Christ en croix. Atelier de Salerne, Fin XIe siècle. photos Marc-Arthur Kohn
Matériau Ivoire à patine naturelle d'origine H. 19,9 cm, L. 10 cm, P. 0,9 cm - Estimation : 600 000 - 800 000 €
EXPOSITION « L'Enigma degli Avori Medievali da Amalfi a Salerno », Salerne, musée Diocésain, du 20 décembre 2007 au 30 avril 2008,sous le commissariat de Ferdinando Bolognia, Professeur Émérite à l'Université de Rome et enseignant à l'Université de Naples. Reproduit p. 446 du catalogue et décrit sous le n° 77
Plaque en ivoire à décor en bas relief de deux épisodes de la Vie du Christ. En partie supérieure occupant la plus grande surface de la plaque, la scène de la Crucifixion. Le Christ au centre est auréolé d'un nimbe crucifère. De longues mèches de cheveux tombent sur ses épaules, le périzonium, au lourd drapé mouvementé, est retenu par un noeud complexe. Il est entouré de la Vierge et Saint Jean au pied de la Croix. Situés en arrière plan, les deux soldats, Stéphaton, porteur de la lance et Longin, tenant l'éponge, sont représentés en taille réduite afin de donner un effet de perspective à la composition. Au dessus de la traverse supérieure se dressent deux anges à mi-corps. Le support du suppedaneum est orné de volutes végétales stylisées. La seconde scène, en partie inférieure, est séparée par une double ligne incisée et représente l'ensevelissement du Christ enveloppé dans son linceul par Nicodème et Joseph d'Arimathie. La bordure supérieure de la plaque est perforée de deux trous, probablement pour la fixation de bandeaux décoratifs destinés à la mise en place des volets d'un triptyque.
Ce panneau est à rattacher au groupe des ivoires de Salerne et principalement au « paliotto de Salerne », cet ensemble de plaques et fragments de frises en ivoire sculpté conservé au musée de la cathédrale de Salerne. Le paliotto constitue le plus important ensemble d'ivoires d'Occident d'avant le XIVe siècle illustrant des scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament. Réalisé par plusieurs artistes, il puise ses références iconographiques dans l'art byzantin, en raison des relations commerciales très développées entre la Campanie et le Moyen Orient. Principale résidence des princes normands en Italie du Sud au XIe siècle, Salerne bénéficie alors d'un épanouissement commercial florissant grâce à ses relations avec les peuples du pourtour méditerranéen. La nouvelle cathédrale consacrée en 1084 offrit à de nombreux artistes la possibilité de réaliser des chefsd'oeuvre dans divers domaines et notamment dans celui de l'ivoire.
Nous ne connaissons que de très rares exemples de plaques en ivoire sculpté provenant des ateliers de Salerne, hormis celles conservées sur place. Le Musée du Louvre, département des Objets d'Art, conserve un panneau central de triptyque en ivoire de composition similaire présentant une Crucifixion en partie supérieure et des Saintes Femmes au tombeau en partie inférieure, daté de la fin XIe ou du début du XIIe. Au Metropolitan Museum of Art de New York, la scène est d'autant plus proche de la notre qu'elle présente également une mise au tombeau en partie inférieure et est datée de la même époque.
photos Marc-Arthur Kohn
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES Collectif, sous la direction de Ferdinando Bolognia, Commissaire de l'exposition « L'Enigma degli Avori Medievali da Amalfi a Salerno », Salerne, musée Diocésain, du 20 décembre 2007 au 30 avril 2008, éd. Taparo, 2 vol., 2008; Danielle Gaborit-Chopin, Daniel Alcouffe, Marie-Cécile Bardoz, Ivoires médiévaux Ve-XVe siècles, catalogue du Département des Objets d'Art, RMN, Paris 2003, p. 210 et suivantes
Marc-Arthur Kohn. Vendredi 18 mars à 14h00. Drouot - Richelieu - Salle 1. EMail : auction@kohn.fr - Tél. : +33 1 44 18 73 00