Féria d'Arles - Mehdi Savalli triomphe, après une faena sérieuse face au dernier Victorino Martin
Lundi 13 AVRIL. Quatrième et dernière corrida de la Feria de Pâques. Après-midi.
Temps enfin splendide. ¾ entrée.
6 toros de Victorino MARTÍN (12 recontres à la cavalerie ; tous applaudis à l’arrastre, excepté le 2e, qui a reçu une division d’opinions ; 4e, ovationné), bien présentés et finement armés (plus sérieux de morphologies les trois derniers exemplaires), inégaux en bravoure et en tempéraments (les plus braves et francs dans leurs charges contre les groupes équestres furent les 2e, 3e et 6e), donnant un jeu fort inégal (les meilleurs pour le toreo furent les 4e et 6e exemplaires, qui baissèrent idéalement la tête dans la muleta ; 3e, maniable tout en restant attentif ; 5e, maniable uniquement à droite ; 1er et 2e, plus courts de charges et tobilleros), pour Antonio FERRERA (sang & or) : ovation et une oreille, Manuel Jesús Cid « EL CID » (bleu nuit & or) : silence et silence, Mehdi SAVALLI (bleu roi & or souligné de noir) : applaudissements après un avis et deux oreilles.
Présidence : M. Jacky Boyer, assisté de MM. Mas et Varbédian. Durée de la course : 2h18.
- Mehdi Savalli a dédié le 6e toro à son père, Enzo Savalli.
- Mehdi Savalli est sorti en triomphe par le Grand escalier des arènes d’Arles.
Féria d'Arles 2009 reportage vidéo - www.corrida.tv (54 Mo)
Si depuis quarante ans déjà les toros de Victorino jouissaient d’une réputation unique, il aura toutefois fallu attendre l’émergence du Cid pour que celle-ci acquière sa véritable dimension. Très durs lorsqu’ils le sont, les albaserrada de Victorino peuvent être aussi très nobles, à condition de savoir les toréer. Cela, on le savait. Ce que l’on savait moins, parce que peu de toreros avaient osé s’aventurer là où on le découvre, est que même les toros les plus durs de Victorino possèdent ce soupçon de noblesse qu’une muleta savante peut faire fructifier. Mieux qu’aucun autre torero, le Cid a trouvé le sitio exact et le rythme précis grâce auxquels l’agressivité rugueuse des albaserradas peut être modelée et donner naissance à des oeuvres majeures parce que réalisées face à des toros sans concession. Dresser la liste des triomphes du Cid face aux toros de Victorino serait fastidieux et il suffit de rappeler que toutes les grandes arènes en ont été le théâtre, Madrid et Séville en tête, mais surtout Bilbao où, en 2007 (photo ci-contre), il en combattit seul six exemplaires, remportant peut-être le triomphe le plus important à ce jour d’une carrière qui en est riche. Depuis, le Cid a décidé de ne plus se prodiguer comme auparavant face aux toros de Victorino, réservant ses apparitions face à eux à quelques scènes prestigieuses pour y créer l’évènement.
Spécialiste de ces toros, Antonio Ferrera l’est aussi évidemment, à tel point que l’an passé il en combattit pratiquement tous les lots et triompha à diverses reprises. Ses arguments sont différents de ceux du Cid, après qui il est, sans contestation possible, le meilleur spécialiste de cet encaste particulier, et l’un des rares à oser les banderiller en prenant tous les risques.
Pour Medhi Savalli le pari est osé : se mesurer en même temps à ces toros atypiques et aux meilleurs toreros qui les affrontent habituellement est un double challenge que l’on sait l’arlésien capable de remporter, ce qui lui permettrait de lancer ce que l’on peut considérer comme la seconde partie de sa carrière. Devant son public c’est en tous cas ce que Mehdi aura à coeur de faire, afin de donner un prolongement heureux aux espoirs que son talent a fait naître dans sa ville et au-delà, avec, pourquoi pas, l’objectif à moyen terme de se consolider dans un créneau exigeant pour lequel il possède toutes les qualités.
6 Toros de VICTORINO MARTIN
Devise : bleue et rouge.
Señal : “hoja de higueras” aux deux.
Finca : "Las Tiesas de Santa Maria" Portezuelo
Ancienneté : 29 mai 1919
De Lesaca au Marquis de Saltillo, puis à celui d’Albaserrada, aux Escudero Calvo et enfin à Victorino Martin, les “toros gris” n’ont changé en deux siècles ni leur physique ni leur manière d’embister, même si l’on peut être persuadé que c’est entre les mains du “sorcier” qu’ils connaissent depuis quarante ans leur meilleur moment.
Antonio Ferrera est né à Ibiza le 19 février 1977 et a pris l’alternative à Olivenza le 2 mars 1997 face aux toros de Victorino Martin des mains de Ponce et Pedrito de Portugal. En 2008 il a toréé 58 corridas, coupé 116 oreilles et 13 queues.
Jésus Manuel Cid “El Cid” est né à Séville le 10 mars 1974 et a pris l’alternative à Madrid le 23 avril 2000 des mains de Luguillano et Finito de Codoba face à des toros de José Vazquez. En 2008, il a participé à 89 corridas, au cours desquelles il a coupé 100 oreilles et 3 queues, se classant second de l’escalafon.
Mehdi Savalli est né à Arles le 1er novembre 1985 et y a pris l’alternative le 8 septembre 2006 des mains de César Rincon et Juan Bautista, toros de Antonio Bañuelos. Depuis cette année il est apodéré par Denis Loré.