"France 1500, entre Moyen Âge et Renaissance" @ Galeries nationales Grand Palais
Jean Hey, L’Annonciation, vers 1490-1495, huile sur bois, 72 x 50 cm. The Art Institute of Chicago, Mr. and Mrs. Matin A. Ryerson Collection,1933.1062 © photography The Art Institute of Chicago 2010
L’exposition explore un moment de rencontres artistiques et d’effervescence créatrice sans précédent en France, et pourtant encore souvent méconnu.
Il s’agit de la première manifestation d’envergure consacrée à la période charnière constituée par les règnes de Charles VIII (1483-1498) et de Louis XII (1498-1515), dominée par la personnalité d’Anne de Bretagne, épouse successivement de ces deux rois. Époque de reprise économique, de croissance démographique, d’ambitions territoriales avec les fameuses guerres d'Italie, et d'un développement culturel placé sous le signe de l'humanisme, ce fut surtout un temps d’épanouissement comme de contrastes sur le plan artistique. Néanmoins ces mouvements restent souvent ignorés, à tel point que la plupart des ouvrages consacrés à l'art européen de la période ne mentionnent pas ou peu la France.
Jean Fouquet, Médaillon : Autoportrait, vers 1452, émail et camaïeu d'or sur cuivre,6,8 cm de diamètre. Musée du Louvre, département des Objets d’art, Paris © service presse Rmn/ Jean-Gilles Berizzi
A travers plus de 200 oeuvres magistrales et grâce à des études récentes, l’exposition permet donc de brosser un tableau plus juste de ce moment où la France se trouve à la croisée de nombreux chemins, tout en interrogeant les notions de tradition et de mouvement, de continuité et de rupture. Les oeuvres des plus grands peintres de la période font l'objet de quelques regroupements exceptionnels, ainsi par exemple des tableaux du Maître de Moulins, alias Jean Hey, le peintre « français » le plus célèbre de cette époque, grâce à des prêts prestigieux de Chicago, Munich, Bruxelles, Autun ou Paris. De remarquables ensembles de sculptures et de vitraux venus de toute la France, des tapisseries prêtées par des collections publiques ou privées d'Europe et des Etats-Unis, de rares pièces d'orfèvrerie complètent ce panorama. L'art du livre, manuscrit ou imprimé occupe une place majeure dans la production artistique du temps ; il est représenté dans ce panorama par quelques-uns de ses plus grands chefs-d'oeuvre, grâce notamment aux prêts généreux de la Bibliothèque nationale de France qui conserve un fonds d'une richesse unique pour cette période.
Suiveur de Nicolas Froment, Diptyque des Matheron, face et revers, vers 1479-1480 et ou vers 1485, huile sur bois, 17,7 x 26,8 cm. Musée du Louvre, département des Peintures, Paris © service presse Rmn/Frank Raux
Trois axes structurent l'exposition, permettant d'approcher au plus près et sous différentes facettes la création artistique de cette période :
Aux sources de la création : clients et artistes
Cette première section montre comment la rencontre entre amateurs d'art et artistes a été source de création. La France des années 1483-1515 se distingue par le nombre et la diversité des milieux artistiques fruits de ces rencontres, en une période où la capitale politique n'est pas la seule capitale culturelle mais où, au contraire, s'observe un foisonnement créatif dans tout le pays. Sans vouloir présenter un « tour de France » exhaustif, l'exposition met en lumière quelques foyers significatifs tels le Val de Loire, où séjournent les souverains, le Bourbonnais, stimulé par de grands princes, la Normandie, la Champagne, le Languedoc … où commandes individuelles et collectives suscitent la création.
Nef de Sainte Ursule, cornaline, argent doré et émaillé, 46 x 28 x 16,5 cm. Reims, Trésor de la cathédrale (dépôt au Palais du Tau) © CMN, Paris / Pascal Lemaître /Photos presse
Jean Perréal, Portait d'homme (Portrait présumé de Charles VIII), 1490-1495, tempera sur bois, inséré dans la couverture d'un livre d'heures fragmentaire, 23 x 14,5 cm. Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Manuscrits © BnF
Sainte Marie l’Egyptienne, vers 1490 (avant 1498), pierre (calcaire) et polychromie, 140 x 43 x 34 cm. Paris, église Saint-Germain l’Auxerrois, conservation des oeuvres d'art religieuses et civiles © Ville de Paris / COARC – Claire Pignol
Jean Bourdichon, Mise au tombeau, avant 1488, huile sur bois, 81 x 153 x 3,5 cm. église St-Pierre, Gonesse, Cl. M.H. 1927.© Conseil général du Val d’Oise – CAOA –Photo : Armelle Maugin
Tombeau des dauphins, enfants de Charles VIII, 1499-1506. Marbre de Carrare, 140 x 189 x 88 cm. Cathédrale Saint-Gatien, Tours, Etat-Direction Régionale des Affaires culturelles Centre, Cl. M.H. 1862 © Cathédrale Saint-Gatien, Tours, Ministère de la Culture et de la Communication
Jean Hey, Nativité au Cardinal Jean Rolin, vers 1480, huile sur bois, 56,6 x 74,4 cm. Autun, Musée Rolin © ville d'Autun, musée Rolin
Antoine Juste (Antonio di Giusti), Saint Jacques, terre cuite polychrome, 180 x 75 cm. Eglise de Gaillon, Cl. M.H. 1903 © cliché Inventaire général Haute-Normandie / Thierry Leroy
