Jacques Monory (né en 1924). Deux temps, n°345/1, 1969
Jacques Monory (né en 1924). Deux temps, n°345/1, 1969, huile sur toile, 146 x 229 cm. Estimation : 30 000/40 000 €.
Nous avons emprunté notre titre au critique Alain Jouffroy dans Les Lettres françaises, en juin 1971, qui chroniquait l’exposition "Monory - Jungle de velours", à l’ARC/musée d’Art moderne de la Ville de Paris. "Jacques Monory a réinventé la peinture de rêve, écrit-il ensuite. Peu de peintres ont su (...) montrer le rapport incessant qu’entretient l’imaginaire avec le réel, sans jamais que la présence de l’un entraîne la disparition de l’autre." Cette série, commencée en 1969, est basée comme la plupart de ses oeuvres sur des images photographiques, plus exactement sur l’image cinématographique arrêtée. La prépondérance du bleu introduit un élément de rêve ou de mystère. Par découpages, successions de plans, agrandissements d’un point fixe, il traduit le temps ressenti. Cette vue d’une piscine vide sur un plan, ensuite étrangement habitée par deux femmes, dont une en robe du soir que l’on imagine pailletée, se transforme dans le registre inférieur en gros plan sur un motif floral et un monochrome bleu, où le regard se noie. Monory est passé maître de cette peinture onirique, dérangeante, autant que l’univers romantique de Caspar David Friedrich, peintre qu’il admire. Le bleu se retrouve encore dans une huile sur toile de Jun Dobashi, Magie érotique de 1970 estimée 2 500 €, et dans un acrylique sur papier de Chu Teh-chun en 1975, Symphonie ( 23 000 €). Tous deux, à leur manière, nous invitent aussi dans un monde poétique.
Lundi 15 décembre, salle 10 - Drouot-Richelieu. Catherine Charbonneaux SVV.