A deux pas de l'Hôtel Costes et du Ritz, la dernière boutique Michel Perry se fait discrète. Une entrée cachée derrière de grandes portes cochères, une petite vitrine où les premiers souliers enjambent d'anciens numéros des Inrockuptibles : la façade donne le ton. L'écrin, à l'abri des regards indiscrets, se veut confidentiel et rock'n'roll... Un juste reflet de son créateur.

Quelques pas dans la boutique suffisent à comprendre le paradoxe de Michel Perry. L'ambiance est au boudoir et à l'énergie sans faille des années 1980. Le design, réalisé par Marika Chaumet, met à l'honneur les souliers certes, mais aussi les coulisses de la boutique. La décoration, quant à elle, est l'œuvre du chausseur. Tapisseries d'époque, bergères et peinture électrique : le mariage est improbable mais la magie opère. A l'entrée, un magnifique lustre chiné par Michel Perry sur les puces de New York s'impose. Ici, on crée pour une femme de caractère.

Côté créations, l'offre est grisante d'originalité. Low boots eighties, cuissardes vertigineuses, escarpins de tapis rouge : le style tapageur et ultra luxueux de Michel Perry se reconnaît entre mille. D'autant que la ligne de cet hiver est un millésime : "Michel Perry fête cette année ses 20 ans. Il a donc voulu reprendre ses modèles emblématiques, les refaire, les transformer", explique Iman, la directrice de la boutique. Le modèle phare de la saison : la bottine plissée, rééditée en une palette flamboyante… De purs "it-souliers" !

La spécificité des collections : ici, on mise sur des "mini sélections" comme l'explique la directrice de la boutique. "Certains modèles sont déclinés en plusieurs couleurs ou en plusieurs matières, pour des effets de texture différents. Mais il n'y a pas de réassort. Ce qui nous permet d'avoir une collection beaucoup plus variée"… mais surtout beaucoup plus exclusive. Chez Michel Perry, il n'est pas question d'être raisonnable : une seconde d'hésitation et les souliers de vos rêves filent dans l'escarcelle d'une autre…

Cette saison, le créateur a fait plus qu'un clin d'œil à ses archives. Fidèle à lui-même, il a pensé une collection très rock. Ici, les derbys vernies cohabitent avec les escarpins délicieusement flashy. "Michel Perry est un grand adepte de musique et on retrouve ce leitmotiv dans toutes ses collections", souligne Iman avec une admiration mal dissimulée. "Je pense aussi que c'est un designer qui aime les femmes et ça se voit dans ses chaussures : elles sont toujours glamour, sexy…" continue-t-elle.

Sexy mais portable… Ici, il n'y a qu'un mot d'ordre : même haut perchée, la chaussure doit se garder toute la journée. "On est en général sur des talons de 10 cm, explique Iman. Mais nous proposons aussi des modèles très hauts perchés, sur une bonne douzaine de centimètres. Ces chaussures restent très confortables car vous avez une plateforme à la fois à l'extérieur et à l'intérieur". A voir l'agilité avec laquelle elle gambade sur ses bottes rouges ennivrantes, on serait presque tentée de la croire. En tout cas, ici, une chose est sûre : on est tant chez un chausseur que chez un créateur !

Côté matières, Michel Perry mise naturellement sur des cuirs précieux, tous traités en Italie. Peausseries de python, cuirs gansés de métal perforé : la ligne rock s'habille d'une touche de "glamour très hollywoodien", explique Iman. Reste le plus surprenant : la finesse de ces cuirs qui, déclinés sur des bottes, deviennent de véritables secondes peaux. On en est presque surpris d'apprendre que les modèles d'entrée de gamme de la maison ne sont qu'à 350 euros. Pour les bottes en python, il faudra plutôt compter un petit mois de salaire mais "le prix reste très raisonnable, vue la qualité du produit", rappelle-t-elle.

Pour finir cette année anniversaire en beauté, Michel Perry a étendu sa gamme. Si l'on note dans un coin les parfums d'ambiance, ce sont surtout les sacs qui accrochent le regard. De jour ou de soirée, en simple cuir noir ou en python, l'accessoire a déjà connu un beau succès auprès des clientes de la boutique. Là encore, la production est ultra limitée et l'opération n'a pas vocation à être pérennisée... Les chasseuses d'exclusivités ne s'y tromperont pas !

(Photos © L'Internaute Magazine / Agathe Azzis)