Jean Hey, Suzanne de Bourbon, 1492, huile sur bois, 27 x 16,2 cm. musée du Louvre, département des Peintures, Paris © service presse Rmn/Gérard Blot
Jean Hey, Saint soldat (saint Maurice?) et donateur, vers 1500-1505, huile sur bois, 58,4 x 49,5 cm. Kelvingrove Art Gallery and Museum. Prêté par Culture and Sport Glasgow au nom du Glasgow City Council © Culture and Sport Glasgow (Museums)
Jean Hey, Marguerite d’Autriche, vers 1490-1491, huile sur bois, 32,7 x 23 cm, prêté par The Metropolitan Museum of Art, Robert Lehman Collection, 1975 (1975.1.130)© The Metropolitan Museum of Art, Dist. service presse Rmn/image of the MMA
Jean Hey, Tête de jeune femme, vers 1480-1500, dessin, plume, encre brune et pierre, noire, 19 x 14,4 cm. Musée du Louvre, département des Arts graphiques, Paris © service presse Rmn/ Jean-Gilles Berizi
Guillaume II Leroy (enluminures), Traité sur les vertus cardinales Louise de Savoie en Prudence, vers 1510, peinture sur parchemin, 30 x 22 x 1,5 cm. Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Manuscrits © BnF
Notre-Dame de Grâce, vers 1470, calcaire polychromé, 112 x 75 x 38 cm. Toulouse, Musée des Augustins © Toulouse, Musée des Augustins/ Photo Daniel Martin
Saint Adrien, vers 1510, vitrail, 65 x 55 cm. Eglise Notre-Dame, Louviers, Cl. M.H.18461846 © cliché Inventaire général Haute- Normandie / Thierry Leroy
Attribué à Jean Barbe (activité connue à Rouen à partir de 1488-mort en 1533)Attribué à Jean Barbe (activité connue à Rouen à partir de 1488-mort en 1533), Crucifixion : le centurion romain reconnaît la nature divine du Christ,,vers 1502, vitrail, 86 x 53 cm. Rouen, Archevêché. Etat - Direction régionale des affaires culturelles de Haute-Normandie, cl. M.H. 1907 © cliché Inventaire général Haute- Normandie / Thierry Leroy
Partie inférieure d'une fontaine (détail). Normandie, début du XVIème siècle, sculpture en marbre, 235 x 122 cm. Musée du Louvre, département des Sculptures © service presse Rmn/ Gérard Blot
Narcisse à la fontaine, d’après le Maître des Très Petites Heures d’Anne de Bretagne, vers 1500. laine et de soie, 282 x 311 cm. Museum of Fine Arts, Boston. Charles Potter Kling Fund © Museum of Fine Arts, Boston
Saint Jean Baptiste en prière, vers 1500-1510, vitrail, 114,5 x 61,5 cm. Victoria and Albert Museum, Londres © V&A Images/Victoria and Albert Museum, London
L'image dans tous ses états
Alors que la récente invention de l'imprimerie permet la diffusion d'images et de motifs ornementaux sur une échelle jusque là inédite, les créateurs s'expriment sur des supports récents ou nouveaux, tels le livre et l'image imprimés mais aussi la médaille ou encore l'émail peint. Des artistes polyvalents interviennent sur livres manuscrits et imprimés ; les mêmes modèles sont employés pour l'illustration des livres ou pour fournir les cartons destinés aux vitraux ou tapisseries. La nouveauté ne se situe pas nécessairement là où nous l'attendrions : l’ornement gothique, à l’époque qualifié de « moderne », et celui issu des modèles de l’Antiquité romaine, qualifié d’« antique », connaissent l'un et l'autre le succès, et se côtoient parfois de façon surprenante.
Jean Marot, Le voyage de Gênes, Gênes s'inclinant devant la Raison, enluminé par Jean Bourdichon, vers 1508, enluminure sur parchemin, 32 x 21 cm. Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Manuscrits © BnF
Jean d’Arras, Le Livre de Mélusine, Mélusine dragon s’envole, août 1478. livre imprimé, 29,3 x 22 x 4,5 cm. Paris, Bibliothèque nationale de France, département de la Réserve des livres rares © BnF
Vierge de Douleur. Vers 1500, émail peint sur cuivre, 30 x 21 cm. Musée du Louvre, département des Objets d’art, Paris © service presse Rmn/ Jean-Gilles Berizzi
Echanges Nord-Sud
Cette dernière partie de l'exposition, conçue en crescendo, donne à voir la rencontre entre des hommes, des oeuvres et des formes, certains puisant leurs racines localement, d'autres venus du nord ou du sud. Des artistes s'établissent en France ou y travaillent temporairement; des oeuvres sont importées, témoins de la vitalité de certaines productions, ( ex. les retables anversois), mais aussi de l'intérêt des collectionneurs français. Regroupements et confrontations sont spectaculaires, tel celui des quatre panneaux du Maître de saint Gilles, partagés entre Londres et Washington. Quelques prêts exceptionnels du Louvre et de l'Art Institue de Chicago rappellent que le roi de France et son entourage avaient, avant 1515, acquis des oeuvres de peintres nommés Andrea Solario, Baccio della Porta (Fra Bartolommeo) ou Léonard de Vinci.
Lorenzo Costa, Sainte Véronique (pour Florimond Robertet) vers 1508, huile sur bois, 65 x 54 cm. Musée du Louvre, Département des peintures, Paris © service presse Rmn/ Jean-Gilles Berizzi
Portrait de Charles II d’Amboise, d’après Andrea Solario, XVIème siècle, huile sur bois, 75 x 52 cm. Musée du Louvre, département desPeintures, Paris © service presse Rmn/ Gérard Blot
Partie supérieure d'une fontaine (détail). Normandie, début du XVIème siècle, sculpture en marbre, 235 x 122 cm. Musée du Louvre, département des Sculptures © service presse Rmn/ Gérard Blot