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Alain.R.Truong
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16 décembre 2008

"Sous l’Empire des crinolines, 1852-1870" @ Musée Galliéra

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Crédits photo : Mairie de Paris

Sous l’Empire des crinolines présente la mode du Second Empire. Robes, coiffures, bijoux, accessoires accompagnés de peintures, d’estampes et de photographies… plus de 300 pièces projettent le visiteur au temps où la silhouette féminine est toute en courbes, à l’image des modèles de Ingres. Les robes à crinoline symbolisent l’époque : corsage ajusté sur des épaules rondes, taille étranglée sous une volumineuse jupe faite de mètres et de mètres de moire, taffetas, dentelle, mousseline, tulle…

La mode balance entre un style raffiné et un style tapageur aux couleurs criardes, nouvellement apparues dans le textile. Imprimées ou rayées, ces robes voyantes sont parées d’une accumulation d’ornements : volants, franges, guirlandes de fleurs, ruchés de dentelles et de rubans. Les femmes du monde – tout comme les cocottes – changent de toilette jusqu’à cinq fois par jour pour suivre le rythme effréné de la vie sociale : dîners, concerts, spectacles, réceptions… Les bals sont à la mode et les plus courus donnés à la cour de Napoléon III.

L’exposition s’ouvre sur une Scène de bal. Mantelets et robes à crinoline sont accompagnés de carnets de bal, d’éventails, de porte-bouquets, de parures de tête… Quelques pièces ayant appartenu à l’impératrice Eugénie et à la princesse Mathilde sont présentées.
Le parcours se poursuit avec la Vie moderne qui présente les vêtements de ville comme de villégiature : capes, robes retroussées, boléros, petits costumes (ancêtres du tailleur) ainsi que leurs indispensables accessoires : châles, ombrelles, chapeaux, bottines… La bonne société suit l’air du temps qui est à la modernisation – urbanisme, industrie, chemins de fer… – et part en voyage d’agrément à la montagne, dans les stations balnéaires ou les villes d’eau. Puis sont évoquées la production et la commercialisation des articles de mode. Le Second Empire voit les prémices de la Haute Couture – Charles Frederick Worth crée sa maison de couture en 1857 à Paris – tandis que les Grands magasins sont en plein essor : Au Louvre, Au Bon Marché, Au Printemps… Quant aux Expositions universelles de 1855 et 1867, elles reflètent un Paris vitrine internationale de l’excellence.
Le final, avec la présentation de la Joaillerie – Mellerio dits Meller, Morel, Cartier, Boucheron –, consacre brillamment Paris dans son rôle de capitale de l’élégance et du luxe.

L'exposition se clôt sur la pérennité du style Second Empire au cinéma avec Lola Montès de Max Ophuls et Ludwig de Luchino Visconti ainsi que par quelques photos de mode contemporaine.

Qu’est-ce que la crinoline ?

À l’origine un jupon d’étoffe raidie de crin, la crinoline devient en 1859 une cage armaturée de cerceaux métalliques dont le diamètre peut atteindre 180 cm. Sa forme évolue de ronde à projetée (volume vers l’arrière) pour se transformer en tournure ou en pouf (coussin sur les reins) à partir de 1867.

Le parcours de l'exposition

Acte 1: LE BAL, LA COUR IMPERIALE
Après la morosité de la monarchie de Juillet, la vie mondaine se réorganise autour de la Cour. Des bals clôturent systématiquement la célébration des grands événements politiques du règne de Napoléon III. Symbole de la frénésie de vivre qui tire ses forces du capitalisme libéral en pleine expansion, le bal devient la grande affaire de la France impériale : il constitue pour de nombreuses familles une obligation sociale marquant l’année mondaine.

