Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Alain.R.Truong
Alain.R.Truong
Visiteurs
Depuis la création 51 154 044
Archives
Newsletter
Alain.R.Truong
26 juin 2008

Philippe de Champaigne (1602-1674), Paysage classique,

00040m

Philippe de Champaigne (1602-1674), Paysage classique, huile sur toile, 33,5 x 66,5 cm. Estimation : 80 000/100 000 €.

Portraitiste, peintre de tableaux religieux, le célèbre Philippe de Champaigne fut pourtant d’abord connu comme peintre de paysage. Né à Bruxelles, il fit plusieurs apprentissages, chez Jean Bouillon, puis dans l’atelier de Michel de Bourdeaux et, enfin, chez Fouquières, "un des plus habiles paysagistes de ce temps", rapporte Félibien. Ce dernier écrit aussi que le jeune peintre et Poussin "commencèrent à se connaître" au collège de Laon. "Poussin ayant témoigné à Champaigne qu’il souhaitait avoir quelque tableau de sa main, il lui fit un paysage". Champaigne est très vite remarqué par Nicolas Duchesne, qui l’appelle à la décoration du palais du Luxembourg entre 1622 et 1626. Rentré à Bruxelles l’année suivante, il se voit offrir par Claude Maugis la succession de Duchesne et le titre de peintre ordinaire de la reine mère et valet de chambre du roi. Apprécié également du cardinal de Richelieu, dont il fit de nombreux portraits, Philippe de Champaigne reçoit commande d’Anne d’Autriche de quatre paysages tirés des Vies des saints pères du désert, traduites par Arnauld d’Andilly. Ses liens avec Port-Royal sont tels qu’il réalise leurs portraits et des tableaux religieux. Remarquable portraitiste, il place son modèle sur un fond neutre, avec un cadrage serré, pour mieux saisir les variétés de l’expression. Sainte Pélagie se retirant dans la solitude, toile conservée au Landesmuseum de Mayence, et Jésus-Christ guérissant les aveugles, peinture visible au Timken Museum de San Diego (Californie), montrent des paysages accidentés, traversés par un fleuve et bordés par une ville médiévale. Ces éléments se retrouvent dans notre Paysage classique élaboré sans prétexte religieux. Les deux personnages sur la gauche semblent converser sur la beauté de la nature. Des bateaux aux voiles gonflées par une douce brise glissent sur l’eau, la lumière filtrée par des nuages baigne la sérénité de cette nature, où seuls la fumée s’échappant d’une maison invisible, un petit îlot d’habitations et les tours crénelées (allégorie de Jérusalem) témoignent de la main de l’homme. En privilégiant certains de ces motifs, en accentuant les jeux d’ombre et de lumière, Champaigne a campé le drame du Christ en Croix, peint pour la Grande-Chartreuse et maintenant au musée de Grenoble. Admirateur de Poussin, il a mûri les leçons classiques de la composition du paysage de son aîné. Il a su en saisir l’essence, comme en accord avec Fontenelle : "Un paysage dont on aura vu toutes les parties l’une après l’autre n’a point été vu ; il faut qu’il le soit d’un lieu assez élevé où tous les objets auparavant dispersés se rassemblent sous un seul coup d’oeil"...

Jeudi 26 juin, espace Tajan, à 19 h. Tajan SVV. Cabinet Turquin.

Commentaires