Heures à l’usage de Reims, manuscrit à peintures sur peau de vélin, vers 1410-1415
Heures à l’usage de Reims, manuscrit à peintures sur peau de vélin, vers 1410-1415. Estimation : 300 000 €.
Le 18 novembre dernier, un bréviaire abondamment illustré, du début du XIVe siècle, pulvérisait ses estimations et trouvait preneur à 1 470 000 € (voir Top des enchères). Un tel engouement se reproduira-t-il aujourd’hui ? Tous les espoirs sont permis, car notre ouvrage possède également bien des atouts. Réalisé vers 1410-1415, il est contemporain des célèbres Très Riches Heures du Duc de Berry, conservées au musée Condé, à Chantilly. On l’aura compris, il s’agit donc d’un livre d’heures, à l’usage de Reims précisément. Riche de 164 feuillets, l’ouvrage, élégamment calligraphié aux encres de couleur, est orné de peintures d’une taille, d’une qualité de style et d’exécution exceptionnelles. Vingt-neuf "miniatures" carrées d’une étonnante finesse ponctuent ces pages, de même que douze lettrines d’une hauteur de quatre lignes, enluminées à l’or fin, et une multitude d’autres plus petites, peintes et dorées, ou calligraphiées et rehaussées de décors filigranés de rouge. Non identifié, l’auteur de ce chef-d’oeuvre est désigné comme le "maître de la Walters Art Gallery 219 de Baltimore". Cet enlumineur d’origine lombarde doit effectivement son appellation au manuscrit de la cité américaine, peint aux armes de Nicolas Bouesseau et de sa femme, Guillemette Jacquerou. Quant à la reliure de maroquin bleu nuit, au décor en or et à froid "à la cathédrale", elle est attribuée à Joseph Thouvenin et datée des années 1820. Si on ignore le destinataire de ce luxueux ouvrage, on sait que seuls les princes, les aristocrates et les riches bourgeois possédaient cet outil indispensable aux exercices de piété privés, le livre d’heures. Celui-ci connaît son âge d’or entre 1350 et 1500. Cadeau princier, il favorise les échanges artistiques, stimule l’invention et la création. Les nobles enfants apprenaient bien souvent à lire dans de tels ouvrages ; ce fut notamment le cas de Jean Le Bon et de son fils, le duc de Berry. Ces ouvrages, on s’en doute, nécessitaient parfois des années de labeur. Ainsi, peintes par les trois frères Limbourg entre 1412 et 1416, les Très Riches Heures seront achevées après leur mort par Jean Colombe, entre 1485 et 1489, alors destinées à Charles Ier de Savoie ; mais c’est près de Genève, dans un pensionnat de jeunes filles, que le duc d’Aumale les découvrira en 1855. Si les travaux de la vie rurale et les occupations princières rythmant l’année illustrent le calendrier de tels livres d’heures, les activités marchandes et des paysages urbains les remplacent quand l’ouvrage est destiné à un riche bourgeois. Il faut de tout pour faire un monde...
Lundi 1er décembre, salle 1 - Drouot-Richelieu. Rieunier & Associés SVV. M. Galantaris.