De Thomire en passant par l'Espagne, l'Angleterre au Japon: le XVIIIème siècle chez Thierry de Maigret SVV
Paire de consoles en bronze ciselé doré à l’or mat, l’or brillant et l’or vermeillé, décor d’entrelacs, de rosaces et d’amours supportant le plateau, pots-pourris à l’entretoise et plateau de marbre blanc. Attribuée à Pierre Philippe Thomire, fin XVIIIe ou début XIXe, 82,2 x 108 x 31 cm. Estimation : 600 000/800 000 €.
Superbe Robe à la française, époque Louis XV, soie, vers 1755-1760. Estimation : 4 000 - 6 000 €
Lampas liseré, fond vert à semis de petits chevrons, orné de branches serpentines à fleurs épanouies et en boutons, blanc effet argent. Dimensions : buste 82 cm, hauteur du manteau 155 cm.
Cette robe qui n'a jamais été modifiée est composée d'un manteau ouvert à parements de larges falbalas bouillonnés en méandres soulignés d'une passementerie de soie crème, plis plats dans le dos dit « à la Watteau », manches en pagode à deux volants permettant d'apprécier l'effet « positif-négatif » de cette précieuse étoffe. Contrairement à l'usage qui par souci d'économie faisait que les parties non visibles de la jupe étaient taillées dans une étoffe plus commune, le jupon galonné de soie à la taille fendu de chaque côté pour atteindre les poches est ici intégralement confectionné dans le même lampas, ainsi que la pièce d'estomac d'origine, doublée de taffetas vert, que l'on fixait à l'aide de points d'aiguille sur le corps à baleine. Etat superbe de cette robe en trois parties dont l'étoffe lourde en soie tissée à Lyon a conservé son craquant, sans usure ni décoloration. Des traces de fils au bas de la jupe indiquent sans doute l'emplacement d'un ancien agrément (peut être une dentelle) décousu.
Provenance : Soigneusement conservée à l'abri de la lumière pendant plus de deux siècles dans la descendance directe de sa propriétaire, cette robe a été authentifiée comme ayant appartenu à Mademoiselle Claire, Elizabeth Cabane de Camont de Saint Auban les Alès qui avait épousé en avril 1755 Antoine de Ramel (1710-1791), Seigneur de Laurazède et Co-seigneur de Saint Aban les Alès, Député aux Etats du Languedoc, Conseiller du Roi, Comte du Palais apostolique et de la cour de Latran sous le pape Pie VI et chevalier de l'éperon d'or
Exceptionnel habit d'apparat « à la française », Ier Empire. Estimation : 4 000 - 5 000 €
Velours frisé, liseré à pastilles bleu canard très richement brodé au passé empiétant de bouquets de fleurs et de plumes, en fils de soie polychrome et chenille, filé or ou argent avec rehauts de paillettes et cannetilles or et argent, perles de verre taillées en diamant formant le coeur des fleurs. Manches ajustées formant une carrure étroite, un galon en cannetille argent borde intégralement le haut col montant, les pattes des poches en forme, les parements des manches, la fente médiane à double plis des basques et les pans de l'habit complet de ses 16 boutons brodés en soie et cannetille argent. Sur la poitrine, sept petites brides en soie verte permettaient d'arborer médailles et décorations.
Etat superbe de cet habit qui illustre le retour en force des somptueuses tenues de cour de l'Ancien Régime dans un Empire qui renoue avec l'apparat. Voir la reproduction et les détails pages 13 et 21 La luxuriance et la qualité de la broderie florale en camaïeu or et argent rappelle celle des ateliers de Jean François Bony qui firent sensation lors du sacre de Napoléon en 1804
Attribué à Juan de la CORTE (1597 - 1660) La partie de Jeu de paume devant un palais espagnol. Toile 76 x 122 cm. Estimation : 15 000 - 20 000 €
Dans notre tableau le jeu pratiqué est une des nombreuses dérivations du jeu de paume. Au XVIIème siècle, divers instruments de propulsion apparaissent. Les joueurs ici portent un gant, sorte de cylindre de bois hérissés de reliefs pyramidaux qui devait empêcher que le ballon dur dont on se sert ne glisse sur une surface trop lisse. L'acquisition d'un instrument de ce genre n'était pas à la portée de tous, c'est pourquoi ce divertissement est réservé à une certaine classe. Certaines rencontres prennent un caractère officiel en raison de la présence de hautes personnalités et de la remise de récompenses aux joueurs.
