Francis Picabia (1879-1953), L’Espagnole, vers 1925-1926
Francis Picabia (1879-1953), L’Espagnole, aquarelle, encre et crayon sur papier, vers 1925-1926, 61 x 43 cm. Estimation : 40 000/50 000 €.
Ne vous laissez pas leurrer par ce joli minois signé Francis Picabia. Non, le peintre de toutes les métamorphoses ne rejoint pas ici les rangs du classicisme, mais bien au contraire - dans un genre qu’il affectionne, la dérision - le dénonce. Cette démarche dadaïste s’inscrit dans une réflexion plus globale de l’artiste sur la finalité de la peinture, et de l’art en général. On l’a connu impressionniste, peignant à la manière de Pissarro, voici donc le Picabia ingresque. Non sans ironie, le peintre emprunte cette fois au maître de Montauban ses lignes et ses délices de chair. Les premiers clins d’oeil à l’oeuvre de Dominique Ingres, déclinés dans la série des "Espagnoles", datent du début du siècle et coïncident avec un voyage à Séville. Il les exposera notamment à la galerie Dalmau de Barcelone, en 1922. Arnauld Pierre, auteur d’un "Picabia contre le retour à l’ordre" publié dans le catalogue de l’exposition du musée de Grenoble en 1997, Francis Picabia : les nus et la méthode, démontre pourquoi ses premières Espagnoles doivent tout aux sujets d’Ingres. À Madame de Senonnes, Madame de Moitessier, ou encore à Madame Aymon (la belle Zélie), Picabia reprend l’ovale du visage, le cou ondoyant, les yeux en amande... qu’il agrémente d’accessoires de pacotille, au point de les travestir. Une manière très picabienne de dire son refus d’un retour à l’ordre cher à l’idéologie de l’après-guerre, et à un certain Picasso.
Deuil-la-Barre - Montmorency, mardi 7 avril. Hôtel des ventes de la vallée de Montmorency SVV.