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Alain.R.Truong
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11 décembre 2007

Théophile GAUTIER (1811-1872). Manuscrit autographe signé, Revue des Théâtres. Nécrologie. Hector Berlioz, [mars 1869]

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Théophile GAUTIER (1811-1872). Manuscrit autographe signé, Revue des Théâtres. Nécrologie. Hector Berlioz, [mars 1869]

5 pages in-12 remplies d'une minuscule écriture, découpées pour l'impression et remontées sur feuillets de papier vergé reliés en un volume in-8 demi-maroquin brun à coins.  Estimé : 2 000 / 2 500 €  - Adjugé : 5 000 €

Note : Important article nécrologique sur Hector Berlioz, mort le 8 mars 1869 ; cette étude parut dans le Journal officiel du 16 mars 1869, et fut recueillie en 1874 dans l'Histoire du Romantisme (sous la fausse date du 16 mars 1870). « Ce fut une destinée âpre, tourmentée et contraire que la sienne. [...] Personne n'eut à l'art un dévouement plus absolu et ne lui sacrifia si complétement sa vie. [...] même aux plus tristes jours, malgré l'indifférence, malgré la raillerie, malgré la pauvreté, jamais l'idée ne lui vint d'acheter la vogue par une mélodie vulgaire, par un pont-neuf rhythmé comme une contredanse. En dépit de tout, il resta fidèle à sa conception du beau [...] Dans cette renaissance de 1830, il représente l'idée musicale romantique : la rupture des vieux moules, la substitution de formes nouvelles aux in­variables rhythmes carrés, la richesse compliquée et savante de l'orchestre, la fidélité de la couleur locale, les effets inattendus de sonorité, la profon­deur tumultueuse et shakspearienne des passions, les rêveries amoureuses ou mélancoliques, les nostalgies et les postulations de l'âme, les sentiments indéfinis et mystérieux que la parole ne peut ren­dre, et ce quelque chose de plus que tout, qui échappe aux mots et que font deviner les notes. Ce que les poètes essayaient dans leurs vers, Hector Berlioz le tenta dans la musique avec une énergie, une audace et une originalité qui étonnè­rent alors plus qu'elles ne charmèrent »... Gautier retrace alors la carrière de Berlioz, ses études musicales après l'abandon de la médecine, les années difficiles, les premières œuvres, la Symphonie fantastique, « espèce d'autobiographie musicale où l'artiste fait raconter aux voix et aux mur­mures de l'orchestre ses rêves, ses amours, ses tristesses, ses désespoirs, ses cauchemars et ses folles terreurs nerveuses ». Puis c'est son séjour en Italie, l'échec de Benvenuto Cellini, les « symphonies dramatiques, comme la Damnation de Faust et Roméo et Juliette, qu'il faisait jouer à ses frais sur cette scène idéale qui n'a besoin ni de dé­cors ni de costumes, et où la fantaisie du poëte règne en maîtresse »... Gautier souligne que « Berlioz n'était pas seulement un compositeur de premier ordre, c'était un écrivain plein de sens, d'esprit et d'humour », dans ses feuilletons du Journal des Débats... Il évoque « les vrais chagrins de l'artiste au grand cœur [, ...] cette mélancolie tragique, cette mélancolie prométhéenne de Berlioz », puis ses dernières œuvres, L'Enfance du Christ, « oratorio d'une naïveté char­mante », et l'opéra Les Troyens, dont il « avait écrit le poëme, dédaignant, comme Wagner, de s'adresser à un faiseur de livret. Il croyait, ainsi que Gluck, qu'au théâtre, la parole et la note devaient être étroitement unies, et il n'admettait pas ces coupes d'airs, de cavatine, qui arrêtent l'action. Il y a de grandes beautés dans cet opéra si en dehors des habitudes du public ; un large et pur sentiment de l'an­tiquité y règne, et il y passe par moments, avec un éclat de clairon, comme un souffle de poésie homé­rique ». Méconnu en France, Berlioz était applaudi à l'étranger « parmi les grands maîtres modernes. Mais cha­que jour sa tristesse devenait plus sombre et plus amère ; le chagrin sculptait de plus en plus profon­dément cette belle tête d'aigle irrité [...] Ce stoïque de l'art, qui avait souffert si patiemment pour le beau, dont l'a­mour-propre avait dû saigner tant de fois, ne put résister à la perte d'un fils adoré. Il s'enveloppa d'ombre et de silence, puis mourut. Il n'y a que les farouches et les hautains pour avoir de ces tendresses ». Quelques lignes (non reprises dans l'Histoire du Romantisme) expliquent le report de l'actualité au prochain numéro, ayant consacré « ce feuilleton à la mémoire d'un artiste que nous avons aimé et admiré. Nous lui jetons cette dernière couronne, avec cette satisfaction de l'avoir applaudi quand il était vivant ».

Etude Alde Paris. Manuscrits, & Autographes.Vente du 10 décembre 2007

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