Beau coffre bombé, en laque noire et or, rehaussé de burgau, dit « namban », à décor de chariots animés d'oiseaux dans des branchages fleuris et feuillages, sur des fonds à dessins géométriques. Poignées latérales, écoinçons et charnières de cuivre gravé Japon, XVIIème siècle (légers manques) H : 41,5 - L : 89,5 - P : 32,5 cm. Estimation : 16 000 - 18 000 €
Rare paire de flambeaux, en bronze ciselé et doré et patiné. Travail russe, vers 1800. Estimation : 12 000 - 18 000 €
Les fûts ornés de rosaces et de feuilles de lotus, supportent des bougeoirs cassolettes en forme de lampe Antique à aigle et flamme stylisée. Les bases à piétement tripode, soulignées de têtes de bélier, d'urnes et de rinceaux feuillagés (très léger manque) H : 38 - L : 12,5 cm.
Cabinet en placage de bois indigène à décor marqueté de masques ou oiseaux fantastiques soulignés d'encadrements et de rinceaux feuillagés. Travail indo portugais du XVIIIème siècle. Estimation : 20 000 - 30 000 € Les yeux et certaines parties du décor en ivoire ou en os. Il ouvre par quatorze tiroirs sur cinq rangs. La partie inférieure présente un large tiroir ; montants à bustes d'indigènes sculptés en ronde bosse (manque certains boutons ou serrures) H : 116 - L : 86 - P : 48 cm. Rare ensemble de cinq consoles en bois finement sculpté et doré sur des fonds rechampis crème. Attribué à Georges Jacob Epoque Louis XVI. Estimation : 140 000 - 180 000 € Les traverses ornées d'une frise à palmettes et feuilles d'acanthe crispées soulignées d'un rang de godrons et de perles. Les pieds en console à large enroulement, soulignés de rosaces et graines feuillagées se terminant en gaine à larges palmes. Entretoise en dessin géométrique ajouré à palmettes présentant au centre un petit chapiteau central (manque). Il comprend deux paires de consoles dont une en demi-lune, une autre rectangulaire et une dernière formant desserte. Plateaux de marbre gris Sainte Anne et bleu Turquin Desserte : H : 89 - L : 150- P : 61,5 cm Console rectangulaire : H : 89 - L : 100 - P : 51 cm Console demi lune : H : 89 - L : 88 - P : 58 cm. La paire de consoles demi-lune présente des cotés et des marbres rapportés car elles devaient être présentées dans des alcôves Les ensembles conservés de meubles de menuiserie de cette importance sont rarissimes. En effet, avoir pu conserver au fil des siècles une suite de cinq consoles de cette qualité d'exécution est quasiment un fait unique dans les arts décoratifs français du XVIIIème siècle. Le plus souvent, ils ont été dispersés au gré des ventes aux enchères et des successions, puis parfois reconstitués en partie. Tel est notamment le cas de l'ensemble de sièges et de consoles commandé au milieu du XVIIIème siècle, probablement à Michel Cresson, par Louis II du Bouchet marquis de Sourches (1711-1788) pour le grand salon du château d'Abondant (Eure-et-Loir). Important mobilier de salon comprenant un canapé corbeille et six fauteuils à dossier plat, à la Reine, en hêtre très finement mouluré et sculpté de fleurettes et feuillages. Les accotoirs nervurés à enroulement. Pieds cambrés à chute fleurie. Ceintures chantournées Attribué à L. DELANOIS Epoque Louis XV. Estimation : 70 000 - 90 000 € Très belle garniture en tapisserie d'Aubusson aux fables de La Fontaine à décor dans des cartouches d'animaux sur des contrefonds crème à guirlandes de fleurs et feuillages sur fond brun, de la même époque : Le corbeau et