Un élément de l’escalier d’origine de la Tour Eiffel chez Sotheby's Paris
La vente d’Arts Décoratifs du XXe siècle et Design le 26 novembre à Paris se conclura par la mise en vente du symbole mondial de Paris, un élément de l’escalier d’origine de la Tour Eiffel, conservé dans la même collection depuis la vente emblématique de maîtres Ader, Picard et Tajan le 1er décembre 1983 à Paris. Inscrit sous le n°15, il court sur seize marches sur 3,60 m. de hauteur totale pour un poids de 750 kg (estimation : 40 000-60 000€*). En 1889, la IIIème République célèbre le centenaire de la Révolution Française. Cet anniversaire donne lieu à une nouvelle Exposition Universelle à Paris après celles de 1855, 1867 et 1878. Un bâtiment se doit de symboliser la réussite d’un système économique mais aussi politique. Le projet d’une Tour émerge, inspiré de celui conçu pour l’Exposition Universelle de Philadelphie, dix ans auparavant, où l’on avait voulu ériger, sans y parvenir, une tour de près de 300 mètres de hauteur. Un concours est lancé en 1886 dont le programme est défini comme suit : ‘Etudier la possibilité d’élever sur le Champs de Mars une tour de fer, à base carrée, de 125 mètres de côté et 300 mètres de hauteur’.
Le fer, mis à l’honneur dès 1851 à Londres lors de la réalisation du Crystal Palace par Paxton, est déjà d’un usage répandu dans les architectures publiques. Gustave Eiffel est célèbre pour la réalisation de nombreuses architectures en fer, telles le Viaduc du Gabarit, dans le Cantal et la structure interne de la Statue de la Liberté à New York. Il dirige un atelier de construction métallique qui fournit des ouvrages d’art dans le monde entier et c’est, associé aux deux ingénieurs, Koechlin et Nouguier, qu’il remporte le concours contre 700 autres propositions. Après deux ans de travaux, la Tour est inaugurée par le Président Sadi Carnot le 31 mars 1889. Le succès populaire est immédiat malgré les critiques provenant principalement des milieux littéraires et artistiques. Le public se précipite pour emprunter ses escaliers en colimaçon et de nombreuses gravures et quelques rares photographies immortalisent ces moments. Conçue pour être une architecture temporaire, la Tour Eiffel restera en place grâce au combat de son auteur, et demeurera le bâtiment le plus haut du monde jusqu’en 1930, détrônée seulement 40 ans plus tard par le Chrysler building à New York. Le fer aura alors laissé la place à l’acier et, entre temps, la Tour Eiffel sera devenue le symbole mondial de la France et de Paris. En 1980, la nouvelle société d’exploitation du monument revoit l’état général de la Tour presque centenaire. Il s’agit d’alléger le poids de l’ensemble mais aussi de le mettre aux normes de sécurité. L’escalier d’origine, qui relie le second étage au troisième, est alors remplacé par un escalier plus léger, à volée droite, plus large et moins dangereux, ainsi que les ascenseurs hydrauliques. Ce tronçon d’origine sera divisé en vingt-quatre pièces de longueurs différentes (2,10 m. à 9 m.) : l’une est installée au premier étage de la Tour ; trois éléments sont offerts aux musées d’Orsay et de la Villette à Paris et à celui du Fer de Nancy ; les vingt tronçons numérotés font l’objet d’une vente publique, organisée depuis le premier étage de la Tour le 1er décembre 1983. Des collectionneurs du monde entier se disputent les 20 lots : du Japon, pour le jardin de la Fondation Yoshii à Yamanashi près de Tokyo ; des Etats-Unis, près de la Statue de la Liberté, dont la structure intérieure est une oeuvre d’Eiffel, à Disneyland ou pour le décor d’un restaurant ; du Canada et de Suisse. Cette pièce rare, numérotée, conservée dans la même collection depuis la vente de 1983, à la fois symbole de Paris et sculpture moderniste, attirera sans doute l’intérêt des amateurs internationaux. Sotheby's. Vente à Paris. Mercredi 26 Novembre 2008. Arts Décoratifs Du XXe Siècle & Design. www.sothebys.com