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Alain.R.Truong
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21 décembre 2007

Valentine Hugo (1890-1968). - Portrait d’Arthur Rimbaud, 1933

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Valentine Hugo (1890-1968). - Portrait d’Arthur Rimbaud, 1933, huile sur panneau avec incrustations de strass et collage, 100 x 75 cm

Que voit-il, ce regard éperdu, les prunelles intenses, le bleu des iris brûlé d’avoir contemplé ses fulgurances intérieures ? Rimbaud, «Surréaliste dans la pratique de la vie et d’ailleurs», hante André Breton dès 1916. Ses poèmes, mais aussi sa vie et son abandon de la poésie, l’obsèdent comme une incantation. Avec les surréalistes, «le pape» ne cessera de se référer au poète, le défendant contre tous ceux qui tentent de le récupérer ou de profiter de sa renommée, n’hésitant pas à créer un faux. Valentine Hugo, peintre et illustrateur, intègre le groupe surréaliste en 1930, peut-être plus par amour pour André Breton que par conviction. Maîtresse cachée et éphémère, elle crée pour lui Objet à fonctionnement symbolique, représentant deux gants. L’un, noir et dont l’index pénètre dans le blanc, couvre la main tenant un dé.
En 1932, elle compose Les Surréalistes, tableau qui fit partie de la collection Matarasso dispersée en octobre 2000, où elle place Breton au centre de la constellation. Commençait alors une période de création très féconde.
De toile en toile, on retrouve ces yeux dessinés minutieusement, qui semblent interroger le spectateur depuis l’au-delà. Surgissent aussi de son inconscient des plantes – elle avait véritablement la main verte et transformé son appartement en serre –, des oiseaux, surtout l’aigle et la chouette. Pour notre Portrait de Rimbaud, elle s’inspire tout naturellement du poème Les Corbeaux : "Seigneur, quand froide est la prairie, Quand, dans les hameaux abattus, Les longs angélus se sont tus...
Sur la nature défleurie Faites s’abattre des grands cieux Les chers corbeaux délicieux". Entouré de corbeaux, un oiseau blanc aux ailes rougies de sang – qui s’égoutte jusque sur les lèvres du poète et les plumes de l’aigle renversé – couronne le visage de Rimbaud émergeant d’un fleuve rouge sang. Des strass forment une constellation autour de la composition et zèbrent les extraits d’une lettre et le sceau de Ménélik II, futur négus d’Éthiopie. Ce tableau a fait partie de la collection Lise Deharme.
Ironie du sort ? Celle-ci, égérie des surréalistes, fut l’objet d’une passion sans retour de Breton. La "dame aux gants bleu pâle" entretint des relations plutôt houleuses avec Valentine Hugo. Cependant, à court d’argent, cette dernière a dû se résoudre à se séparer de bien des trésors. En 1938, elle réalise le portrait de Lise Deharme, qui vient d’acquérir ce portrait du poète visionnaire. Au hasard des expositions, Rimbaud revient «comme en pension», se souvient Valentine en 1950, qui elle aussi a "assis la beauté sur [ses] genoux" et l’a "trouvée amère"... Anne Foster (courtesy www.gazette-drouot.com)

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