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Alain.R.Truong
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13 décembre 2008

Armoires à médailles de l'hisoire de Louis XIV avec les figures d'Aspasie et de Socrate. Attribuées à André Charles Boulle

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Armoires à médailles de l'hisoire de Louis XIV avec les figures d'Aspasie et de Socrate. Attribuées à André Charles Boulle et son atelier, premier ters du XVIIIème siècle.

En placage d'ébène et marqueterie en première partie d'écaille et laiton, ornementation de bronze ciselé et doré du XVIIIème siècle, à deux portes ornées de médailles et de figures représentant Socrate et Aspasie parmi des rinceaux, le revers des vantaux en placage de palissandre, les bronzes en grande partie marqués au C couronné, les pieds toupie rapportés, une rosace rapportée, voir notice ci après. Hauteur : 127,5 cm. (50¼ in.) Largeurs : 122 cm. (48 in.) et 121 cm (47¾ in.) Profondeur : 43 cm. (17 in.) (2) - Estimate €2,200,000 - €2,800,000

Provenance: Collection Victor,devenu 3ème Lord de Rothschild, vente de sa résidence du 148 Picadilly à Londres, le 19 avril 1937, lot 257
Collection José-Maria Sert, Paris
Collection Anténor Patino, vente Sotheby's New York le 1er novembre 1986, lot 103, puis Londres, le 13 décembre 1991, lot 64.
Galerie Segoura, Paris où acquis par la propriétaire actuelle.

Notes: Ces armoires font partie d'une série d'armoires à mi-hauteur, dont les prototypes furent créés par André-Charles Boulle après 1700 et dont la production se poursuivit au cours du XVIIIe siècle, notamment pendant le troisième quart du XVIII siècle. Cette série a été étudiée par Alexandre Pradère, (" Les armoires à médailles de l'histoire de Louis XIV par Boulle et ses suiveurs ", Revue de l'Art, n116, 1997, pp.42-53).
L'inspiration de cette série est une paire d'armoires hautes, aujourd'hui au Louvre, qui proviennent de la famille de Nicolaÿ au XVIIIe siècle, puis de William Beckford et de Hamilton Palace. Sur ces armoires, on trouve (sans les médailles) la composition des portes avec le groupe d'Aspasie en conversation avec Socrate, sur un socle dont les sinuosités se prolongent sur les côtés par des arabesques de marqueterie qui rejoignent un dais placé au dessus des figures. Ces grandes armoires sont attribuées à Boulle avec certitude, en partie pour des raisons stylistiques, mais aussi parce qu'elles figurent sur une esquisse de la main de Boulle (musée des Arts décoratifs, Paris) dessinée au verso d'une de ses factures destinées au Grand Dauphin en 1701.

La composition de ces portes fut reprise par Boulle sur des armoires à mi-hauteur, destinées à l'origine à contenir des médailles, ce qui explique les chutes décoratives de médailles et la présence d'un pied central. L'armoire conservée à l'Ashmolean Museum d'Oxford, qui constitue le prototype de cette série, a en effet conservé sa structure d'origine avec deux rangées latérales de 27 tirettes à médailles autour d'une rangée centrale de 10 tiroirs, dont la largeur épouse celle du pied central. Le grand poids de toutes ces médailles est bien la seule justification de la présence du pied central, sur lequel repose alors la rangée de tiroirs du milieu. Par la suite, ces armoires furent répétées sans fonction de médaillier, comme bibliothèques ou meubles de rangement et dès lors, le pied central n'avait plus de fonction que décorative (ce qui explique que dans bien des cas, il n'arrive même pas au sol).

