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Alain.R.Truong
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14 novembre 2008

Pierre et Gilles, Éden (Michele Hicks), 1993

440112

Pierre et Gilles (nés en 1950 et 1953), Éden (Michele Hicks), 1993, épreuve argentique couleur, peinte, encadrée par les artistes, 127 x 105 cm. Estimation : 60 000/80 000 €.

L’étymologie de portrait ("pour trait", "pourtraire" puis "portraict") nous apprend que le mot signifiait tout d’abord une représentation, un dessin, de quelque chose ou de quelqu’un. Avec le temps, il est confondu avec le dessin d’une personne reconnaissable. C’est donc dans l’ordre des choses que le nouveau médium photographique s’emparera de ce sujet qui, du reste, va lui fournir son plus gros succès. Naïvement, le modèle juge suffisant d’offrir son image, bien sûr séduisante. Le talent du photographe ne saura-t-il pas en tirer l’essentiel ? Une optique bousculée lorsqu’un photographe pose pour un confrère - et c’est probablement cette confrontation qui a entraîné le portrait photographique vers de nouvelles directions. À la question "Qu’est-ce qu’une photographie ?" se posent en écho celle de la responsabilité du photographe, de l’influence de son travail, de l’éthique de la profession aussi. Voilà le point de départ d’environ deux années de travail pour Gérard Rancinan : il rend visite à des photographes qu’il apprécie, dont le travail l’intéresse, dressant un inventaire tout personnel du monde de la photographie contemporaine. Deux exemples figurent dans cette vacation. L’un représente David LaChapelle. Le cliché fut pris à Hawaï où le photographe des célébrités, des top models, du porno chic et de la vacuité de la société s’est réfugié, repenti, tournant le dos à ces images et mises en scène rêvées, mais qui par lui devenaient si réelles. Le "voyant", Rancinan le photographie dilué dans l’eau d’une cascade, comme un crucifix dans le lointain, un noyé vibrant des reflets de lumière sur l’eau. De grandes dimensions (180 x 180 cm), ce tirage argentique sous Diasec est attendu à 15 000 €. L’autre exemple représente Pierre et Gilles, couple magicien d’une oeuvre unique. Comment révéler cette fusion d’"aimants amants" comme le dit si joliment Rancinan ? Sur un tatouage de l’un, enserré dans les bras de l’autre, on peut lire "mon âme". Depuis leur rencontre en 1976, Pierre Commoy et Gilles Blanchard pour l’état civil sont devenus une entité, "Pierre et Gilles". Le premier photographie, le second prolonge l’oeuvre par sa peinture. Leurs regards sont tellement complémentaires que la photo nécessite, ne vit que par leurs talents conjoints. Ils inventent des mises en scène, des histoires renvoyant aux mythes, à la religion dans une vision tantôt paradisiaque, tantôt infernale. Ici, Éden est le portrait d’une actrice de télévision et de cinéma américaine, Michele Hicks (voir photo), mais aussi celui du culte de l’amour, aux corps virils... "Chaque image est une pièce unique, déclarent-ils, la séance dure quelques heures, mais on a besoin d’une dizaine de jours pour construire le décor et autant pour le travail de peinture." Ainsi, notre Ève moderne au corps androgyne affiche-t-elle sa pudique nudité dans un paysage de début du monde, telle une vision de Botticelli. Jeff Koons, dans la préface du catalogue de l’exposition "Pierre et Gilles - Double je", au musée du Jeu de paume l’année dernière, note : "Leur oeuvre englobe les qualités mystiques de la sexualité. Pierre et Gilles représentent une union des sexes par le truchement d’archétypes." Photographes et plasticiens, ils reviennent - tout en conservant la volonté de ressemblance - au sens premier du portrait.

Vendredi 14 novembre, salle 7 - Drouot-Richelieu. Piasa SVV. M. Di Maria.

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