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Alain.R.Truong
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Alain.R.Truong
28 août 2008

Hoàng A Dô, un joueur de khèn entre prouesses et traditions

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Le khèn ou orgue à bouche

Les mélodies charmantes du khèn et les jeux de danse sur corde, Hoàng A Dô les tient de son oncle, Hoàng Van Tu, professeur et directeur du collège du district montagneux de Thach Lâm, province de Cao Bang, au Nord.

Issu d'une famille pauvre de 8 enfants, Dô avait abandonné depuis longtemps ses rêves d'études, quand son oncle Tu l'a emmené chez lui, dans le village de Nà Hôm, à 200 km de la capitale provinciale. "Dô est beau et intelligent. Il a tout pour réussir dans les études et dans la vie", arguait alors le directeur de l'école devant les parents du garçon. Nà Hôm est un petit coin coupé du monde, dans les hautes montagnes des H'Môngs, sans électricité ni téléphone.

En juin dernier, à 22 ans, Hoàng A Dô a réussi son examen de fin d'études. Grand, le beau garçon au visage arrondi et aux yeux brillants affiche un sourire mal assuré. Le jeune H'Mông a révèlé dès son enfance un don pour la musique et une habileté incomparable.

Musique + danse = khèn, à quelques variantes près…

Hoàng A Dô aime aller chercher une "belle parole" de son oncle Tu, dans les recoins de sa mémoire : "en tant que H'Mông, tu dois avant tout savoir jouer du khèn ".

Depuis l'arrivée de son neveu à Nà Hôm il y a 12 ans, le professeur Tu emploie son temps libre à lui transmettre son expérience du khèn et la multitude de mélodies H'Mông qu'il connait par coeur. Il se réjouit de voir son jeune élève se passionner de plus en plus pour la flûte de Pan et faire des progrès considérables. Chaque jour, après les heures de classe, les 2 H'Mông s'entraînent ensemble, assidument, aux exercices du khèn . La discipline exige une maîtrise parfaite, à la fois de la musique et de la danse. Ils y excellent tous les 2, non seulement au sol comme tout le monde, mais aussi, pour pimenter l'exercice, sur une planche suspendue, voire sur une corde tendue, à un mètre du sol, entre 2 arbres, à l'instar de funambules. Dô s'exerce encore à danser sur les bouts de pieux de bois alignés. Sacrée audace, où la distraction, qui pourrait lui coûter la vie, n'a pas de place. Alors, quel est leur secret ? "Outre le  khèn , nous nous exerçons aux arts martiaux qui donnent de la force et du réflexe", revèle le maître.

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Donner au son du khèn le souffle des montagnes

Au fait, pourquoi la corde et les pieux ? À cette question curieuse, l'explication est des plus simples : les mélodies du khèn semblent plus merveilleuses encore lorsqu'elles sont interprétées de manière à évoquer la vie des montagnes. Selon Hoàng Van Tu, si le khèn constitue un objet indissociable des H'Môngs, la corde symbolise dans ce cas le "pont de fortune" que les montagnards font d'un simple tronc de bambou pour traverser un ravin, et les pieux évoquent le rite cultuel du "sacrifice du boeuf", pratiqué lors des événements importants du village.

"Il est évident que, dans les premiers temps, Dô est maintes fois tombé par terre, il s'est même blessé au bras, rappelle le maître. Mais cela n'a pas suffi à le décourager. Plus le jeu est difficile, plus il s'y intéresse et fait preuve de pugnacité". Vouloir, c'est pouvoir.

Après des années d'entraînement assidu, Hoàng A Dô exécute avec brio les figures de khèn, qu'il soit au sol, sur une corde ou sur les pieux ! "Cela tient du prodige", chuchotent les habitants du coin, admiratifs. Littéralement envoûtés par les jeux de khèn de Dô, ils l'ont surnommé "le jeune génie du khèn".

La légende vivante a fini par se répandre au-delà des frontières de Cao Bang. Ces dernières années, le jeune homme s'est vu inviter à de nombreuses manifestations artistiques, organisées ci et là dans la vaste région montagneuse du Nord. "J'ai toujours empoché le premier prix", révèle le jeune H'Mông avec un sourire innocent. Et comme pour le justifier, il montre du doigt les murs de sa maison, où sont accrochés une multitude de certificats d'honneur : premier prix des festivals nationaux de khèn de Môc Châu, Son La, Cao Bang..., champion aux festivals artistiques de Bao Lâm, Bao Lac, Bac Mê, Hà Giang...

Hoàng A Dô sait bien que le parcours qui l'attend à l'université sera semé d'embûches, vu la situation financière de sa famille. "S'il avait un mécène...", lance le maître Hoàng Van Tu. Quoi qu'il en soit, le "jeune génie de khèn" se réjouit chaque jour d'apporter tant de joie à ses "fans" de la première heure, au village. À bon entendeur… (Nghia Dàn/CVN)

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Commentaires
C
Ils sont très beau les membres des ces ethnies minoritaires. Je suis heureux de découvrir votre blog ! Nous avons des points d'intérêt communs.
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