Dans les textes du début du XVIIIe siècle, les mentions d'armoires à figures sont trop vagues pour permettre une identification sérieuse. Tout au plus trouve-t-on dans l'inventaire d'un client de Boulle, Pierre Gruyn en 1722, la mention d'un riche " bas d'armoire aussi de marqueterie ouvrage de Boule, garni de figures et ornements dorés d'or moulu, prisé 2.000 L " ; ou chez un autre client de Boulle, Pierre Tomé, le 28 juillet 1710, la mention de " deux petites armoires à figures et ornements de bronze doré ".
La plus ancienne mention de ce type d'armoires est l'inventaire de la duchesse de Noailles en 1739 qui liste une paire d'armoires en médailliers de marqueterie, prisés 240 L. Par la suite, on les trouve décrits à de nombreuses reprises dans des ventes, presque toujours en paires. La première mention est dans la vente de Gaillard de Gagny le 29 mars 1762, lot 54, où ils sont catalogués comme " deux corps de bibliothèque en marqueterie qui peuvent servir à faire des médailliers par Boule le père " et adjugés 3012 L. En 1765, Walpole en remarque quatre chez Jean-Joseph de Laborde dans l'hôtel Bouret de Vezelay, rue de la Grange Batelière, qui seront acquis par Grimod de la Reynière et figureront dans sa vente en 1797, lot 107-108. Dix ans plus tard, en 1776, une armoire seule est décrite dans la vente Blondel de Gagny, vendue 990 L à Lesage. L'année suivante, on trouve une paire d'armoires dans l'inventaire du comte du Luc qui devait passer par héritage dans la famille de Nicolaÿ où elle resta jusqu'en 1815. Les seules descriptions mentionnant le nombre de médailles (en l'occurrence six sur chaque porte) et rendant de ce fait une identification possible concernent : la paire en contre-partie de la vente Poullain le 15 mars 1780 vendue 2.150 L à Lenglier (lot 188) et les deux paires de la collection de Radix de Sainte Foix, vendues le 22 avril 1782 (lots 142-143) respectivement 2.100 & 2.000 L à Lebrun l'aîné, qui repassèrent dans la vente Le Boeuf le 8 avril 1783 (lots 209-210). Cette fois, l'écart de prix entre les armoires à fond d'écaille et celles à fond de laiton se creusa. Tandis que la 2e paire (en contre-partie) atteignait 1.600 L, La 1ère paire (en première-partie) fut vendue 2.400 L au marchand Laplanche. Elle passa alors dans la superbe collection de Harenc de Presle, rue du Sentier, et fut vendue le 16 avril 1792, lot à Robit. Lors de la vente de ce dernier, le 11 mai 1801 (lot 323) elle fut vendue à un certain Franklin, presque certainement un amateur américain. Un autre financier, Philippe-Guillaume Boullongne de Préninville, en possédait une paire qui fut vendue d'abord le 8 mai 1787 (vente annulée, reportée le 19 novembre 1787, lot 274).
Les financiers parisiens n'étaient pas les seuls collectionneurs de ces armoires. Sous le Révolution, quatre de ces armoires furent saisis chez les Noailles, rue Saint Honoré, cependant qu'une autre paire fut saisie chez M. de Breteuil. Au même moment (1793), on en voit une paire prisée 800 L dans la succession du duc de Bouillon à Paris, cependant qu'une paire en contre-partie est vendue 1500 L (à un certain Verdun) dans la succession du duc de Choiseul-Praslin le 1793. Sans doute rachetées par le fils Choiseul-Praslin, ces armoires furent complétées par deux autres paires, elles aussi en contre-partie. Au décès de ce dernier, le 9 mai 1808, ces trois paires (lots 55-57) furent adjugées, pour 1400 F chacune à un certain Damidofe (sans doute Demidoff). Entre temps, en 1795, on en avait vu passer une paire en contre-partie dans la vente de M. de Besenval (lots 182-183) et deux autres paires, elles aussi en contre-partie dans la vente Wauttier en juin 1797 (lots 70-71).

Dans la plupart de ces ventes, ces armoires sont décrits comme des meubles de Boulle ou " de beaux ouvrages de Boule " (Grimod) et placés dans une section du catalogue appelée " meubles de marqueterie de Boule ". Dans les catalogues plus neutres, elles sont décrites comme " meubles curieux de marqueterie" (vente Boullongne). Parfois, l'expert était plus prudent. Dans l'inventaire du comte du Luc en 1777 elles sont dites " sur les dessins de Boule " et dans la vente Poullain, la paire en première-partie est dite " d'après les dessins & modèles de Boule ", l'expert étant Julliot (bien placé pour savoir quand il s'agissait de copies ou d'originaux. Cela ne l'empêcha pas d'obtenir l'enchère importante de 2.150 L, preuve que les amateurs du temps n'attachaient pas une valeur magique à la paternité de Boulle !

En réalité, une partie de ces armoires a été réalisée après la mort de Boulle et pendant la seconde moitié du XVIIIe siècle. Certaines armoires paraissent avoir été réalisées vers 1740, comme la paire de la collection royale anglaise, ou ceux de l'ancienne collection Phipps, dont certains bronzes (les figures d'Aspasie) portent au revers la signature " fait par Richar " (correspondant sans doute à un membre d'une famille de bronziers parisiens, les Richard, cités vers 1738-1745). D'autres furent réalisées dans les années 1760-1800, en pleine période de Boulle revival, quand les armoires anciennes repassèrent en vente. A cette occasion, elles furent à achetées par des marchands qui les firent restaurer et, dans certains cas, copier pour former des paires ou des séries de quatre. Les artisans responsables de ces travaux de restauration et de duplication étaient Jean-Louis Faizelot Delorme et Philippe-Claude Montigny, dont on trouve l'estampille sur un peu moins de la moitié des armoires connues. On trouve en effet l'estampille de Delorme sur quatre de ces meubles (l'un de ceux de Windsor, un à Versailles, deux dans une coll. privée) et de Montigny sur cinq autres (trois à Versailles, un à l'Elysée et un au Quai d'Orsay). Comme ils furent reçus à la maîtrise respectivement en 1763 et 1766, cela date leur intervention après 1763. A cette époque, l'initiative pour ce genre de travaux revenait au marchand mercier Claude-François Julliot (1727-1794), qui s'était fait une spécialité du commerce de meubles de Boulle et de la production de copies ou pastiches. L'inventaire de son stock, à la suite du décès de sa femme en 1777, liste après une longue énumération de meubles anciens de Boulle, divers meubles en cours de réalisation (dont des pièces identifiables de Levasseur ou Joseph) et des stocks abondants de bronzes d'après Boulle (intitulés " modèles d'ornements d'après Boulle pour bibliothèques, modèles de bas d'armoire), où l'on trouve en particulier " huit rubans en relief et neuf médailles non ciselées " qui étaient clairement destinées à la fabrication de notre série d'armoires. A la vente qui suivit, le 20 novembre 1777, tous les bronzes permettant de réaliser ces armoires furent vendus dans la section intitulée " ornemens de bronze non doré ", sous le lot 871 :

