Kandinsky, Hamanaka, Champaigne et les autres, Ventes de prestige du 8 au 24 juin à l'Espace Tajan et à l'Hôtel Drouot
Lors de notre vacation d’Art Moderne du 8 juin nous proposerons entre autres une œuvre exceptionnelle de Kandinsky, pour les Arts décoratifs le 9 juin outre Paul Dupré Lafon, André Arbus ou Eugène Prinz nous présenterons un guéridon de Katsu Hamanaka, pour les Tableaux Anciens des toiles de Hubert Robert, Eugène Boudin, Gustave Courbet ou encore le « Miracle de Saint Arnould » de Jean-Baptiste de Champaigne. Enfin notre vente de Mobilier et Objets d’Arts du 24 juin dispersera un bureau plat en marqueterie Boule, des faïences de Montelupo aux armoiries des Medicis et des Habsbourg et des pièces d’exceptions provenant de la Fondation Napoléon.
Wassily Kandinsky (1866-1944) Composition, 1941. Gouache sur papier. Signée du monogramme et datée "41" en bas à gauche, 47 x 31 cm. Estimation : 160 000/200 000 €. photo Tajan
Notre œuvre dessinée en 1941, alors que Wassily Kandinsky résidait à Paris, fut offerte, après la mort de l’artiste, par Nina Kandisky le 10 mai 1945 à Monsieur L. en remerciement de sa fidèle amitié et collaboration au sein de la galerie Jeanne Buchet. Précieusement conservée au sein de la famille jusqu’à ce jour, seul un croquis préparatoire de cette œuvre, répertorié aux archives Kandinsky du centre Georges Pompidou, rendait compte de son existence et contenait déjà les éléments président à la construction de notre dessin. Les éléments géométriques - rectangles demi-cercles et triangles - s’organisent autour d’un axe principal où domine une hélice solaire. En partie inférieure, des éléments architecturaux, temples, murs et lignes blanches, interfèrent dans la composition et créent une dynamique ascendante et descendante organisée autour d’un axe rotatif.
C’est en 1912, que l’artiste a, dans un premier ouvrage intitulé Du Spirituel dans l’Art, défini un langage esthétique fondé sur les correspondances et les fonctions expressives et symboliques des couleurs et des formes. Sa participation aux recherches du Bauhaus, dans les années 1920, le conduit à synthétiser, dans un second ouvrage théorique Point et ligne sur plan (1926), le développement de ses travaux.
L’interaction entre les trois couleurs primaires (les jaune, bleu et rouge) associées aux formes elliptiques présentes dans notre œuvre, témoigne du langage esthétique et spirituel du maître qui n’hésitait pas à affirmer que « la peinture est un art, et l’art dans son ensemble n’est pas une création sans but qui s’écoule dans le vide. C’est une puissance dont le but doit être de développer et d’améliorer l’âme humaine ».
Katsu Hamanaka (1895-1982) Guéridon circulaire en bois fruitier, laque cognac nuagé à l'arrachée, piétement formé de trois ailes fuselées profilées bordé d'un jonc inférieur, et terminé par des crosses, plateau supérieur circulaire à doucine inférieure, à décor de coquille d'œuf, signé. Estimation : 70 000/90 000 €. photo Tajan
Né au Japon, il étudie la peinture et la décoration intérieure avant de s'installer à Paris en 1924. Après sa rencontre avec son compatriote Sugawara, le maître de Jean Dunand, il devient à son tour un des spécialistes de la laque. Il réalise des panneaux décoratifs, des paravents ainsi que quelques meubles de lignes classiques avec la collaboration de plusieurs ensembliers tels que Leleu, Dominique, Adnet, Ruhlmann. Il expose sa production, au demeurant fort peu abondante et particulièrement raffinée, au Salon des Artistes décorateurs ainsi qu'au Salon d'Automne et dans diverses manifestations artistiques. Il utilise différentes techniques: laque polychrome, laque coquille d'oeuf, mosaïque de galuchat teinté de laque de couleurs, etc.
