Antiveduto della GRAMMATICA (Sienne 1571 - Rome 1626) - Salomé recevant la tête de Saint Jean-Baptiste
Antiveduto della GRAMMATICA (Sienne 1571 - Rome 1626) - Salomé recevant la tête de Saint Jean-Baptiste
Toile - 122 x 166 cm - Estimé : 100 000 / 120 000 €
Provenance : Selon la tradition, le tableau aurait été acheté au musée de Naples par le Comte Aimé Jovin des Fayères, secrétaire de l'Ambassade de France auprès du royaume de Naples ; Vente anonyme, Paris, Hôtel Drouot, 25 mars 1981 (Mes Audap, Godeau, Solanet), n° D, reproduit.
Bibliographie : G. Papi, Antiveduto Grammatica, Soncino, 1995, n° 6, p. 88, reproduit pp. 46 - 47 (pl. IV-V) ; H.-P. Riedl, Antiveduto della Grammatica (1570 / 71 - 1626), Leben und Werk, Münich et Berlin, 1998, n° 20, p. 117, reproduit fig. 33 (voir la bibliographie, très complète).
Peintre de portraits et d'ex-voto pour la petite bourgeoisie, Antiveduto della Grammatica est influencé par les peintres maniéristes tels que Vanni, Salimbeni et Barocci. On raconte qu'il accueille dans son atelier le jeune Caravage à peine arrivé à Rome en 1594. Cependant, ce n'est que dans les années 1610 que l'aîné adopte le style de son ancien élève. En janvier 1624, il devient Principe de l'Académie de Saint-Luc. Notre tableau témoigne de l'influence du Caravage sur Grammatica, autant dans le thème que dans le traitement de la composition et des figures.
Très représenté au XVIIème siècle dans la lignée du Caravage, le sujet met en scène Salomé recevant la tête de l'apôtre Jean-Baptiste après qu'elle a dansé sa danse des sept voiles devant son beau-père, le roi Hérode (Mt., 14, 1-12).
Notre toile est sans doute inspirée de la composition du même sujet du Caravage (toile, 91,5 x 107 cm, Londres, National Gallery) orchestrée par la même triade, vieille servante, jeune Salomé et bourreau viril. Grammatica a certes digéré la composition plus audacieuse du Caravage, notamment par sa frontalité ; cependant comme ce dernier avant lui, il privilégie la mise en scène des gens du peuple et la mise en valeur de la tête sanglante de l'apôtre.
Le cadrage à mi-corps, le jeu des mains et des regards, l'arrière-plan sombre sur lequel se détache le blanc des chemises sont autant d'éléments issus de l'art du Caravage.
Au sein de l'œuvre de Grammatica, notre tableau est à rapprocher d'une autre version de cette composition (toile, 115,5 x 168 cm) conservée à Aschaffenburg, Staatsgalerie (voir G. Papi, n° 38, p. 105, reproduit p. 166, fig. 24) et datée 16..6 (peut-être 1616 ?). Ils présentent quelques variantes : dans notre tableau, la servante est vraiment orientée vers le bourreau, plus jeune et au geste plus ferme que dans l'autre version.
La tête de saint Jean-Baptiste est etendue sans ambiguïté vers Salomé, et non posé directement sur le plat d'argent, renforçant ainsi le caractère violent de la scène. Gianni Papi proposait une datation antérieure à la Sainte Cécile (toile, 112 x 90, Salinas, collection parti culière, op. cit., n° 9, p. 90, reproduit p. 148, fig. 3) datée avec certitude de 1611.
En effet pour lui, Sainte Cécile présente un canon semblable à notre Salomé mais plus rodé et abouti (op. cit., p. 88). Quant à Helmut-Philip Riedl, il date notre tableau des années 1620 (voir Riedl, p. 117).
Piasa Paris. Coll. d'un Amateur, Succession de M.X, Dessins et Tableaux Anciens, Modernes. Vente du 27 mars 2008