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Alain.R.Truong
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1 juillet 2010

Pierre Soulages, «Brou de noix sur papier, 65x50 cm, 1955», 1955

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Pierre Soulages, «Brou de noix sur papier, 65x50 cm, 1955», 1955. photo Versailles Enchères Perrin-Royère-Lajeunesse

Encre et brou de noix sur papier signé et daté en bas à gauche, 65 x 50 cm. Estimation : 120 000 / 150 000 €

Provenance :
- Atelier de l'artiste
- Collection André Lefèvre, acquis auprès de l'artiste en 1957
- Collection particulière, Paris

Bibliographie : Sera reproduit dans le catalogue raisonné de l'œuvre de l'artiste «Soulages, l'œuvre complet, V, Peintures sur papier» en préparation par Pierre Encrevé

Certaines œuvres magistrales du passé n'auraient probablement pas vu le jour si elles n'avaient été réalisées sur papier. La force d'un tableau ne réside pas nécessairement dans l'importance de sa masse picturale. Il en va des œuvres d'art comme des sentiments. Certains pour se faire entendre ont besoin d'élever la voix, d'autres de murmurer et il se peut que ce soit le murmure qui se fasse le mieux entendre.

Le choix du papier, du brou de noix, de l'encre de chine, de la gouache en lieu et place de l'huile ou de l'acrylique n'est pas le fruit du « hasard » ; une sorte de peinture ‘à côté' mais une œuvre où le médium et le support ont leur mot à dire. Chacun sait que la force d'une œuvre tient à l'esprit que le peintre est capable d'insuffler à la matière. Pour cette œuvre de 1955, Pierre Soulages a eu besoin de fluidité, du glissement du pinceau sur le papier, de sa trace pour une homogénéité de la main et de la tête, indéchiffrable, indissoluble et inflexible. Ascétisme choisi délibérément pour obtenir des contrastes de valeur, des modulations de noirs allant de l'opacité à la transparence en épargnant les trouées de blancs. Pinceau plus ou moins chargé de couleurs plus ou moins diluées, rythmant les noirs en une symphonie plus proche du choc des résonances des instruments de percussions que d'une mélodie. L'apparente modestie de la gamme chromatique qui se veut lumière plus que couleur, la simplicité pigmentaire élèvent le chant de cette œuvre jusqu'à la plénitude d'une spontanéité vive et puissante.

Cette œuvre sans timidité, sans compromis, sans anecdote, sans a priori confidentiel, tire sa force d'elle-même, sans emprunt esthétique et sans présence extérieure. Franchise absolue d'une œuvre trop sincère, trop honnête pour être sereine comme trop saine, trop solide pour n'être qu'existentiellement et directement angoissante. Sa force vient du centre, du cœur, du rassemblement de tous les éléments picturaux et de l'extraordinaire pouvoir qu'a Pierre Soulages d'amener ses couleurs plus loin que leur mobile. Il semblerait que des forces cosmiques aient été captées dans le but d'offrir au spectateur une solution morale, antidote au monolithisme primaire d'un monde qui ne sent plus et ne veut plus voir. En règle général, l'art toujours provoque, inquiète, déstabilise. Dans cette œuvre, il exalte, par l'union du mouvement et de l'immobilité, par l'extension du temporel et de l'éternel. C'est dire la richesse de cette peinture sur papier qui a su digérer un glorieux artisanat et l'élever par l'esprit à ne plus être seulement matière visuelle. Comment donner à ce sentiment d'humanité, de plénitude, d'espoir que l'œuvre nous communique le plus pudiquement possible, une explication ? Impossible, même par la réflexion, de pénétrer ce phénomène. Et si par miracle il se trouva que cela fut possible, il n'en expliquerait pas le pouvoir.

Versailles Enchères Perrin-Royère-Lajeunesse - 78000 Versailles. Vente du Dimanche 4 juillet 2010. Hôtel des Chevau-Légers - 3, impasse des Chevau-Légers. Pour tout renseignement, veuillez contacter Olivier Perrin ou Gilles Frassi au 01.39.50.69.82

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