Jean Baptiste de Champaigne "Le miracle de Saint Arnould". Huile sur toile, 214,1 x 277,1 cm. Estimation : 60 000/80 000 €
Le miracle brassicole de saint Arnould
Né vers 580 à Lay-Saint-Christophe, Arnould est d'abord conseiller du roi Clotaire. En 612, il devient évêque de Metz avant de se retirer en ermite dans la forêt vosgienne où il rend l'âme en 640. L'année suivante, sa dépouille est rapatriée à Metz. Au cours du cortège funèbre, les porteurs sont assoiffés, la bière manque. Arrivés à l'endroit qui est aujourd'hui Champigneulles, ils implorent Arnould. Miraculeusement, les cruches se remplissent d'une bière excellente en si grande quantité qu'ils se désaltérèrent largement et qu'il en reste encore pour le lendemain. C'est ce miracle qui a fait de saint Arnould le patron des brasseurs. Sans doute se tenait-il dans la salle d'audience, ce 20 novembre 1998, quand le juge de police condamne le patron d'une brasserie pour refus de servir une bière à un consommateur, sous le faux prétexte d'une rupture de stock. En 627, repris par le goût de la solitude, il abandonne son évêché à son cousin, Saint Goëry, et rejoint près de Remiremont son ami Romaric qui vient de fonder l'abbaye colombaniste du Saint-Mont. Saint Arnould y meurt le 16 août 640.L'année suivante, en julllet 641,Metz revendique le corps de son évêque, Tout au long de la voie romaine de Bâle à Metz, le long cortège descend la Moselle jusqu'à la cité messine qui l'accueille en grande pompe. C'est pendant ce transfert qu'est accompli le Miracle de Saint Arnould. Un chroniqueur du XIIIème siècle raconte:
"Lors d'une halte, la provision de cervoise se trouva épuisée. Il n' y en avait plus qu'un reste au fond d'un vase. Ni vivres, ni rafarîchissements pour restaurer une si grande multitude. Le Duc Nothon, chef du cortège, adjura le bienheureux Arnould de pourvoir à la subsistance de son monde. Et la petite provision de cervoise de se multiplier miraculeusement. On parvint sans peine à déslatérer tout le monde, et ce soir et le lendemain."
Montelupo (faïence). Deux rares et importantes jarres (Orci Maiolicati) de forme balustre avec prises latérales à enroulements ornées de têtes de satyres. Beau décor camaïeu bleu sur l'épaulement dans le style " raffaellesche " broderie de rinceaux avec figures ailées, oiseaux et fleurettes d'esprit typiquement Renaissance ; à la base une frise alternée avec des motifs stylisés ; sur le corps des masques de satyres en relief permettent l'écoulement. Au sommet de chaque jarre sont placées les armoiries (de mariage) des Medicis et des Habsbourg, surmontées de la couronne ducale. Haut. 82 et 86 cm. Marque sur une jarre de Montelupo et sur l'autre jarre la marque de la famille Marmi (potier à Montelupo). Estimation : 15 000/20 000 €
On peut situer l'époque de ces jarres à la fin du XVIe siècle début du XVIIe siècle. Des modèles similaires de ces jarres sont conservées au Metropolitain Museum avec un décor un peu plus élaboré et situé quant à leur époque par le musée entre 1576 et 1600. Ils sont reproduit dans le catalogue " Capolavora della maiolica rinascimentale ; Montelupo fabbrica di Firenze 1400-1630 ". Référence du catalogue : Exposition à Florence 31 mai - 27 octobre 2002, p. 293 et 295. Dans ce catalogue on souligne le style en bleu et blanc proche de la porcelaine des Medicis. Cf. Dottore Fausto Berti, Ceramic Antica 2004, p.55, 60-62, fig. 21, 25 et 26.
La commande de ces jarres (Orci) a été probablement exécutée pour la Villa d'Ambrogiana des Medicis commence par François Ier de Medicis et terminée par Ferdinand Ier ; la conservation des liquides vin ou huile est suggérée mais la fonction décorative des jarres leur permettait d'être placées dans des entrées ou salons. La désignation pour les décors provient bien des décorations de fresques de Raphael qui mélangent chérubins, chimères, trophées militaires et instruments de musique enchevêtrés dans des méandres de branchages. Ce type de décor était très courant à Florence du temps de Vasari (1512-1574). Une interprétation des peintures romaines exécutées dans les grottes des sous-sols de Rome on donné le nom par extension de grotte " grottesche " (grotesque). On retrouve les motifs des grottesche dans la majolique de Faenza, Sienne, Castel Durante et Urbino.