coutumes.
L'enseignant bizarre d'A Luoi. Tel est le surnom de Trân Nguyên Khanh Phong, 31 ans, professeur du collège A Luoi, dans la province de Thua Thiên-Huê (Centre). Parce qu'il collectionne tous les objets jetés ou oubliés de l'ethnie Tà Ôi.

La chambre de Phong ne mesure que 9 m². Mais elle est remplie de 400 objets, documents, livres, représentant tous les aspects (économique, culturel) de la vie des Tà Ôi. Pour collectionner tant d'objets, Phong a traversé les 160 villages du district d'A Luoi, à la recherche des lieux où vivaient des Tà Ôi. De nombreux objets lui ont coûté beaucoup de temps. Comme ce peigne en bambou qui lui a coûté 2 ans de recherche, pendant lesquels il a dû visiter d'innombrables demeures, demandant aux vieux villageois s'ils avaient encore ce peigne, sans succès car la plupart l'avaient perdu ou n'en avaient plus. Ou cette cloche en bois, à accrocher au cou des buffles pour pouvoir les retrouver plus facilement quand ils se perdent dans la forêt, qu'il vient juste de trouver au début de l'année. "Cela fait longtemps que les Tà Ôi ne l'utilisaient plus", dit-il.
 

La patrie de Phong se trouve dans le district de Huong Trà, à 90 km du district d'A Luoi. En 2000, il reçoit son diplôme d'études en littérature vietnamienne à l'Université des sciences de Huê. Il poursuit ensuite une formation pédagogique et décide de travailler dans une école du district d'A Luoi, là où se trouvent plus de 60% des 35.000 membres recensés de l'ethnie Tà Ôi, au niveau national en 1999.

Tout ce qui concerne les Tà Ôi
Après 6 années à A Luoi, Phong connaît la langue des Tà Ôi. Aujourd'hui, il peut communiquer avec eux. Les jours de congé, il se rend à vélo dans les villages pour les rencontrer. A chaque visite, il a toujours sur lui un cahier de notes, un stylo, un appareil de photo, un magnétoscope et quelques paquets de vermicelles. Il y consacre tous ses biens et son salaire. Il explique aux villageois que les objets qu'il récolte sont destinés à être conservés pour inculquer aux jeunes Tà Ôi la culture de leurs ancêtres et aussi pour communiquer aux Kinh (ethnie majoritaire du Vietnam) les valeurs des Tà Ôi. Son principe : échanger une ancienne marmite pour une nouvelle, une ancienne machette pour une neuve... Aujourd'hui, de nombreux Tà Ôi, qui ont compris la signification de son travail, lui ont même offert des objets précieux de leurs familles.

Pour chaque objet collectionné, l'enseignant cherche à en prouver l'authenticité. En dressant une sorte de "curriculum vitae" qu'il fera certifier par les anciens propriétaires de l'objet ainsi que par les autorités locales. Il possède ainsi 2 classeurs avec des centaines de pages imprimées et plus de 2.000 photos d'illustration.

Outre les objets, le collectionneur cherche également à étudier les rites, les mœurs et coutumes de l'ethnie. Il note les récits populaires, proverbes, devinettes, recettes cuisinières, chants et danses traditionnels, etc. Trân Nguyên Khanh Phong a ainsi écrit plus de 150 articles et près de 50 études dans différents journaux et magazines. En 2005, il est coauteur d'un livre bilingue de 400 pages intitulé Récits des Tà Ôi, publié chez les éditions Thuân Hoa. L'an passé, il a fait paraître un second livre avec 26 récits, collectionnés et rédigés par lui-même. Il prévoit de présenter cette année 2 autres oeuvres, toujours sur les Tà Ôi.

L'enseignant veut construire un centre d'informations culturelles et de documents gratuits consacré à cette ethnie pour servir à l'éducation, aux études et aux visites.

La thèse de doctorat d'une femme Tà Ôi
Si Trân Nguyên Khanh Phong choisit A Luoi comme seconde patrie. Nguyên Thi Suu se passionne pour sa propre terre natale, A Luoi. Cette jeune femme est fière de porter à la fois le sang des Kinh et des Tà Ôi.

Son père, d'origine Kinh, est issu du district de Phong Diên (province de Thua Thiên-Huê, Centre). À 24 ans, il avait quitté sa femme, son enfant et sa mère pour aller au combat. À son retour au pays natal, 25 ans après, sa mère était décédée et son épouse s'était remariée, croyant que son mari s'était sacrifié pour la Patrie. Il revint alors au district d'A Luoi, là où pendant la guerre il avait rencontré sa seconde femme.

La mère de Nguyên Thi Suu s'appelle Ke Doaip. Elle vient du village de Parnghi, commune d'A Ngo, district d'A Luoi. Sa vie est typique du sort réservé autrefois aux femmes Tà Ôi. Kê Doaip a dû se marier dès l'âge de 10 ans et travailler lourdement dès l'enfance. Elle était maltraitée par son mari et la famille de celui-ci, qui a même compté la donner à une autre famille après la mort de son mari. Heureusement, la jeune femme a rencontré l'homme de sa vie. Nguyên Thi Suu est née de cet amour.

"La vie malheureuse de ma mère m'a obsédée pendant tout mon enfance, confie Nguyên Thi Suu. Je me posais toujours cette question : pourquoi la vie des femmes Tà Ôi est-elle si malheureuse ? Je souhaitais faire quelque chose pour compenser les douleurs de ma mère, pour être digne de l'amour de mes parents". Et de souligner son souhait de prouver que les femmes Tà Ôi peuvent contribuer à la nation.

Pour réaliser son désir, la jeune femme se lance dans les études, sachant que le savoir était la clé pour la réalisation de son rêve. Ayant terminé ses études universitaires, elle est devenue enseignante en littérature au collège. Nourrissant toujours la passion d'étudier profondément l'ethnie Tà Ôi, avec le soutien de son mari, elle le quitte, ainsi que son fils de 2 ans, pour partir faire des études post-universitaires à Huê. Pour compléter son mémoire de thèse, elle a dû apprendre d'autres langues, comme le Bru et le Vân Kiêu, pour faire des comparaisons avec sa langue maternelle. Après son mastère, la jeune femme part pour Hanoi préparer son doctorat. Partie des études de la langue Tà Ôi, la chercheuse travaille également la culture des Tà Ôi. Elle entre ainsi dans un monde riche en couleurs et sons des fêtes de moisson, des chants d'amour...
Récemment, les premiers ouvrages d'études de Nguyên Thi Suu ont été rendus publics. Le recueil des récits des Tà Ôi, qu'elle a cosigné, a été désigné comme l'un des meilleurs livres de l'année, en décembre dernier par l'Association des éditeurs vietnamiens. Nguyên Thi Suu continue à parcourir son chemin, avec l'amour de ses compatriotes Tà Ôi qui l'appellent aimablement Meenh Chachung, ce qui signifie "étoile bleue magnifique" en langue Tà Ôi. Nguyên Thi Suu est la fierté des Tà Ôi car elle est la première personne de cette ethnie à préparer un doctorat. (Hoàng Mai\CVN)

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