" 871. Deux fortes figures à bas relief & leur support, une grande rosace deux mascarons, deux équerres contournées à plate-bandes & fleurons, deux petits cartels, dix-sept petites pièces de moulures, deux agraffes, deux rinceaux ciselés, huit rubans riflés & neuf médailles non ciselées faisant 48 pièces ; modèles d'après Boulle, propres pour bibliothèques ".

Ces modèles furent adjugés pour 55 L à Daguerre et il y a fort à parier que celui-ci fit réaliser des armoires de ce type par ses ébénistes habituels. En même temps, il est probable que Julliot n'en abandonna pas la production, car on trouve dans la vente du stock de son fils en 1802 deux armoires de ce modèle, décrites sous le lot 3 (" deux autres grandes armoires de marqueterie de Boule, seconde partie à deux battants, avec ornements, chapiteaux et soubassements de bronze doré, à figure d'apôtres sur les panneaux ").

Voici la liste des exemplaires actuellement recensés :

Armoires à 4 médailles sur chaque porte :
- Musée du château de Versailles (V2314-17) : quatre armoires, trois en première-partie, dont une estampillée Montigny et une autre J.L.F. Delorme ; la 4ème en contre-partie estampillée Montigny ; provenant de confiscation révolutionnaires chez le Noailles (ou Lenoir du Breuil, ou Breteuil), placées au XIXe siècle au château de Saint-Cloud puis au palais des Tuileries.

- Palais de l'Elysée : deux armoires en première-partie (GME 9812-1&2), l'une estampillée Montigny ; provenant d'une confiscation révolutionnaire (voir supra).

- Ministère des Affaires Etrangères, Paris : deux armoires, l'une en première-partie estampillée Montigny, l'autre en contre-partie ; provenant d'une confiscation révolutionnaire (voir supra).

Armoires à cinq médailles :
- Coll. royale anglaise, château de Windsor ; deux armoires en contre-partie, l'une estampillé Delorme, les figures d'Aspasie marquées au revers "fait par Richar". ; acquises peut-être en 1813 pour Carlton House.

- Coll. Ogden Phipps (anc. Coll. Ogden Mills), vente Sotheby's New York le 19 octobre 2002, lot 126 (2,5 millions de dollars); deux armoires en première-partie, les figures d'Aspasie marquées au revers "fait par Richard".

- Coll. privée, Suisse (anc. Coll. Ogden Mills) ; deux armoires en contre-partie formant le pendant de la paire précédente ; l'une estampillée Delorme.

- Collection du duc de Devonshire, château de Chatsworth, Derbyshire : deux armoires en contre-partie ; sans doute acquises vers 1830 par le bachelor duke.

Armoires à six médailles :
- Musée du château de Versailles, donation du dr. Roudinesco (V4834-35) : deux armoires en contre-partie estampillées Montigny ; provenant de l'antiquaire Larcade vers 1930 ; vente Paris le 1er décembre 1966.

- Collection du prince de Lichtenstein, Vaduz : deux armoires en contre-partie.

- Ancienne collection du prince de Beauvau : deux armoires en première partie, une des médailles datée 1725 ; provenant des collections des princes de Beauvau avant 1860.

- Collection privée, Paris (anc. Coll. Ogden Mills) ; deux armoires, l'une en première-partie estampillée J.L.F Delorme, l'autre en contre-partie.

Armoires à sept médailles :
- Ashmolean Museum, Oxford : armoire-médaillier en première-partie (dont les tiroirs et tirettes ont été remontées sur une copie réalisée au XIXe siècle) ; provenance : vente Sotheby's Londres, le 26 février 1909.

- Musée de l'Ermitage, Saint-Petersbourg, ancienne coll. Cheremetief : deux armoires en contre-partie à guirlandes de médailles incomplètes, à l'origine avec 7 médailles (reproduites ainsi dans Denis Roche, Le Mobilier Français en Russie, v.1900, pl. XLVII).

Christie's. Chefs D'oeuvre d'une Collection Privée Francaise. 16 December 2008. Paris. Image 2008 Christie's Ltd. www.christies.com

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M
armoire deux portes bois (fruitier)1870 à1910 façon style louis 16 pour evaluer un tarif
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