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Alain.R.Truong
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Alain.R.Truong
27 août 2007

Le quartier des fondeurs de Huê

1Du quartier des fondeurs de Huê, province de Thua Thiên-Huê (Centre), créé en 1836, sont sortis de nombreux objets précieux conservés dans des pagodes et palais impériaux. Plusieurs artisans, spécialistes du gigantisme, détiennent même des records nationaux et régionaux.
Selon le registre généalogique de la famille des Nguyên, le quartier des fondeurs de Huê a vu le jour en 1836. Selon les annales, un groupe d'ouvriers de la province de Ninh Binh vint s'installer dans les hameaux de Kinh Nhon, Ban Bô, Truong Dông, Truong Sung pour répondre aux besoins de la cité impériale toute proche. Un certain nombre d'objets en cuivre fabriqués par les fondeurs de ce quartier sont conservés au palais Dai Nôi et au musée de Huê. Les plus remarquables sont les urnes de ce palais, le gong et la cloche de la pagode Thiên Mu, les 9 grosses urnes de la cité impériale, la cloche de la pagode Diêu Dê… Par ailleurs, les pagodes de Huê gardent un certain nombre de statues en cuivre. Une des plus récentes est celle du lettré patriote Phan Bôi Châu (4 m de haut, moulée en 1974).

Fondeurs de cloches, tambours de bronze…
Les fondeurs du quartier ont été mis à l'honneur lors du Festival des métiers traditionnels de Huê, organisé en juin dernier. L'artisan Nguyên Van Sinh était particulièrement occupé avec sa gigantesque cloche en cuivre de 31 tonnes, de 5,5 m de haut et 3,7 m de diamètre, considérée comme la plus grande d'Asie du Sud-Est. Pour la mouler, il a fallu mobiliser 65 fondeurs qui ont travaillé d'arrache-pied durant 6 heures. Ensuite, des graveurs ont pris le relais pour inscrire 2 prières bouddhistes en caractères chinois, en plus de motifs religieux. La moindre inattention aurait pu compromettre plus de 8 mois de travail. Actuellement, cette cloche trône dans l'enceinte du vestige culturel et historique de Truong Yên, province de Ninh Binh (Nord).

Nguyên Van Sinh est l'un des 5 hommes à se voir décerné le titre d'"Artisan populaire des métiers traditionnels de Huê". âgé de 68 ans, il est, selon le registre généalogique de sa famille, le 12e descendant de ce métier transmis de père en fils. Nguyên Phùng Son, son fils aîné, est ingénieur mécanicien et responsable d'une fonderie dans la province de Dông Nai (Sud). Diplômé de l'École polytechnique de Hanoi, Nguyên Truong Son, son fils cadet, gère avec son père un autre atelier dans le quartier des fondeurs de Huê.

M. Sinh est passé maître dans la fonte des cloches. En 1971, à 31 ans, il en a réalisé une aux dimensions surprenantes (3 tonnes, 3 m de haut et 1,35 m de diamètre), qui fait maintenant le bonheur des habitants de Niêt Bàn, ville de Vung Tàu (Sud). Selon lui, une belle cloche, en plus d'avoir une forme parfaite, doit produire un son qui "entre en résonance avec l'âme". Cet artisan est également très connu pour ses statues monumentales : Trân Hung Dao (10,2 m de haut et 21,6 tonnes), installée dans le parc de Vi Hoàng (province de Nam Dinh, Nord), çakyamuni (4,3 m de haut), dans la pagode Kim Thành à Pleiku, Président Hô Chi Minh, dans le village de Kim Liên (Nghê An, Centre) et à Huê (Thua Thiên-Huê, Centre), ainsi que la statue du président Tôn Duc Thang, dans la province d'An Giang (Sud). Autant d'œuvres qui ont valorisé la réputation de ce maître artisan. Ses produits sont exportés vers l'Inde, les Pays-Bas, la France, le Japon, les États-Unis…

Nguyên Van Dê, quant à lui, qui tient une autre fonderie dans ce même quartier, est un spécialiste des tambours de bronze, instruments de musique des anciens Viêt (1er siècle av. J.-C.). Ce septuagénaire et ses 2 fils ont réussi à réaliser un tambour de 60 cm de diamètre et d'une soixantaine de kilos, commandée par le musée Quang Trung, province de Binh Dinh (Centre). Dans le quartier, rares sont ceux qui se sont spécialisés dans cet objet, dont la fabrication complexe est voilée de secrets professionnels. "La fonderie est un métier pénible, notamment lorsqu'en plein midi d'été, il faut se tenir près des fours. On doit rester très attentif, en dépit de la chaleur étouffante, en particulier lors du coulage du métal. L'objet sera irrécupérable si ce processus est mal maîtrisé", confie Nguyên Van Dê. Les fondeurs du quartier racontent aujourd'hui cette histoire : un des 9 canons du palais Dai Nôi s'était brisé en raison d'un problème lors du moulage. Heureusement, les artisans échappèrent de peu, grâce à l'intervention d'un mandarin de la Cour, à la terrible sentence Tru di tam tôc, c'est-à-dire l'exécution capitale des 3 familles du fautif (familles de son père, de sa mère et de sa femme).

Pour développer la production, les autorités locales cherchent à marier le développement de la fonderie traditionnelle au tourisme et aux activités de service. Le Comité populaire de la ville de Huê a également soutenu financièrement des projets de construction d'infrastructures, de protection de l'environne- ment, d'application des progrès techniques et de recherche de débouchés. Dix-huit fonderies ont été déplacées dans une zone assurant 3 fonctions : production, accueil des visiteurs et vente. (Huu Chiên/CVN)

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