61er tableau: le bal

Du Second Empire on garde l’image d’une mode riche, d’une silhouette féminine volumineuse donnée par la robe à crinoline. Formée généralement d’une jupe et d’un corsage séparés, cette tenue est une accumulation d’ornements variés. Ainsi, les corsages sont habillés de franges et les jupes sont à volants multiples. Cependant la sobriété est encore de mise pendant les dix premières années du règne. La plupart des robes du soir présentées dans cette exposition ont des couleurs claires : rose, mauve, gris argent et un décor restreint. Ce sont les textiles – soit imprimés, soit tissés – qui en font tout le charme. A partir de 1860, tout en se diversifiant, l’ornementation des robes du soir est de plus en plus chargée, annonçant le style tapissier. On découvrira dans l’exposition quelques robes qui - avec leurs jupes superposées et leur décor en guirlande de fleurs artificielles ou de tulle bouillonné - sont représentatives du style de la mode dans la seconde partie du règne. Les robes du soir, dénudant épaules et bras, nécessitent le port de la « sortie de bal » qui peut prendre des formes différentes comme le talma (manteau) ou le burnous en forme de cape. La coiffure complète la silhouette. Elle est composée selon la nature de la soirée : un flot de rubans ou de barbes (dentelle), une couronne de fleurs naturelles ou artificielles en harmonie avec celles qui décorent la robe, un diadème, un faisceau de plumes… autant d’ornements qui se posent sur des cheveux savamment coiffés. Les bijoux sont bien sûr l’ultime parure: le bal est, avec l’Opéra, le moment où les femmes ont tout loisir d’exhiber leurs plus belles pièces. Parmi les créations propres au Second Empire, on citera les colliers et pendants d’oreilles inspirés de l’Antiquité - un engouement renforcé par l’achat de la collection Campana  par Napoléon III. Ajoutons à ce tableau, les accessoires comme l’éventail, le porte-bouquet, le carnet de bal et le mouchoir.

2ème tableau: l'impératrice Eugénie et la cour impériale

Acte 2: LA VIE MODERNE
1er tableau: autour de la femme

Modeler la silhouette. Le corset, la ceinture-corset moins rigide, la crinoline créent une nouvelle silhouette où dominent les courbes. La ligne de poitrine doit être adoucie par des coussinets cousus près de l’aisselle.

Les produits de beauté. La parfumerie et les cosmétiques sont un secteur en plein essor. La maison Guerlain obtient en 1853 la qualité de fournisseur de l’impératrice dont elle appose les armes sur ses étiquettes. Elle vend ses produits à Paris, en province et dans le monde entier. La femme doit impérativement protéger sa peau claire des rayons du soleil, elle utilise une crème comme en proposait Guerlain et porte une ombrelle. Pour exalter la pâleur du teint, cerner l’oeil de khôl - comme le pratique l’impératrice Eugénie - est à la mode.

La poupée de mode. Pour connaître la mode du Second Empire, il suffit d’ouvrir une malle de poupée, on y découvre une profusion de vêtements et d’accessoires qui reproduisent la garde-robe d’une jeune femme issue de la bourgeoisie fortunée, avec ses crinolines, sa tournure, ses sous-vêtements, ses robes, ses manteaux...

3572862ème tableau: les textiles de la nostalgie aux nouveautés techniques
Si le Second Empire manifeste une certaine nostalgie du XVIIIe siècle - en particulier dans les textiles avec les imprimés de style Pompadour, et les imprimés sur chaîne - se développent de nouveaux motifs imprimés ou tissés sur les cotonnades d’Alsace, et après 1860, les rayures et les carreaux sont très appréciés. La mécanisation de la production textile permet de répondre à la demande extraordinaire de tissus : en 1859, on utilise un métrage de près de dix mètres pour faire une jupe. Les progrès de la chimie conduisent à la mise au point de nouvelles teintures aux couleurs d’une violence inusitée. La mécanisation est aussi à l’origine de passementeries qui combinent plusieurs matériaux comme dentelle et perles, franges et dentelle, ruchés de gaze et plissés divers.

Franges et rubans. Au début de la période, les robes à volants multiples sont prétextes à ganses de velours, à petits bords de dentelle ou à liserés de franges. La passementerie en cordonnet, cordelette, guipure, glands, s’applique sur les robes en dessins géométriques et crée un contraste de couleurs. Les rubans sont tissés, veloutés, chenillés ; tous ces rubans évoquent les tissus rayés très prisés alors et se transforment en noeuds délicats ou en larges ceintures.
Dentelle. La mécanisation de la fabrication de la dentelle en modifie l’usage. On en porte du matin au soir et sur l’ensemble de la tenue, de la tête aux pieds. Les barbes, anciennes ou contemporaines, ornent la chevelure, des volants, et parfois une voilette, sont disposés sur le chapeau. Sur le corsage et plus encore sur la jupe ce sont encore et toujours des volants… quand la jupe n’est pas toute en dentelle. Même les chaussures en sont agrémentées ! Le point d’Alençon reste le plus prisé mais il est très onéreux, aussi lui préfère-t-on le point de gaze et plus encore la Chantilly noire, soit mécanique, soit faite à la main, dont raffolait l’impératrice ou encore la Blonde, en soie et qui est à la mode depuis la fin du XVIIIe siècle.

