Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Alain.R.Truong
Alain.R.Truong
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 50 890 911
Archives
Newsletter
Alain.R.Truong
13 octobre 2008

Sotheby's ne connaît pas la crise

La vente de mobilier, objets d’art et sculptures qui se tiendra le mercredi 22 octobre 2008 à Paris, est certainement la plus remarquable de la saison dans ce domaine, en raison de la qualité et des provenances prestigieuses des oeuvres qui la composent.

CHEFS-D’OEUVRE DES XVIE ET XVIIIE SIECLES

TAPIS_DE_LA_MANUFACTURE_ROYALE_DE_LA_SAVONNERIE__LOUIS_XV

Un exceptionnel Tapis de la Manufacture Royale de la Savonnerie, Louis XV

Sotheby’s mettra en vente sans doute l’un des plus beaux tapis tissés en France à l’époque Louis XV. La fraîcheur et l’éclat exceptionnels des couleurs d’origine en font un chef-d’oeuvre du XVIIIe siècle.  Estimé 2 500 000 à 4 000 000 € (lot 68), ce tapis de 567 x 603 cm a été tissé vers 1760-1770, d’après le carton réalisé par Pierre-Josse Perrot qui a travaillé à la manufacture entre 1725 et 1750. Ce dernier semble avoir été responsable de la plupart des modèles créés pendant la première partie du règne de Louis XV. Le modèle mis en vente chez Sotheby’s témoigne de la maîtrise du registre décoratif de l’art rocaille. Il s’agit d’un subtil enchevêtrement de rinceaux d’acanthe, coquilles, fleurs et fruits. Le cartouche central ornant les tapis réalisés par Perrot pour Louis XV reprend toujours les attributs royaux : les armes de France et la lettre L entrelacés.

microscope_au_corps_recouvert_de_galuchat_reposant_sur_un_socle_de_forme_contourn_e___consoles_en_volute_feuillag_es__vers_1750

Un rare microscope en bronze doré et galuchat, Louis XV

Autre chef d’oeuvre du XVIIIe siècle, un microscope au corps recouvert de galuchat reposant sur un socle de forme contournée à consoles en volute feuillagées, vers 1750 (lot 65, 700 000-1 000 000 €). Outre le modèle vendu chez Sotheby’s, six autres dérivent de l’invention du micromètre par le Duc de Chaulnes au milieu du XVIIIe siècle. Celui-ci comporte un mécanisme attribué à Claude-Siméon Passemant et André Maingaut. 

Le Duc de Chaulnes (1714-1769), devenu membre honoraire de l’Académie des Sciences en 1743, était un astronome et un physicien qui joua un rôle prépondérant dans l’évolution des sciences naturelles dans le courant du XVIIIe siècle. Inventeur du micromètre, il met au point entre 1740 et 1745 un nouveau type de microscope fondé sur cette découverte comme celui mis en vente chez Sotheby’s. Quant aux artistes, le nom de Passemant est reconnu comme le fabricant du microscope ayant adapté le micromètre au microscope et Maingaut travailla dans le laboratoire du Duc de Chaulnes avant d’avoir le sien, rue Fromentau.

bronze_de_V_nus_pudique_attribu____Severo_Da_Ravenna__1496_1538_

Vénus en bronze attribuée à Severo Da Ravenna, Padoue

Ce bronze de Vénus pudique attribué à Severo Da Ravenna (1496-1538), datant du début du XVIe siècle, sera sans doute l’une des pièces les plus convoitées de la vente (lot 10, estimation : 120 000-180 000 €). L’élégance de cette sculpture d’une qualité exceptionnelle mêle la grâce du drapé, la finesse des traits du visage, des mains et des pieds au doux mouvement de contraposto.

Severo Da Ravenna, aussi connu sous le nom de Severo Calzetta, était originaire de Ravenne (actif dès 1496 à 1538). Contemporain d’Andrea Riccio (1470-1532) et de Desiderio da Firenze, il signe vers 1500 une statue de Saint Jean-Baptiste pour l’église du Santo à Padoue avant de revenir à Ravenne en 1509. Il est décrit par ses contemporains, notamment par l’humaniste Pomponius Gauricu, comme un sculpteur talentueux pour le bronze, le marbre et le bois, A Ravenne, il développe une fonderie de bronze reconnue comme une des meilleures et des plus prolifiques du premier quart du XVIe siècle. La Vénus pudique fondue probablement à Padoue est l’un des plus beaux exemples de son talent à apparaître sur le marché.

MOBILIER ET OBJETS D’ART

commode_en_marqueterie_de_losanges__d__poque_Louis_XVI

Parmi les pièces de mobilier, nous trouvons plusieurs meubles estampillés Jean-Henri Riesener. Estimée 400 000 à 600 000 € (lot 99), une importante commode en marqueterie de losanges, d’époque Louis XVI . Six autres exemplaires sont connus et conservés dans des collections privées ou grandes institutions muséales. Ce type de commode a été inventé aux environs de 1783 et celle présentée chez Sotheby’s doit être le prototype de ces meubles. L’une d’elle fût livrée le 28 juin 1783 au Petit Trianon pour Madame Royale, la fille de Marie-Antoinette selon le Journal du Garde-meuble de la Couronne.

