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Alain.R.Truong
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18 décembre 2007

Rare coffret en tombeau d'époque Louis XIV - Attribué à André-Charles Boulle

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Rare coffret en tombeau d'époque Louis XIV - Attribué à André-Charles Boulle d'après des dessins de Jean Bérain et d'André-Charles Boulle, vers 1685-1690

En ébène et marqueterie Boulle d'écaille, d'étain et de laiton à motif de rinceaux en première partie et contre partie, ornementation de bronze ciselé et doré, en forme de sarcophage, le couvercle bombé ouvrant dans un premier temps au dessus de la doucine, gainé au revers d'un coussin de cuir et découvrant un intérieur en contrepartie d'étain et d'écaille, la doucine ornée de mufles de lion, le corps ponctué de gaines ornées de chutes de feuilles et terminées par des pieds en griffe, la façade et le dos centrés en partie haute d'un masque dans un cartouche sommé d'une coquille, les côtés munis de poignées, reposant sur des pieds en griffe; l'intérieur marqueté en contre partie muni d'un plateau à écrire amovible muni de deux godets en vermeil et de deux compartiments - Hauteur: 28 cm. (11 in.), Largeur: 36 cm. (14 1/8 in.), Profondeur: 26 cm. (10¼ in.) - Estimé 400,000 - 600,000 Euros

Provenance : COLLECTION QIZILBASH

Bibliographie : H.D. Molesworth et John Kenworthy-Browne, Three Centuries of Furniture, Viking Press, 1969, p.72
Bibliographie comparative : A. Pradère, Les Ebénistes Français à la Révolution, Editions du Chêne, Paris, 1989, p.104, n.34.
G. Wannenes, Les Bronzes Ornementaux et Objets Montés, Editions Vausor, Milan, 2004, p.71.

Notes :
Le coffret SAFRA
Soulignons en tout premier lieu qu’on ne connaît qu’un seul objet comparable au présent coffret; celui-ci a fait partie de la collection d'’Arturo Lopez-Willshaw. Ce coffret figure ensuite dans la vente de ses collections, Sotheby'’s, Monaco, 23 Juin 1976, lot 20. On le retrouve ensuite dans la collection de Roberto Polo puis dans celle de Edmond et Lily Safra. Vente Safra, Sotheby'’s, New York, 3 novembre 2005, no. 150; vendu $800.000.
Ce coffret avait figuré à l'’exposition "Louis XIV Faste et Décor" au musée des Arts décoratifs à Paris en 1960 sous le numéro 179 (illustré dans le catalogue pl. LII).

OEUVRES EN RAPPORT
Parmi les coffres d'’André-Charles Boulle, ceux qui se rapprochent le plus du présent coffret sont assurément ceux du musée Getty à Malibu. On retrouve en particulier le même épaulement très prononcé et la même prédominance de l'’ornementation de bronze doré.

La forme quelque peu archaïsante se retrouve également sur la commode datant des années 1695 et attribuée à Alexandre-Jean Oppenordt (Peter Hughes, The Wallace Collection, Catalogue of Furniture, Londres, 1996, vol. II, p.633).

LES BRONZES DORéS
Les bronzes dorés jouent un rôle considérable dans l'’ornementation de ce coffret. Ils dépassent leur rôle fonctionnel initial de protection des arêtes. En outre, ils répondent parfaitement à la marqueterie, harmonie que l'’on ne retrouve que rarement sur les créations de l'’époque Louis XIV. Ils sont caractéristiques du répertoire décoratif de Boulle, qui affectionne particulièrement muffles de lions, masques d'’Apollns et autres griffes de lion.

Il convient de rappeler ici qu'’André-Charles Boulle, en raison de son brevet "d'’ébéniste, ciseleur, doreur et sculpteur du roi" pouvait réaliser les bronzes de ses meubles et objets. Cette double activité de bronzier et d'’ébéniste était pourtant interdite par les strictes règles des corporations.

ANDRE CHARLES BOULLE
Boulle est assurément le plus grand des ébénistes de la première moitié du XVIIIe siècle. Originaire d'’une famille hollandaise, il naît à Paris en 1642 et poursuit la voie de son père, menuisier en ébène. Il accède à la maîtrise avant 1666 et excelle rapidement dans sa profession. Il se voit attribuer dès 1672 un logement au Louvre, recommandé par Colbert comme "le plus habile de Paris dans son métier".

Le succès de Boulle est remarquable. A son sujet, Brice écrit en 1684: "Il fait des ouvrages de marqueterie extraordinairement bien travaillés et que les curieux conservent soigneusement". S'’il ne travailla que peu pour le Garde-Meuble royal -en 1681-, il travailla régulièrement pour le service des Bâtiments du roi et ce durant plusieurs décennies. Parmi sa clientèle figurent tous les plus importants collectionneurs de l'’époque, parmi lesquels Samuel Bernard, le ministre Louvois, le cardinal de Rohan ou encore Pierre Crozat.

André-Charles Boulle est bien sûr associé à la marqueterie qui porte son nom. S'il n'est pas l'inventeur, il est celui qui l'’a employée avec le plus de génie. Bien rares sont ses meubles qui ne sont pas ornés de cette marqueterie d'’écaille et de métal.

André-Charles Boulle est aussi un collectionneur acharné. A son sujet, Mariette n'’écrit-il pas: "On ne faisait aucune vente d'’estampes, de dessins ec où il ne fut et où il n'achetâtt souvent sans avoir de quoi payer, il fallait emprunter presque toujours à un gros intérêt, une nouvelle vente arrivait, nouvelles occasion de recourir aux expédients" (A. Pradère, Les ébénistes français de Louis XIV à la Révolution, Paris, 1989, p. 70). Un dramatique incendie, dans la nuit du 30 août 1720, détruit une partie considérable de ses collections. Le même Mariette écrit: "L'’incendie fit de grands ravages, on ne put presque rien sauver en comparaison de ce qui périt, et cependant ce qui fut soustrait était prodigieux".

LE DECOR
En ce qui concerne son décor, ce coffre présente deux spécificités. En premier lieu, il réunit sur les mêmes panneaux marqueterie en première partie (comprendre sur fond d'’écaille) et marqueterie en contrepartie (sur fond de cuivre ou d'’étain). En outre, la marqueterie alterne cuivre et étain -ce qui aboutit à un contraste de couleurs des plus décoratifs-.

Le décor présente la même symétrie que l'’on retrouve dans toutes les marqueteries de Boulle. Les motifs de rinceaux et de feuillages sont ceux qu'’il affectionne particulièrement, et dont la diffusion revient en grande partie à Bérain.

DES FORMES NOVATRICES
Ce remarquable coffret illustre parfaitement le talent d'’André-Charles Boulle dans l création d'oeuvres aux lignes novatrices. En effet, cet ébéniste a fait preuve d'’une remarquable inventivité quant aux dessins de ses meubles ou objets. Ainsi, le présent coffret ne ressemble à nul autre. Si ses lignes sont inédites, elles n'’en demeurent pas moins tout à fait harmonieuses. L'’inventivité de la forme de ce coffret dot êêtre mise en rapport avec celle de quelques meubles de Boulle au dessin tout à fait nouveau. Citons en tout premier lieu des commodes livrées en 1708 et 1709 pour la chambre du roi au Grand Trianon et exposées aujourd’hui à Versailles (illustrées dans D. Meyer, Le Mobilier de Versailles. XVIIe et XVIIIe siècles, Dijon, 2002, p. 54-57). Mentionnons également les étonnantes commodes de forme ovale illustrées dans A. Pradère, Les ébénistes français de Louis XIV à la Révolution, Paris, 1989, p. 74.

Christie's. IMPORTANT MOBILIER ET OBJETS D'ART. 19 Décembre 2007. 9 avenue Matignon, Paris

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