crinarticle3ème tableau: de la campagne à la ville
La construction des voies de chemin de fer favorisant l’avènement des « loisirs », c’est sous la monarchie de Juillet que les Parisiens fortunés prennent l’habitude d’aller au bord de la mer. La vogue des stations balnéaires et des villes d’eaux s’épanouit pendant tout le Second Empire. La bonne société se retrouve dans ces villes de province et reproduit la vie mondaine menée à Paris.
Excursions et villégiature. Dès 1858, lorsque les jupes atteignent des dimensions exagérées, puis lorsqu’elles se prolongent par une traîne, on recherche des solutions pour faciliter la marche. On ressuscite alors les jupes retroussées du temps de la du Barry en tirant depuis la taille sur deux boutons reliés à un système de cordons passant par des anneaux cousus à l’intérieur de la jupe de manière à la remonter plus ou moins régulièrement. Cette « jupe à tirettes » combinée avec un boléro ou un paletot large assorti forme le petit costume, idéal pour les excursions ou les villégiatures. Nommé par la suite ensemble, le petit costume est l’ancêtre du tailleur. Il sera adopté à la ville pour la journée mais le petit costume ne sied pas pour rendre ou recevoir une visite.
En ville. Pour adapter leur tenue aux circonstances de la vie mondaine ou privée, les dames de la bonne société doivent se changer jusqu’à cinq fois par jour. Pour gagner du temps, elles ont recours aux « robes à transformation ». Une même jupe pouvait avoir plusieurs corsages : le premier fermé haut pour le jour, le second largement décolleté pour le bal ou l’opéra. Si la femme n’a pas un troisième corsage moins décolleté pour le dîner, le concert ou le théâtre, elle se couvre la poitrine d’un fichu, d’une guimpe, ou d’un boléro. C’est en dénudant plus ou moins son corps que la femme témoigne de l’importance de l’événement mondain auquel elle participe.
Les accessoires. Le goût pour les bonnets, les résilles, les fanchons montre bien la passion des élégantes pour « les modes » et explique le succès des modistes parisiennes. Le chapeau emblématique de ces années est « la capote ». Le sac n’est plus seulement le petit réticule orné de perles d’acier, on crée un modèle de voyage d’ailleurs vendu dans les grands magasins. L’ ombrelle est comme l’éventail un objet de parure. S’ils ont tous deux un aspect pratique, ils permettent aussi de jolies attitudes.

07mActe 3. COMMERCIALISATION DE LA MODE
La commercialisation connaît une profonde mutation avec l’essor des grands magasins, d’une part, et l’avènement de la haute couture, d’autre part. Les premiers, très performants, symboles du développement économique du Second Empire, précèdent la haute couture dont l’organisation se met lentement en place.

1er tableau: les grands magasins
2ème tableau: expositions universelles et notoriété des marques.
Les expositions universelles de 1855 et 1867
. Vitrines des industries d’art auprès du public français et  international, ces expositions valorisent les savoir‑faire parisiens. « La véritable prospérité de notre pays repose sur le développement progressif de ses industries naturelles, c’est-à-dire de tous les arts sur lesquels l’habileté de la main et la pureté du goût peuvent exercer leur influence » Auguste Blanqui.

Haute couture et internationalisation des marques

3ème tableau: Paris, capitale du luxe
Le Second Empire voit le triomphe d’une bourgeoisie fortunée qui affiche un goût immodéré pour le faste. Elle mène grand train, organise des fêtes aussi brillantes qu’à la cour et fait la
renommée de Paris, où se concentrent les industries et les meilleurs artisans du luxe.
Bijoux. Au contraire du régime précédent où l’ostentation n’était guère de mise, les femmes du Second Empire se couvrent de bijoux extraordinaires. Le marché de la joaillerie se développe avec l’arrivée en 1856 de saphirs et de rubis en provenance de Birmanie et en 1861 des pierres du Siam.

Articles de luxe. A l’occasion des mariages, les familles fortunées commandent des objets précieux tels que châles en cachemire, pièces en dentelle d’Alençon, éventails en pierres précieuses, souliers des meilleurs bottiers.

