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Alain.R.Truong
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28 mai 2010

Pierre Gonnord, Témoins @ Centre photographique d´Ile-de-France, Pontault Combault

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Pierre Gonnord, Moisés, 2007. Photographie analogique couleur. 165 x 125 cm. Courtesy galerie Juana de Aizpuru, Madrid © Pierre Gonnord

Le travail photographique de Pierre Gonnord, qui s'articule essentiellement autour du portrait, occupe aujourd'hui une place singulière dans la photographie contemporaine. Sa pratique du portrait s'ancre dans une tradition photographique de la fin du XIXe siècle, mais s'en émancipe par le recours au format du tableau d'Histoire.

Pour autant, ce travail n'est pas le fruit d'une formation académique; son oeuvre photographique s'est construite sur un parcours libre de l'artiste à travers sa découverte des collections de musées. Aujourd'hui, Pierre Gonnord utilise cet appareil pour représenter des individus, dont les parcours ou identités culturelles ne sont pas conformes avec les représentations génériques portées par notre société, toujours soumises à l'uniformisation.

Par la photographie et son inscription dans le champ de l'art, Pierre Gonnord préserve le singulier, l'histoire personnelle et montre ceux que l'on voudrait nous cacher, voire évincer de l'Histoire en cours. Intitulée «Témoins», son exposition personnelle au Cpif rassemble des portraits, réalisés entre 2005 et 2008, de personnes issues d'horizons divers: gitans, émigrés, marginaux de toutes générations.

Dans ses photographies de très grand format, le sujet acquiert une incroyable présence, ne serait-ce que par le regard direct et intense des personnages qui nous font face. Ce regard est certainement la clé de voûte des portraits de Pierre Gonnord. Il n'est pas seulement «articulé à travers les yeux, mais configuré dans la totalité du visage. C'est ce visage, converti en regard, qui surgit autonome du fonds neutre pour nous affecter et nous raconter son histoire

L'un des fondements du travail est l'incarnation. L'anonymat social de ces personnes marginalisées est rompu par la représentation photographique, toujours accompagnée d'un prénom, qui met en avant leur possible valeur iconique. Les fonds unis et sombres, les éclairages subtils en clair-obscur, les poses parfois hiératiques renvoient immanquablement à l'histoire de l'art; on pense aux toiles de Vélasquez, du Caravage ou aux photographies de Nadar.

Pourtant, ceux qui nous regardent sont nos contemporains et Pierre Gonnord les convoque comme témoins de notre époque. À travers un dispositif très simple (un fond sombre, deux sources de lumière directe) et sans aucun artifice, les portraits de Pierre Gonnord parviennent à une magnitude qui nous fait expérimenter l'altérité.

Fondé sur l'idée qu'un portrait ne devrait jamais mentir, le protocole de travail de Pierre Gonnord s'inscrit dans une recherche d'intimité et un rapport empathique, conditionnels pour l'artiste de la puissance évocatrice des images. Ces portraits sont aussi le moyen d'accéder à quelque chose de plus essentiel: l'humanité.

«Je recherche mes contemporains dans l'anonymat des villes parce que leurs visages racontent, sous la peau, des histoires singulières et insolites sur notre époque. Ces hommes et ces femmes de tous âges, aux regards quelques fois hostiles, presque toujours fragiles et bien souvent blessés derrière l'opacité du masque, répondent à des réalités sociales bien particulières, des terrains psychologiques concrets mais aussi à une autre conception de la beauté et de la dignité. Je cherche également à approcher l'individu, inclassable et intemporel, des faits et des histoires qui se répètent depuis si longtemps.» Pierre Gonnord

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Pierre Gonnord, Ali, 2007 Photographie analogique couleur. 148 x 125 cm. Courtesy galerie Juana de Aizpuru, Madrid © Pierre Gonnord

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