L’artiste belge Jan Fabre se confie au commissaire d’exposition Ludo Bekkers pour livrer les clés de son travail multiforme de plasticien, metteur en scène de théâtre, chorégraphe, etc. C'est l'un de mes artistes contemporains préférés. 70 pages de bonheur pour 11€, précipitons-nous dessus ! (Ref: ISBN : 2-873490-829)

Extraits

«Vous avez un jour déclaré que vous auriez tout aussi bien pu devenir un gangster génial.
Quand j’étais un jeune artiste, je rêvais de mettre le feu aux musées avec mes expositions et de brûler les théâtres avec mes représentations.
Je voulais dire par là que, dans mon cas, en tant qu’artiste plasticien et auteur d’œuvres théâtrales, je me plaçais intentionnellement en marge. J’ai toujours continué mon œuvre plastique, j’ai toujours continué à écrire, à réaliser des performances et à faire du théâtre. Je ne me suis donc jamais cantonné dans un système et ai laissé ainsi une place à la diversité. [...]
Je ne veux pas être esclave du «système». Je suis indépendant parce qu’aucun système n’est mon patron. [...]

Pourquoi ce corps spirituel [dans votre œuvre] ?
Parce que, je pense, nous vivons dans une sorte de dualité, dans une sorte de paradoxe. Nous vivons entre le culte de la chair et le culte du squelette. Le squelette que nous portons fait référence au passé, mais aussi à la mort. [...] Nous nous déplaçons aussi bien politiquement que socialement, et tout ce qui se déplace, est en mouvement, meurt, rencontre la mort et nous vivons dans cette dualité.
[...] J’ai essayé, dans mes sculptures, d’examiner le corps spirituel. Le corps qui fonctionne comme une sorte de bouclier, une sorte de squelette extérieur. [...]

Ce qui m’intrigue, c’est le caractère répétitif [de votre travail].
La répétition est, pour moi, un facteur de construction très important dans le processus de création. On provoque le changement par la répétition. Grâce au changement, les gens regardent autrement ; des petits glissements se produisent qui changent de taille. [...]»