Le glossaire

2811uneArticles de Paris : petits bijoux et divers articles « souvenirs ».
Barbes : on appelle ainsi les deux pans de dentelle qui sont fixés à la coiffure.
Blonde : dentelle de soie mécanique ou faite à la main.
Boléro : petite veste courte avec ou sans manches inspirée par le costume andalou.
Bouillonné : partie d’étoffe prise entre deux rangs de fronces.
Burnous : cape à capuchon terminé par un gland, inspiré du vêtement du même nom d’Afrique du Nord, généralement porté comme cape du soir.
Capote : chapeau emboîtant avec une passe (bord au-dessus du front) plus ou moins haute, un bavolet sur la nuque, il est retenu par des brides en ruban.
Ceinture-régente : nom donné à une forme de corset court et souple.
Chemise de jour : premier vêtement que l’on enfile pour s’habiller. Décolletée largement et à petits mancherons, la chemise descend jusqu’aux genoux, elle protège la peau de la dureté des baleines
du corset.
Cocodette : femme à l’élégance provocante qui cherche l’aventure dans les lieux publics, elle monte sur des vélocipèdes et porte volontiers des robes courtes et des bottines à talons. Son pendant masculin est le Cocodès, élégant affectant le style étranger.
Cocotte : synonyme de femme entretenue. La cocotte est une femme
à l’élégance tapageuse et le personnage devient un sujet littéraire dès 1868. Nana de Zola en est l’exemple le plus célèbre.
Crevette : jeune femme cherchant l’aventure dans les bals publics, porte des modes excentriques. Son équivalent masculin est le Petit crevé, jeune élégant blasé s’habillant étriqué et à l’anglaise.
Crinoline : à l’origine un jupon d’étoffe raidie de crin, la crinoline devient en 1859 une cage armaturée de cerceaux métalliques dont le diamètre peut atteindre 180 cm. Sa forme évolue de ronde à projetée (volume vers l’arrière) pour se transformer en tournure ou en pouf (coussin sur les reins) à partir de 1867.
Dentelles : portent les noms de leur ville d’origine ou de commercialisation Malines, Bruxelles, Le Puy, Bayeux, Alençon, Chantilly, Cluny.
Fanchon : pointe d’étoffe que les femmes mettent comme coiffure sur leur tête en la nouant sous le menton.
Garibaldi : ample corsage de couleur rouge inspiré par la chemise des partisans de Garibaldi, à la mode en 1862.
Guimpe : parure pour garnir le décolleté des robes de ville, la guimpe est un plastron formant dos. En linon ou en mousseline, cette pièce de lingerie est souvent agrémentée de plis et d’un col brodé.
Magasin de nouveautés : prédécesseur du grand magasin, le magasin de nouveautés met au point dès les années 1820 des techniques de vente modernes : le prix fixe et affiché, la reprise de la marchandise… et propose à la clientèle des articles de confection - manteaux et paletots - ainsi qu’une grande diversification des rayons.
Magenta : couleur rouge à l’aniline nommée ainsi après la bataille de Magenta de 1859.
Manche pagode : manche évasée des robes de ville de 1850 à 1860 s’arrêtant à mi- bras portée ou non avec des manchettes de lingerie.
Manchette : manches de lingerie évasées ou bouffantes sur un poignet boutonné qui garnissent les avant-bras sous les manches pagode des corsages de ville.
Mantelet : vêtement de dessus porté sur les épaules, avec ou sans manches et descendant plus bas que la taille.
Ombrelle marquise : petite ombrelle à manche pliant.
Panache (éventail) : partie extérieure d’une monture protégeant l’éventail lorsqu’il est fermé.
Pantalon : culotte de dessous, fendue entre les jambes, avec une coulisse à la taille et dont le bas est orné de volants ou de revers brodés.
Polonaise : jupe se retroussant par des tirettes ou des drapés sur une jupe de dessous, parfois de couleur différente, à la mode à partir de 1867.
Porte-bouquet : accessoire de bal ou de théâtre que l’on tient à la main. Fait d’un manche en orfèvrerie pour petit bouquet rond maintenu par une pique tenue par une chaînette.
Robe péplum : robe du soir sans crinoline évoquant les robes antiques avec un corsage court et décolleté en carré, sans manches, et un effet de sur-jupe avec des pans évoquant les tuniques grecques, à la mode à partir de 1866.
Ruché : bande d’étoffe étroite, plissée ou froncée, souvent placée en bordure et qui sert de décor.
Saute-en-barque : paletot court et évasé souvent assorti à la jupe.
Sortie de bal : sorte de cape ou de pèlerine ouatinée ou doublée de
fourrure que les femmes mettent en sortant du bal.
Soutache : galon plat cousu sur l’étoffe d’un vêtement pour y former des dessins ornementaux.
Talma : manteau long en drap ou en dentelle.

Exposition du 29 novembre 2008 au 26 avril 2009. Musée Galliera. 10, avenue Pierre 1er de Serbie – 75116 Paris

photos P. Ladet and C. Pagnol/Galliera/Roger-Viollet

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