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Alain.R.Truong
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14 décembre 2010

Commode d'époque Louis XVI, attribuée à Martin Carlin, vers 1780

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Commode d'époque Louis XVI, attribuée à  Martin Carlin, vers 1780.  photo Artcurial

En placage d'ébène et panneaux de laque de Coromandel, ornementation de bronze ciselé et doré, dessus de marbre brèche, la ceinture munie de trois tiroirs et ornée d'une frise de rosaces dans un entrelacs, surmontant trois vantaux découvrant neuf tiroirs, à décor de scènes de palais bordées de frises à motif d'entrelacs, perles et feuillage, les angles à pans coupés surmontés de chutes à motif de tête de béliers et branchage de chêne inscrit dans une réserve ajourée terminée par une graine, les pieds ornés d'une feuille d'acanthe terminés en enroulement
Hauteur : 91 cm. (36 in.); Largeur : 140,5 cm. (55 ¼ in.); Profondeur : 64,5 cm. (25 ¼ in.) - Estimation : 300 000 / 500 000 €

A LOUIS XVI ORMOLU MOUNTED EBONY AND COROMANDEL LACQUER COMMODE, ATTRIBUTED TO MARTIN CARLIN CIRCA 1780

Provenance : Ancienne collection Eugène Kræmer, sa vente à Paris, Galerie Georges Petit, 28-29 avril 1913, lot 165.
Vente à Paris, Galerie Charpentier, 11-12 juin 1959, lot 223.
Sotheby's, Londres, 10 juin 1994, lot 82.

Bibliographie :Seymour de Ricci, Le style Louis XVI, mobilier et décoration, Paris, Hachette, 1913, p.165.
A. Pradère, Les ébénistes français de Louis XIV à la Révolution, Paris, Eds. du Chêne, 1989, p.343-361.
Certainement réalisée à la commande de l'un des grands marchands merciers de l'époque - Simon-Philippe Poirier, Dominique Daguerre ou les frères Darnault - notre meuble peut être rattaché par plusieurs de ses caractéristiques aux créations de Martin Carlin (vers 1730-1785).

La composition de la façade, avec le panneau médian légèrement en saillie, suggérant trois vantaux mais ouvrant en fait seulement en deux parties, dont l'une à double battant articulé en charnière, le tout surmonté par le registre de trois tiroirs en ceinture, ainsi que ses montants en pans coupés reposant sur des pieds très puissants, évoquent à plus d'un titre une commode en marqueterie à mosaïques en bois précieux estampillée de Carlin et portant l'inscription Poirier marchand rue St-Honoré à Paris (Christie's, New York, 6 décembre 1985, lot 54). Comme cette dernière, notre commode présente la même frise d'entrelacs de bronze doré qui court sur toute la surface de la ceinture et des moulures très proches, notamment celle à petits entrelacs à rosaces, commune aux deux meubles. Les puissantes palmettes d'acanthe formant feuilles de refend en bronze sur les pieds se retrouvent également utilisées sur une commode et une secrétaire à abattant (Huntington Art Gallery, Etats-Unis), ainsi que sur une paire d'encoignures provenant du salon de Mesdames au château de Bellevue (Paris, Musée du Louvre, OA 5163 a-b). De même, les têtes de bélier de bronze dont l'ébéniste para les chutes de la commode à vantaux sont très similaires au modèle des petites consoles exécutées pour le comte d'Orsay. Enfin, la manière de réaliser les tiroirs intérieurs est pratiquement identique à celle que l'ébéniste avait employée sur un secrétaire en cabinet qui porte son estampille.

Longtemps Carlin avait été le principal exécutant de meubles ornés de plaques en porcelaine de Sèvres pour le marchand Poirier. Cette mode passée après 1775, la production de Carlin prit un nouveau tournant : il réalisa alors de pièces recouvertes de panneaux de laque extrême-orientale pour des marchands tels Dominique Daguerre ou bien François-Marie et Jean-François Darnault, ces derniers marchands et miroitiers ordinaires du Roi en ses Menus Plaisirs et principaux pourvoyeurs en meubles de Mesdames Adélaïde et Victoire. Comme l'avait démontré Thibaut Wolvesperges (Le mobilier français en laque au XVIIIe siècle, Paris-Bruxelles, 2000) les panneaux en laque étaient fournis aux ébénistes par les marchands, surtout lorsqu'il s'agissait de morceaux de dimensions importantes comme sur notre commode, provenant certainement d'un paravent en Coromandel de la fin du XVIIème ou du début du XVIIIème siècle. Les merciers, qui détenaient quasiment le monopole du commerce des laques de la Chine et du Japon, étaient souvent à l'origine des modèles de meubles et donnaient aussi les parures de bronzes assorties. Egalement, ils pouvaient sous-traiter concomitamment leurs commandes à plusieurs ébénistes. De ce fait, on retrouve des meubles très proches, avec les mêmes bronzes d'ornement mais portant les estampilles de différents artisans. C'est précisément le cas de deux autres commodes à vantaux recouvertes de panneaux en laque de Coromandel, d'une composition très similaire à notre meuble, avec la même façade à ressaut central, tiroirs en ceinture ornés de frise en entrelacs et montants en pans coupés, mais avec des pieds, un tablier et des chutes en bronze différents, l'une provenant des collections du marquis de Bath à Longleat et portant la double estampille de Pierre-Harry Mewesen et d'Adrien Faizlot-Delorme (Christie's, Londres, 13-14 juin 2002, lot 395), la seconde estampillée seulement par ce dernier ébéniste (vente à Paris, 11-12 octobre 1957, lot 312). Enfin, une troisième commode quasiment identique, également revêtue de panneaux de laque, faisait autrefois partie de la collection de G. de Salverte (vente à Paris, 5-6 mai 1887, lot 121).
A l'instar de Carlin, Mewesen faisait lui aussi partie des ébénistes travaillant pour Daguerre et collaborait avec son confrère Adrien Delorme, lui-même un ébéniste qui s'adonnait également au commerce de meubles.

Par ailleurs, le même modèle de ces trois commodes avait été repris par Delorme en placage de bois de rapport, avec les mêmes bronzes (anciennes collections Rikoff, Sussman, Mme de Polès, puis vente à Paris, Georges V, 20 juin 2001, n°150) et on retrouve les mêmes feuilles de refend de bronze que celles de notre commode sur une paire de meubles à hauteur d'appui à deux portes, recouvertes aussi en panneaux de laque, également estampillés par Delorme (Galerie Koller, Zürich, 17 septembre 1997).

Artcurial - Briest-Poulain-F.Tajan - Paris. Vente du Mercredi 15 décembre 2010. Hôtel Dassault - 7 Rond Point des Champs-Elysées - 75008 - Paris. www.artcurial.com

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