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Alain.R.Truong
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2 juillet 2010

Pierre Soulages, « PEINTURE 92 x 130cm, 13 SEPTEMBRE 1999 », 1999

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Pierre Soulages, « PEINTURE 92 x 130cm, 13 SEPTEMBRE 1999 », 1999. photo Versailles Enchères Perrin-Royère-Lajeunesse

Acrylique sur toile signée, titrée et datée au dos, 92 x 130 cm - Estimation : 150 000 / 200 000 €

Provenance : - Galerie Alice Pauli, Lausanne
- Collection particulière

Expositions : «Soulages», Galerie Lansberg, Paris, 2009, reproduit pleine page, page 63 du catalogue de l'exposition

Bibliographie : Sera reproduit dans un prochain volume du catalogue raisonné de l'œuvre de l'artiste en préparation par Pierre Encrevé

Pierre Soulages, en créant cette œuvre, a troqué la sécurité mentale pour le risque. Homme hors mesure, artiste tonique, il considère le monde, l'homme, la vie, l'action, comme un système ouvert sur l'infini ; l'ouverture étant une brèche dans l'insondable et le néant.

Agir, innover à l'intérieur d'un style sans se renier, sans se copier, sans se répéter, refuser la confortable sécurité de l'ennui est une remise en question de soi-même. Pour créer de la sorte, il faut être porté par une foi énorme en la peinture, être persuadé de son immortalité, la nourrir et s'en nourrir. Comment expliquer autrement que parvenu à la notoriété internationale, Pierre Soulages n'éprouve pas le besoin de se reposer ? Inventer, prendre des risques, se colleter avec les forces extraordinaires de la matière picturale jusqu'à la soumettre à son propos, dénote une vitalité hors du commun. Combien faut-il de force mentale et physique pour y parvenir en innovant toujours et toujours !

Regardons cette œuvre si aboutie et si nouvelle, maçonnée de noir intense et d'un peu de blanc. Le noir domine en quantité et occupe la plus grande partie de la surface peinte, et pourtant ce n'est pas l'élément qui produit l'impression la plus forte. Si paradoxal que cela puisse paraître, le noir est ici, un moyen pour créer une lumière, lumière qui s'impose par l'ombre dont elle naît.

Le résultat est que l'on voit beaucoup de blanc alors qu'il y en a fort peu sur la toile et inversement, peu de noirs alors qu'il est majoritaire. Ce phénomène vient d'une tendance de l'esprit à égaliser les impressions reçues par l'œil. C'est l'esprit seul qui pour égaliser les impressions premières, augmente le clair en lui donnant plus d'importance et par voie de conséquence atténue le noir. On finit même par oublier le noir et ne plus voir que le blanc qui devient éblouissant, à la manière de ces rais de lumières perçant violemment les obstacles chargés de les soumettre. La lumière traversante va acquérir une intensité qu'elle ne possédait pas, noyée dans la réalité claire de l'extérieur. Ainsi, face à ce tableau, le spectateur est tenu de sortir de son rôle passif de regardeur pour que son imagination entre en action, inversant les données sensorielles, et devienne actif. La loi du nivellement des impressions fini par créer un tableau imaginaire où les proportions sont inversées, amenant le plus mince des éléments picturaux à être le plus présent. Les proportions étant devenues différentes, le noir va devenir le créateur de la lumière. En fait les masses sombres ne disparaissent pas complètement, mais constituent des entités que l'on compare pour tenter de les définir. À cette fin, le regard va du noir au blanc et, en se déplaçant, crée un mouvement dont rien dans le tableau ne semblait au début pouvoir donner l'impression.

Le mouvement imaginaire, l'inversion des plans, suggèrent une limite à l'infini du monde. Pour s'en libérer, il faut donc développer son imagination de telle sorte que l'image du tableau ne représente plus une limite mais soit à la mesure du monde.

Pierre Soulages avec cette œuvre démontre que la plus forte impression ne vient pas nécessairement de la masse physique des choses, mais que l'essentiel réside bien souvent dans la part infime de la vie. Le genre humain ne pouvant supporter trop de réalité, l'essentiel devient énigme.

Versailles Enchères Perrin-Royère-Lajeunesse - 78000 Versailles. Vente du Dimanche 4 juillet 2010. Hôtel des Chevau-Légers - 3, impasse des Chevau-Légers. Pour tout renseignement, veuillez contacter Olivier Perrin ou Gilles Frassi au 01.39.50.69.82

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