le renard, Le renard et la cigogne, Le cerf et la vigne, Les deux pigeons, Le lion et le rat, Le boeuf et le chien (?), L'aigle et la pie, L'ours et l'amateur des jardins, La grenouille qui se veut faire aussi grosse que le boeuf, Le loup et le chien, Le chèvre et le bouc (?), Le cerf se voyant dans l'eau, Le loup devenu berger Canapé : H : 112 - L : 202 - P : 80 cm Fauteuil : H : 98,5 - L : 72,5 - P : 59 cm Louis Delanois (1731-1792) est un artisan en sièges parisien reçu maître le 27 juillet 1761. L'ensemble de son oeuvre se distingue par la très grande qualité d'exécution de ses sièges et par la capacité du menuisier à renouveler les formes et à créer de nouveaux modèles. Ses talents lui vaudront une grande notoriété et lui assureront d'importantes commandes, citons notamment les sièges qu'il livre au comte d'Artois, au prince de Condé pour le Palais-Bourbon et son château de Chantilly, au duc de Chevreuse, et surtout à la comtesse du Barry qui est pendant plusieurs années sa meilleure commanditaire et pour laquelle il réalise quantité de sièges, aussi bien pour ses appartements versaillais, que pour son pavillon de Louveciennes. Toutefois, bien qu'il réussisse à travailler à l'étranger, notamment en Russie, et qu'il devienne un très riche propriétaire dès le début des années 1770, il connaîtra de graves problèmes financiers. Acculé, il doit céder son atelier à son confrère menuisier Martin Jullien et se déclare en faillite quelques années plus tard. De nos jours certains de ses plus beaux sièges sont conservés au Musée du Louvre à Paris et au Metropolitan Museum de New York. Rare mobilier de salon comprenant une paire de canapés d'alcôve et huit fauteuils. Attribué à Jean Baptiste Claude SENE Epoque Louis XVI. Estimation : 80 000 - 120 000 € Ils sont à dossier cabriolet en médaillon, sculptés et dorés en profils inversés d'une frise de feuilles d'acanthe soulignés d'un rang de perles. Les assises ovales en forme d'écusson sont ornées sur les traverses de feuilles de chêne et glands rubanés. Supports de dossier à feuilles d'eau crispées. Supports d'accotoirs à frise de piastres et enroulements de feuilles d'acanthe. Dés à rosaces ; pieds fuselés à cannelures à asperges. (restaurations d'usage et renforts) Garniture de velours vert frappé de feuillages ou bordeaux (pour deux fauteuils) Fauteuil : H : 88,5 - L : 67 - P : 67 cm Canapé : H : 99 - L : 169 - P : 68 cm Elégance de la composition, équilibre des proportions et raffinement de la sculpture peuvent qualifier cette suite de sièges qui témoigne de l'aboutissement des recherches stylistiques des menuisiers du dernier tiers du XVIIIème siècle. Leur dessin général pourrait être rapproché des réalisations de certains menuisiers réputés de cette période tels Claude Chevigny, Jean-Baptiste Boulard, Jean-René Nadal ou Georges Jacob. Concernant ce dernier notamment mentionnons les similitudes qu'ils existent avec un fauteuil du menuisier conservé au Musée des arts décoratifs à Paris (reproduit sur la couverture et page 128 de l'ouvrage de Guillaume Janneau, Le mobilier français, Les sièges, Paris, 1993). Toutefois il convient, de préférence, d'attribuer les sièges proposés au rival direct de Georges Jacob à cette époque : Jean-Baptiste- Claude Sené. Rare pot a feu ou athénienne en bronze très finement ciselé et patiné, le couvercle repercé à décor de palmettes, rinceaux, cannelures et godrons. Travail anglais