Trois mille objets du Tây Nguyên au cœur de la ville des fleurs
Gong de l'ethnie Tây Nguyên
Au cœur de la pittoresque ville de Dà Lat, province de Lâm Dông, au Tây Nguyên (hauts plateaux du Centre), se trouve une maison nouvellement construite, qui est bourrée d'objets d'art d'ethnies minoritaires locales. Des acheteurs proposent jusqu'à 1,8 milliard de dôngs pour cette collection, mais son propriétaire refuse franchement.
Né et grandi dans la province de Nam Dinh (Nord), le commandant Dang Minh Tâm est parti travailler pour la province centrale de Lâm Dông en 1978. Dès lors, il a considéré cette terre comme son 2e pays natal.
Grâce aux jours vécus auprès des ethnies minoritaires, Tâm peut parler couramment les langues des K'ho et Giarai. Il joue de 50 instruments musicaux traditionnels. Lors des festivités, on le voit se livrer aux chants et danses populaires. Les autochtones lui ont offert une flûte Hol, un clairon Penung ou un goong k'la (vibraphone en troncs de bambou)... Avec tant de présents cordiaux, il a décidé de collectionner les instruments musicaux et puis des ustensiles. Actuellement, sa collection de plus de 3.000 objets est temporairement divisée en 6 groupes : festivités (perche rituelle, autel, instruments de musique, jarre d'alcool..., textile (métier, produits de brocatelle, vêtements traditionnels...), ustensiles de ménage (hotte, mortier, pilon, marmite...), chasse sur terre (arbalète, arc et flèches, piège...), pêche (javelot, nasse...), bijoux (anneau, perle de verre, boucles d'oreille...).
En regardant les 2 autels avec des jarres d'alcools et une chèvre faite de bambou identique, les visiteurs ne pourront pas savoir à quelle ethnie ils appartiennent sans une explication de l'hôte : celui des Giarai est peinturé de jaune et noir, celui des Êdê de rouge et noir.
Tâm a montré avec satisfaction ses objets les plus précieux que, selon lui, seule la chance a pu lui apporter. Le ché bom (grande jarre) des Bahnar, datant du 13e siècle, fut un objet expiatoire équivalent à 30 buffles. Auparavant, tout villageois coupable devait en faire don au patriarche pour être exempté de la peine de mort. Le tambour "mâle" en peau d'éléphant mesure 1 m de diamètre, celui "femelle" 0,8 m. La chaise en os d'éléphant noués par du rotin était le trône du roi chasseur. Sur ce "trône", il permettait ou interdisait aux habitants d'attraper des éléphants. Le vêtement du chef de tribu Châu Ma, tissé de kapok, il y a 200 ans, est suspendu près du manteau en écorce des Giarai...
Il y a encore bon nombre d'objets originaux dans les malles faute d'espace d'exposition.
Tâm vient de terminer sa maison depuis le début de cette année mais il se montre désolé de ne pas pouvoir étaler toute sa collection. Il a commandé 2 étagères à vitrine pour présenter au public 1.000 bijoux des ethnies minoritaires du Tây Nguyên. "Je viens d'acheter 2 pirogues monoxyles en bois de giroflier, mesurant respectivement 3 m et 10 m de long, dans la province de Dak Nông. Cependant, je ne sais pas comment faire pour les transporter chez moi. Le transport coûte plus cher que leur prix d'achat".
Pour Tâm, le titre de musée privé semble exagéré. Sa maison n'est qu'une destination gratuite pour les touristes et les étudiants en ethnologie. Il a l'intention de rédiger un catalogue sur l'origine des antiquités.
Heureux dans son ambiance familiale, Tâm espère que sa fille, actuellement en 3e classe, se passionnera des objets du Tây Nguyên pour que la collection familiale devienne plus abondante. "Selon mes amis ethniques, tout objet a son âme. Il protègera celui qui le préserve". (Hông Duong/CVN)