Sans_titre1L'artisanat génère beaucoup d'emplois et contribue à améliorer les revenus des populations rurales. Le pays recense actuellement plus de 2.000 villages de métiers, regroupant 1,4 million de familles, soit 11 millions de travailleurs.
Figurant parmi les 6 marchandises à grand potentiel du Vietnam, les articles d'artisanat sont actuellement expédiés vers 136 pays et territoires. Leur chiffre d'affaires à l'exportation a augmenté de 20% à 25% par an pour atteindre 1,2 milliard de dollars en 2006. Le pays s'est fixé pour objectif de le porter à 7,5 - 8 milliards de dollars vers 2015- 2020.

Les objets d'artisanat du Vietnam ont encore une grande marge de progression à l'exportation, car ils ne représentent que 3-4% des parts de marché des pays importateurs, contre plus de 60% pour ceux en provenance de Chine.

Défis redoutables
Alors que le pays adhère à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), le secteur artisanal doit faire face à nombre de difficultés dont l'épuisement des matières premières, l'éparpillement de la production, l'absence de cohésion entre entreprises. En effet, l'écoulement des produits s'est ralenti ces derniers temps, pénalisant ainsi les producteurs. Bat Trang, un village suburbain de Hanoi réputé pour ses poteries, a du mal lui-même à écouler ses produits. De même, la fabrication des bâtonnets d'encens, des galettes de riz et des hameçons, 3 métiers vieux de 40 à 60 ans qui font la fierté de la ville de Long Xuyên, province d'An Giang (delta du Mékong), rencontrent également des difficultés en raison de leur faible productivité et compétitivité. Le tissage, pratiqué dans la commune de Nam Cao et dans 12 autres du district de Kiên Xuong, province de Thai Binh (Nord), fournit 7 millions de mètres de tissu par an pour une recette de quelque 70 milliards de dôngs et assure un revenu stable pour plus de 7.000 travailleurs locaux. Il a connu depuis 2005 une forte chute de production en raison du ralentissement de l'écoulement des produits et de la flambée du prix des matières premières.

Les difficultés des villages de métiers tirent leur origine de la petite envergure de la production. En effet, plus de 90% des ateliers artisanaux ruraux sont de dimension familiale, privés de marques commerciales, de capitaux, de site de production, de technologies et d'équipements modernes et connaissent donc des difficultés à approcher le marché. De plus, la qualité de la production laisse toujours à désirer, à quoi s'ajoute la faible productivité due aux technologies surannées et au manque de travailleurs qualifiés.

Par ailleurs, le développement des villages de métiers entraîne souvent la pollution de l'environnement. Selon le ministère des Res- sources naturelles et de l'Environnement, la croissance de 8% par an durant la dernière décennie de ces villages va de pair avec l'aggravation de la pollution environnementale. Les résultats d'analyses, les indices d'eaux usées qui y ont été prélevées dépassent les normes permises. Les habitants des villages de production de matériaux de construction, de poteries et de produits en plastique,… sont affectés par les fumées, les poussières, la chaleur et les gaz toxiques. Une récente enquête menée dans 192 villages de métiers des provinces de Bac Ninh, Nam Dinh et Hung Yên (Nord) a montré que les eaux usées sont déversées, sans traitement, dans des réseaux d'évacuation communs et que 60% des ateliers familiaux rejettent librement des gaz d'échappement.

Pour un développement durable
Selon le vice-ministre permanent de l'Industrie, Bùi Xuân Khu, les entreprises doivent être plus étroitement liées, rénover progressivement leurs technologies pour améliorer leur compétitivité, faire appel à des designers pour diversifier leur production en termes de modèles et élever la valeur de leurs exportations. Elles devront également veiller à la formation professionnelle, à la promotion et à la diffusion de leurs marques commerciales, à la préservation et au développement des villages de métiers traditionnels via les activités culturelles et touristiques.

D'après le président de l'Association des villages de métiers du Vietnam, Vu Quôc Tuân, pour déve- lopper les villages de métier, il est nécessaire de recourir à nombre de mesures, au sein des villages et au niveau des politiques macroéconomiques. À son avis, l'important, c'est d'élaborer des politiques susceptibles de favoriser le développement des villages de métier. Il faut que l'État, en matière de politiques et de budget, attache une digne attention aux petites et moyennes entreprises (PME), notamment établissements de production des villages de métier. Un développement homogène de ces derniers ne pourra se faire qu'avec l'assistance de l'État dans divers domaines : fonds, promotion commerciale, formation professionnelle et protection de l'environnement.

Les organes compétents et les autorités locales devront aménager des régions de production de matières premières pour garantir une fourniture stable. De leur côté, les entreprises sont tenues de prendre des initiatives pour trouver de nouvelles sources de matières premières et d'investissement, ainsi que des débouchés, étendre leur production, édifier une stratégie de développement à long terme, etc. Les localités devront rapidement doter leurs sites industriels de systèmes de traitement des eaux usées. Enfin, il faut transformer les villages de métiers traditionnels en sites touristiques pour contribuer à propager leurs marques commerciales.

Un tiers des 2.017 villages de métiers se développent bien
Selon l'Association des villages de métier du Vietnam, sur le total des 2.017 villages de métiers que compte le pays, le delta du fleuve Rouge en compte le plus grand nombre, soit 866. Cette région est réputée également par le nombre de villages de métier rentables. En moyenne, un établissement de production emploie de 10 à 50 personnes. Selon les estimations, 32% des villages se développent bien, 42% ne fonctionnent que pendant une certaine période de l'année et le reste est menacé de disparaître.

Le delta du fleuve Rouge manque de terres cultivables
Les foyers agricoles se sont multipliés par 3 depuis 1990. La superficie réservée à la production agricole par tête d'habitant dans les régions rurales diminue vite. Dans différentes localités du delta du fleuve Rouge, chaque paysan ne possède qu'entre 150 m2 et 400 m2 de terre à cultiver. Selon les enquêtes menées par la société Care et l'Union des associations vietnamiennes de la science et de la technique, dans 2 provinces du delta du fleuve Rouge, Hoà Binh et Hai Duong, dotées encore d'une grande superficie de terres cultivables, la superficie moyenne pour chaque paysan ne dépasse pas les 700 m2. Avec cette superficie, il suffit de travailler pendant 4 ou 6 mois par an.

Les provinces du Sud, malgré une importante superficie de terres cultivables, connaissent elles aussi le problème de chômage temporel. D'où la ruée des jeunes travailleurs en quête de l'emploi vers les grandes villes. (Huu Chiên/CVN)