d'époque Georges III. Estimation : 45 000 - 50 000 € La panse ornée d'un masque de satyre dans des encadrements à perles et rinceaux à fond amatis ; piètement tripode à masques à l'Antique ; encadrement de tresses, perles et médaillon. Entretoise à entrelacs. Base de marbre blanc mouluré. H : 55 - D : 31 cm. Provenance : - Probablement commandé par William, 2ème comte de Bessborough pour Parkstead. - Puis par descendance, soit vente Christie's, House Sale, 1801, lot 50, soit collection des comtes de Bessborough à Stansted dans le Hampshire (Sotheby's, 5 octobre 1999, lot 32). Librement inspiré des trépieds antiques mis à jour lors des fouilles des cités antiques romaines de Pompéi et d'Herculanum, ce modèle de « trépied à l'antique » ou athénienne, fut particulièrement en vogue dès la seconde moitié du XVIIIème siècle. Quelques artistes en firent des interprétations, notamment Eberts en France et Piranèse en Italie (voir Giovanni Battista Piranesi, Diverse Maniere Dadornare I Cammini, 1769 et Vasi, Candelabri, Cippi, Sarcofagi, 1778 ; ainsi qu'un ouvrage plus tardif de H. Moses, A collection of Antique Vases, Altars, Paterae, Tripods, Candelabra, Sarcophagi..., publié en 1814). La composition de l'athénienne présentée peut être attribuée à l'architecte anglais James Stuart (1713-1788), célèbre notamment par son ouvrage intitulé Antiquities of Athens publié en 1762. Stuart s'inspire librement de la forme d'un vase olympique adapté à un monument grec, appelé populairement la lanterne de Démosthène. Par la suite l'architecte déclina ce motif en l'introduisant notamment dans la réalisation des décors du salon de Spencer House à Londres (voir J. Friedman, Spencer House, Londres, 1993) et de candélabres en bronze doré qui appartiennent toujours à la collection du comte Spencer à Althorp House dans le Northamptonshire. Le dessin original est conservé au Musée Sir John Soane en Angleterre (Adam Mss Vol. 25, n°90), il correspond certainement au modèle de trépied conservé alors à Kedleston dans le Derbyshire, propriété de Sir Nathaniel Curzon (illustré dans N. Goodison, Matthew Boulton : Ormolu, Londres, 2002, p. 72, fig. 24). Le dessin fut réalisé par Robert Adam pour célébrer le mécénat de Sir Nathaniel Curzon qui fit certainement appel à James Stuart pour l'aménagement de Kedleston. Quelques autres exemplaires sont connus, citons particulièrement un trépied formant candélabres conservé à Kedleston Hall (illustré dans Goodison, op.cit., p.73, fig. 24) ainsi qu'une athénienne en bronze doré faisant partie des collections du Victoria and Albert Museum à Londres (reproduit dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, 1986, p.270, fig. 4.10.2). Le dessin de ces deux pièces est attribué à James Stuart et la réalisation au bronzier Diederich Nicolaus Anderson. L'athénienne présentée fut probablement commandée par William 2ème comte de Bessborough (1704-1763) pour Parkstead House dans le Roehampton. Toutefois, bien que cette personnalité était un grand collectionneur d'antiquités, qu'il souscrivit au premier volume de l'ouvrage de James Stuart et qu'ils étaient tous deux membres de la Society of Dilettanti, il n'y a pas de connexion vérifiées entre ces deux personnages. Notons toutefois qu'après sa mort, une vente aux enchères eut lieu en 1801 dans laquelle figurait : « An Essence Tripod of Metal, fron an elegant design of the Athenian Stuart with a Marble Altar ».