Toujours de Riesener, un important secrétaire à abattant en marqueterie de losanges estimé 600 000 – 1 000 000 € (lot 100). D’époque Louis XV, vers 1780-1785, ce secrétaire est assez rare dans le corpus de l’ébéniste. Seul un autre secrétaire en marqueterie de losange en bois de sycomore estampillé du maître est aujourd’hui répertorié.

Sotheby’s proposera également une paire d’encoignures en marqueterie de fleurs d’époque Louis XV (vers 1750), estampillée BVRB et JME provenant du château de Bellevue, portant sa marque à l’encre BV (couronné) (lot 64, estimation : 70 000-100 000 €). Ces meubles furent livrés à ce dernier pour Madame de Pompadour sans qu’on en sache davantage sur leur provenance.

A ne pas manquer, une paire de bergères estampillées A.P Dupain, probablement livrée pour la Reine Marie-Antoinette à Saint-Cloud ou pour le salon de la reine dans sa maison du Hameau à Trianon (lot 98, estimation : 60 000-80 000 €).

paire_de_porte_pinceaux_en_porcelaine_c_ladon_d__poque_Qianlong

Parmi les objets d’art, voici une rare paire de porte-pinceaux en porcelaine céladon d’époque Qianlong (1735-1795), à monture de bronze doré d’époque Louis XV, vers 1750. Mis en vente sous le lot 58 (estimation : 150 000-250 000 €) (photo 5), ces objets proviennent probablement de l’ancienne collection du Baron de Besenval. Ils sont représentés à l’arrière-plan de son célèbre portrait peint par Danloux (1753-1809), aujourd’hui conservé à la National Gallery de Londres. Outre l’autre paire déjà passée en vente, il existe une paire similaire conservée dans les collections du Victoria and Albert Museum à Londres depuis le XIXe siècle.

Citons également deux assiettes à potage en porcelaine tendre de Sèvres datées de 1763, dont l’estimation se situe entre 20 000 € et 30 000 € (lot 95). Elles proviennent d’un service acheté par Louis XV pour Versailles et elles ont voyagé entre les grandes résidences royales de l’époque (Compiègne et Fontainebleau).

Le service présente un décor d’attributs et guirlandes de Louis XV, dont il subsiste peu d’exemplaires sur le marché de l’art. Quelques-uns sont néanmoins conservés dans des collections publiques françaises (Château de Versailles, Musée de Sèvres…). Ces belles assiettes, d’un diamètre de 24cm, comportent la marque « LL » entrelacés avec une lettre date K correspondant à l’année 1763, sans marque de peinture.

SCULPTURES

Une statuette de Mercure jouant de la flûte en bronze datée fin XVIe/ début du XVIIe siècle par Barthélemy Prieur (1536-1611) sera mise en vente sous le lot 21. Estimée 100 000-150 000 €, elle existe en deux tailles, dont un bronze provenant de l’ancienne collection Peter Jay Sharp. Cette sculpture fera écho à l’exposition intitulée Bronzes français - De la Renaissance au Siècle des Lumières qui se tiendra au musée du Louvre du 24 octobre 2008 au 19 janvier 2009.

portrait_de_Jean_Jacques_Rousseau_sign__Jean_Antoine_Houdon__1741_1828_

Quant à la sculpture du XVIIIe siècle, mentionnons également le magnifique portrait de Jean-Jacques Rousseau signé Jean-Antoine Houdon (1741-1828) (photo 6). Daté de 1778, il s’agit du seul modèle en buste à l’Antique, c'est-à-dire torse nu et sans perruque. Signé et daté Houdon f. 1778, il sera mis en vente sous le lot 103 avec une estimation de 70 000 à 100 000 €. Ce portrait, resté inédit jusqu’à aujourd’hui, est aussi remarquable par sa provenance. Il a appartenu au peintre Nicolas Sicot, dit Legrand de Lérant (1758-1829), ami proche de Houdon, puis à son gendre M. Filliart, avant d’être acquise par le papetier Charles Duriez, rue Monsieur-le-Prince à Paris en 1829. Depuis cette date, l’oeuvre est restée dans la même collection jusqu’à sa vente aujourd’hui chez Sotheby’s. Une lettre élogieuse du sculpteur David d’Angers, qui a admiré ce buste chez monsieur Duriez en 1839, fait partie du lot. Selon lui, il est un des plus précieux ouvrages de Houdon offrant ici un portrait sans idéalisation qui illustre « avec exactitude le vérisme empirique mais aussi révèle l’immortalité du génie » de ce grand philosophe.

Exposition du vendredi 17 au mardi 21 octobre 2008 (dimanche excepté) - 10h-18h - www.sothebys.com

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité