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Alain.R.Truong
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14 juin 2008

Clément Rousseau (1872-1950), table à journaux en ébène de Macassar, vers 1921

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Clément Rousseau (1872-1950), table à journaux en ébène de Macassar, vers 1921, ivoire et galuchat crème, 73 x 50 x 50 cm .Estimation : 80 000/ 120 000 €.

"Des prix fous pour les années folles", c’est sous ce titre accrocheur qu’en décembre 1979 Clément Rousseau entre dans le cercle très fermé des créateurs les plus estimés. La Gazette de l’Hôtel Drouot se fait alors l’écho des résultats mirifiques obtenus lors d’une vente organisée le 26 novembre, qui, pour la première fois, réunissait plusieurs meubles de l’artiste. Une petite barbière en bois de palmier, tablette en galuchat vert, poussée par un célèbre marchand de la rive gauche, atteignait l’enchère record de 265 500 F. En battant à plate couture le grand Ruhlmann, Rousseau devenait le nouveau prince de l’art déco. Ce n’est pourtant ni le plus connu, ni le plus prolifique. Né en 1872, ce sculpteur de formation se lance à quarante ans dans la fabrication de meubles d’un raffinement extrême, dont les formes sages s’inspirent des lignes éprouvées du XVIIIe. La fantaisie de Rousseau se glisse dans le décor, les jeux subtils de couleurs, les associations de matières. Mais, l’homme produit peu. C’est un adepte de la pièce unique. S’il consent à quelques variantes, seuls un détail, une couleur ou un matériau diffèrent. Sur les conseils de son ami Paul Iribe, Rousseau remet à l’honneur, dans les années 1910, le travail délicat du galuchat, cette fameuse peau de poisson dont les artisans du XVIIIe ont su tirer mille et un objets précieux. Il est vrai que l’époque renoue avec le luxe, les matériaux coûteux dont sont friandes les fortunes d’après-guerre. Rousseau en devient même le grand spécialiste. Il dompte cette matière difficile, lui offre des couleurs inédites, l’associe à l’ivoire et au bois de Macassar, son autre matériau de prédilection. En 1925, il fait partie de la fine équipe réunie par Pierre Legrain pour métamorphoser le studio du couturier Jacques Doucet, rue Saint-James à Neuilly, manifeste de la nouvelle garde. Rousseau livre pour le célèbre mécène une table à journaux, en ébène, bagues en ivoire et galuchat, identique à notre exemplaire. Il réalisera le même modèle pour Robert de Rothschild, en usant toutefois de galuchat vert, une table aujourd’hui conservée au musée des Arts décoratifs. Rousseau réserve donc ses rares créations aux élites du moment. Doucet, Rothschild, mais encore la duchesse de Vendôme, autre figure de la scène parisienne, comptent ainsi parmi ses plus illustres clients. La nièce du roi Léopold II de Belgique, mariée au duc de Vendôme, possède en effet plusieurs de ses meubles, dont une table en bois de palmier présentée lors de l’exposition des oeuvres en galuchat de Rousseau, organisée fin 1925 rue du faubourg Saint-Honoré. L’année suivante, il réalise encore pour sa royale cliente un guéridon en bois d’amourette, là encore rehaussé de galuchat. Pour 240 000 €, celui-ci trouvait en mai 2007 à Paris un nouvel amateur fortuné. Décidément, les créations de Clément Rousseau n’ont rien perdu de leur attrait.

Lundi 16 juin. Paris, salle 1 - Drouot-Richelieu.Massol SVV. M. Remy.

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