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Alain.R.Truong
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20 juillet 2008

Le tambour de bronze de Dong Son fabriqué de nouveau

4425Dans la province de Thanh Hoa (Nord), où a été découvert il y a 84 ans le tambour de bronze de Dông Son, typique de l'âge du bronze (1er millénaire av. J.-C.), des fondeurs font fortune grâce à la fabrication de reproductions de cet ancien instrument de musique des Viêt. Un travail semblait auparavant impossible, témoins de nombreux échecs.

Le tambour de bronze de Dông Son, spécimen de l'âge du bronze au Vietnam (1er millénaire av. J.-C.), a été découvert en 1924 dans la province de Thanh Hoa (Nord). Le tambour est finement ciselé, le tympan, stylisé et d'inspiration primitive, est gravé de cercles concentriques entre lesquels sont alignés des motifs géométriques. Avant 1975, on a tenté maintes fois, en vain, de reproduire ce fameux tambour.

En 1975, le Musée national d'histoire, en coopération avec des artisans du village des fondeurs de bronze de Ngu Xa (Hanoi), a réussi à reproduire pour la première fois une copie du tambour Ngoc Lu. Cependant, cette reproduction n'est pas satisfaisante : le tambour pèse 50 kg de plus que l'original, sa paroi est épaisse et les motifs sont flous. En effet, la technique de fabrication des fondeurs d'autrefois, qui ont fait le tambour de Dông Son, reste un mystère. De nombreux tambours ont été découverts mais les archéologues n'ont trouvé que des fragments des moules.

Au village traditionnel des fondeurs de bronze

Dans la course à la découverte du mystère de la technique du tambour de bronze de Dông Son, les fondeurs du village de Chè Dông (commune de Thiêu Trung, district de Thiêu Hoa, province de Thanh Hoa) sont arrivés les premiers. À l'aube du nouveau millénaire, la nouvelle du succès de la fonte des premières reproductions du tambour de bronze a été annoncée. Fin 2006, la première compétition nationale de fonte des reproductions selon le procédé traditionnel a eu lieu à Thanh Hoa, avec la participation de 5 groupes de fondeurs.

Cette réussite des fondeurs de Thanh Hoa ne tombe pas du ciel. Le village de Chè Dông connaît l'art séculaire de la fonte de bronze. On peut y admirer le temple dédié au fondateur du métier, Không Minh Không. En fait, ce nom n'existe pas dans les documents historiques. Les légendes populaires ont peut-être mélangé 2 personnages : le bonze Duong Không Lô (?-1119) et le bonze Nguyên Minh Không (1065-1141). Ils sont tous les 2 considérés comme les fondateurs du métier de la fonte de bronze.

À l'apogée de son développement, avant les années 1990, Chè Dông a compté 90% des familles pratiquant le métier et une centaine de fonderies. Partout dans le village, on entendait les coups de marteau et on pouvait assister à la fonte de bronze. De nombreux foyers, à Thanh Hoa mais aussi dans maintes localités du pays, possédaient leurs ustensiles en bronze "made in Chè Dông".

Il y a une vingtaine d'années, l'invasion des produits en aluminium et en plastique sur le marché a mis fin à la prospérité des fonderies de Chè Dông. En 2000, le nombre de fonderies se comptait sur les doigts d'une main et le métier ne nourrissait plus ses artisans. Alors que les produits traditionnels du village perdaient leur marché au profit d'autres marchandises. Quelques fondeurs fidèles à leur métier cherchaient toujours à reproduire le tambour de bronze.

4425À la recherche de la technique oubliée

L'artisan Lê Van Du, 84 ans faisait partie de ces fondeurs en quête de la technique traditionnelle de fonte. Avec ses 2 fils, Lê Van Duong, 46 ans, et Lê Van Bay, 40 ans, le vieil artisan a essuyé pas mal d'échecs avant d'obtenir des résultats satisfaisants. Enfin, lorsque les premières reproductions du tambour sortent du moule avec succès, Lê Van Du est décoré du titre de "Maître artisan".

Son fils cadet, Lê Van Bay, est considéré comme le plus jeune artisan du village. Fin 2006, il reçoit une commande importante passée par Hoàng Van Thông, patron du premier musée d'antiquités privé au Vietnam, baptisé Hoàng Long, situé dans la province de Thanh Hoa. Ce grand collectionneur veut fabriquer la plus grande version du tambour de bronze du Vietnam pour marquer le coup de l'inauguration de son musée.

Pour réaliser ce tambour gargantuesque, Lê Van Bay et ses assistants doivent consacrer environ 6 mois aux préparatifs avant de pouvoir passer à la phase finale, la fonte et le moulage, en 2 heures. Les travaux les plus pénibles sont la fabrication du moule et la création des motifs sur ce dernier. "Un travail purement artisanal, minutieux et soigné", déclare Lê Van Bay. Pour créer le moule, il faut de l'argile, de la cire et de la balle de paddy, comme l'exige la technique d'antan. Les métaux servant la fonte sont un alliage de cuivre, d'étain, de plomb, mélangés selon certaines proportions. En fait, les tambours de bronze du Vietnam sont les seuls en Asie du Sud-Est à contenir tant de plomb. C'est cette matière qui détermine la finesse des gravures.

Une tonne de métaux fondus a été consacrée à la fabrication du "tambour-record". Après versement de ces alliages dans le moule, l'ensemble pèse plus de 5 tonnes. Le plus grand tambour du Vietnam, d'une taille 3,3 fois supérieure à l'original, fait 1,51 m de diamètre et 1,21 m de haut. Il est fidèle au tambour Ngoc Lu, spécimen de la culture de Dông Son, réputé pour ses grandes dimensions, sa beauté observée sur le tympan et la caisse ornée de gravures (soleil, oiseau Lac, cerf, poisson, danseur, barque…).

L'auteur du tambour record a reçu depuis d'autres commandes. Le plus jeune artisan du village de Chè Dông avoue d'ailleurs : "En pratiquant le métier, nous apprenons la technique de fonte de nos ancêtres. Il est presque impossible de tout connaître de l'art de fonte de bronze de la culture Dông Son". (Hoàng Hà/CVN)

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