François-Honoré-Georges Jacob-Desmalter (1770-1841). Fauteuil de représentation pour la salle du trône de l’Empereur Napoléon
François-Honoré-Georges Jacob-Desmalter (1770-1841). Fauteuil de représentation pour la salle du trône de l’Empereur au palais des Tuileries, dessin de Percier et Fontaine, noyer doré à l’or mat et or bruni, h. 105, l. 68, pr. 60 cm. Estimation : 400 000/600 000 €.
Le 18 mai 1804, Napoléon Bonaparte devient empereur des Français. Il aurait été mal venu que ses frères et soeurs demeurent de simples quidams. Faits princes, ils occupent, selon la nouvelle étiquette, la première place autour du trône. Le palais des Tuileries, demeure impériale, abrite une salle du trône, dont le décor est bien sûr confié aux architectes et décorateurs Percier et Fontaine. Férus d’art antique, ces derniers s’inspirent de lions ailés du trône du prêtre de Bacchus en marbre, oeuvre de Francesco Antonio Franzoni exposée au Louvre suite à la signature du traité de Tolentino en 1797. Pour alléger le dessin, ils dotent les fauves d’une queue se terminant en rosace inspirée du répertoire d’ornements de Piranèse. Ils fournissent à la maison Jacob Desmalter les dessins à taille réelle. Le trône, six fauteuils, six chaises et trente-six tabourets seront ainsi livrés aux Tuileries. Une suite identique - hormis le siège impérial - est destinée à la salle du trône du château de Saint-Cloud. En 1806, l’étiquette change : désormais seuls deux fauteuils sont réservés à l’Impératrice et à Madame Mère, les princes et princesses devant se contenter de pliants... Grâce aux numéros d’inventaire, inscriptions manuscrites et estampilles, on peut suivre les localisations de notre fauteuil aux Tuileries. Jusqu’en 1815, il se trouve dans la salle du trône, de cette à date à 1822 il occupe le salon du roi Louis XVIII et, pendant deux ans, le salon de réception du duc d’Angoulême. Enfin, jusqu’en 1830, notre fauteuil orne un autre salon de réception, celui du Dauphin... On n’en retrouve trace qu’en 1853, dans le salon du duc de Bassano, grand chambellan de Napoléon III. Le siège disparaît en 1870 - échappant ainsi à l’incendie des Tuileries. Enfin, il réapparaît vers 1930 chez un antiquaire de la côte Est des États-Unis, présenté comme "siège spectaculaire du XIXe siècle". Comme un autre fauteuil provenant de Saint-Cloud redécouvert fortuitement au Mobilier national, notre siège n’a retrouvé sa prestigieuse origine que récemment !
Photo des détails du fauteuil
Photo de la salle du trône
Mercredi 18 juin, salle 5-6 - Drouot-Richelieu. Piasa SVV. Mme de Pazzis-Chevalier, MM. Fabre, Missilier, Cabinet Dillée.