«A qui appartenaient ces tableaux?» @ Musée d'Art et d'Histoire du judaïsme, Paris
Cuyp Aelbrecht "Coqs et poules". MNR490 . Toile, 80x103 cm. Soissons, musée municipal - Œuvre remise à l’ERR dans le cadre d’opération d’échange © Photo Rmn – Hervé Lewandowski
Les 53 œuvres de cette exposition font partie des « Musées Nationaux Récupération » (MNR) qui constituent le reliquat des œuvres et objets d’art d’origine française récupérés par les Alliés en Allemagne après 1945 mais qui, faute d’avoir retrouvé leurs légitimes propriétaires, ont été confiés au début des années 1950 à la garde de la direction des musées de France du ministère de la Culture et de la Communication (environ 2000 œuvres sur 60 000 récupérées).
Les 53 œuvres de cette exposition font partie des « Musées Nationaux Récupération » (MNR) qui constituent le reliquat des œuvres et objets d’art d’origine française récupérés par les Alliés en Allemagne après 1945 mais qui, faute d’avoir retrouvé leurs légitimes propriétaires, ont été confiés au début des années 1950 à la garde de la direction des musées de France du ministère de la Culture et de la Communication (environ 2000 œuvres sur 60 000 récupérées).
Cézanne Paul (1839-1906). Portrait de l’artiste MNR228; Toile, 25x14 cm – Œuvre acquise par une institution, des dignitaires ou des particuliers allemands. Paris, musée d’Orsay © Photo Rmn – Hervé Lewandowski.
L’exposition s’inscrit dans la droite ligne des conclusions du rapport de la Mission d’étude sur la spoliation des Juifs de France dite « Mission Mattéoli ». Celles-ci préconisaient notamment que « pour porter témoignage de la spoliation, quelques œuvres significatives, sélectionnées d’un commun accord parmi les œuvres de la Récupération artistique, soient exposées au Musée d’Israël à Jérusalem, avec une notice relative à leur origine et aux raisons pour lesquelles elles y sont déposées ». Les recherches menées par la direction des musées de France sous l’égide de la « Mission Mattéoli » ont permis d’estimer qu’environ 10 pour cent de ces œuvres relevaient de spoliations avérées envers des familles juives, sans que, néanmoins, leur possesseur d’origine puisse être déterminé. L’origine des 90 pour cent restants est moins bien connue mais ces œuvres correspondent essentiellement à des achats effectués pendant l’Occupation par des musées ou des collectionneurs allemands sur le marché de l’art français, où circulaient beaucoup d’œuvres vendues sous la contrainte. Elles ont été reprises dans le cadre d’une politique de récupération d’œuvres en provenance de France et acquises par l’occupant allemand. Les œuvres exposées illustrent ce que nous savons aujourd’hui de cette histoire complexe et douloureuse.
Claude Monet, «Neige au soleil couchant» MNR 1002
Ce tableau figure dans le catalogue de la vente «S. et S.» qui s'est tenue à la galerie Georges Petit en juin 1932. Soupçonné d'appartenir à la collection privée de Max Silberberg, un collectionneur mort en déportation, aucune preuve n'a jamais été trouvée qui permettrait de confirmer cette hypothèse. Crédit : R-G. OJEDA / RMN
Jean-Auguste-Dominique Ingres, «Portrait du "Père Desmarets"» MNR 156
Exécuté par Ingres en 1805, cette toile appartenait au collectionneur Maurice Delacre (1862-1968) jusqu'à sa vente à Drouot en 1941. Vendu à Paris hors de toute contrainte, il n'a pas été restitué à son précédent propriétaire. Il est aujourd'hui conservé au musée des Augustins à Toulouse. Crédit : MUSEE DES AUGUSTINS
Gustave Courbet, «Baigneuses» MNR 876
Ce tableau a été acheté à Raphaël Gérard en octobre 1940 par le ministre des Affaires étrangères du Reich. Restitué à la France, il a été attribué aux Musées nationaux et transféré au musée d'Orsay en 1986. Le marchand Raphaël Gérard a été condamné à la Libération pour avoir vendu de nombreuses oeuvres à des musées allemands. Crédit : H. LEWANDOWSKI / RMN
Edgar Degas, «Michel Manzi» MNR 849
Ce tableau a été acheté pour le Wallraf-Richartz-Museum de Cologne à un collectionneur parisien dénommé «Benatoff» en 1941. Restitué à la France, il a été attribué aux Musées nationaux. Crédit : H. LEWANDOWSKI / RMN
Maurice de Vlaminck, «La cuisine» R15P
A la fin de l'Occupation, ce tableau faisait partie du stock du marchand d'art Gustav Rochlitz qu'il fît transférer en Allemagne. Il est rentré en France par le 3e convoi de Baden-Baden en janvier 1948. En 1953, Gustav Rochlitz tenta de récupérer les biens qu'il avait envoyés en Allemagne mais sa demande n'aboutit pas. Crédit : ADAGP
Eugène Delacroix «Portrait de jeune homme» MNR 999
Vendu par Paul Cocteau, le frère de Jean au marchand d'art parisien Jacques Dubourg vers 1939, on soupçonne ce dernier de l'avoir lui même vendu aux Allemands pendant la guerre. Crédit : RMN
Cornelis Pietersz Bega, «Paysans jouant au tric-trac dans un cabaret» MNR 933
Ce tableau fût cédé en 1941 à l'ERR par Arthur Pfannstiel en échange du «Paysage d'hiver» de Sisley et «Une Jeune fille à la guitare» de Marie Laurencin. Enregistré au Central Collecting Point de Munich, il a été restitué à la France et attribué aux Musées nationaux. Crédit : RMN
Peter Binoit, «Mets, fruits et verres sur une table» NR 709
Répertorié par l'ERR comme une oeuvre saisie en 1943 à un dénommé Juralides, ce tableau n'a toutefois jamais pu être restitué à son propriétaire. L'adresse indiquée sur le listing n'existe pas et le nom ne semble pas établi. Les recherches sont toujours en cours. Crédit : R-G. OJEDA / RMN
Pieter de Hooch, «La Buveuse» RF 1974-29
Saisi dans les collections d'Edouard de Rothschild, ce tableau a été transféré en Allemagne et a figuré dans les collections d'Hermann Goering. Il fût ensuite restitué à Jacqueline, la fille d'Edouard de Rothschild qui en fit don au musée du Louvre en 1974. Crédit : G. BLOT / RMN
Anonyme, «Femme au turban» MNR 912
Nous ne savons rien de l'historique de ce tableau avant la guerre. S'il en existe de nombreuses répliques, celle-ci est revenue en France par le 7e convoi de Baden et a été attribué aux Musées nationaux. Crédit : G. BLOT / RMN
«A qui appartenaient ces tableaux?» @ Musée d'Art et d'Histoire du judaïsme, 71 rue du Temple Hôtel de Saint-Aignan Paris 75003 (01.53.01.86.60). Jusqu'au 26 octobre.