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Alain.R.Truong
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29 février 2008

Joseph-Charles Marin (1759-1834), Le Triomphe d’Amphitrite, vers 1780-1785

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Joseph-Charles Marin (1759-1834), Le Triomphe d’Amphitrite, vers 1780-1785, bas-relief en terre cuite, 17,4 x 35,5 cm (accidents et manques). Estimation : 12 000 €/15 000 €. Mayenne, dimanche 2 mars. Pascal Blouët. Cabinet Froissart-Lemaire.

Esprit, verve et élégance distinguent les terres cuites réalisées au XVIIIe siècle, à l’instar de notre charmante oeuvre, proposée "dans son jus". Tout droit sortie d’un placard, elle possède même son encadrement d’origine. L’écriture, brillante et nerveuse, rappelle celle d’un autre bas-relief de Joseph-Charles Marin, Vénus sur un char tiré par des dauphins. D’origine parisienne, notre artiste se forme auprès du «Fragonard de la terre cuite», Clodion, de vingt ans son aîné. Avec l’architecte Brongniart, le maître a notamment orné plusieurs hôtels particuliers, sculptant ces «grâces menues et grassouillettes» si chères aux frères Goncourt. Ainsi a-t-il embelli de ravissantes allégories l’hôtel du trésorier Jacques-Louis Bouret de Vézelay, bâti dans le nouveau quartier de la Chaussée d’Antin. Première grande décoration réalisée par Clodion à Paris, les quatre reliefs, par ailleurs exposés au salon de 1779, révèlent tout le génie d’un modeleur virtuose – en premier lieu Le Triomphe de Galatée, dit aussi Le Triomphe d’Amphitrite, placé sur la façade côté jardin. Notre bas-relief s’en inspire directement.
En effet, la première manière de Joseph-Charles Marin est très influencée par celle de Clodion. Si, à partir de1782, notre sculpteur participe chaque année au concours de l’académie, il ne sera toutefois admis qu’en 1801, avec un bas-relief transcrivant Caïus Gracchus quittant sa femme Licinia, thème ô combien néoclassique. Dans la terre cuite, son matériau de prédilection, Marin façonne avec bonheur de ravissantes figurines, telles une Jeune fille à la colombe, aujourd’hui conservée au musée du Louvre, ou une Bacchante couchée de 1793, exposée au musée du Petit Palais. Leur style élégant, léger et aimable se lit aussi dans notre bas-relief, fort bien enlevé. Son iconographie fait référence au thème du triomphe marin, traité à flots par la peinture aux XVIIe et XVIIIe  siècles. Il évoque les amours d’Amphitrite, la pudique néréide : en se cachant dans une grotte, elle se dérobe d’abord aux ardeurs galantes de Neptune. Retrouvant notre héroïne, les tritons la ramènent en grand cortège pour l’unir à Neptune. Joseph-Charles Marin accorde donc une place d’honneur à Amphitrite, trônant comme il se doit sur une conque. D’espiègles putti et des tritons polissons enlaçant des néréides la conduisent à Neptune, pour leurs épousailles. Reprenant à Clodion la disposition en frise, Marin joue avec les rythmes plastiques, mettant l’accent sur les contours gracieux, les draperies finement plissées et les coiffures bien dessinées. Grande maîtrise du répertoire iconographique, parfait équilibre de la composition...
Au total, une pièce "de qualité musée" reflétant tout l’éclat et le charme d’une époque. Chantal Humbert www.gazette-drouot.com

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