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Alain.R.Truong
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Alain.R.Truong
27 juillet 2011

Mandarin en ivoire du Musée de la Compagnie des Indes

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Mandarin en ivoire. Automate, carton, métal, ivoire peint, soie. Chine, 1790-1800. Inv. 2010.16.1. Musée de la Compagnie des Indes de Lorient

Obéissant à la tradition du portrait, de nombreux armateurs, capitaines et subrécargues européens puis américains, commandent, pendant tout le 17e et le 19e siècles, dans les ports de Canton ou d’Amoy en Chine, leur effigie, qu’elle soit peinte ou sculptée. Le corpus de ces représentations est faible aujourd’hui, d’une part parce qu’elles sont conservées dans des collections privées et, d’autre part, en raison de leur fragilité car beaucoup étaient réalisée en en fixée sous miroir ou verre et en terre cuite polychrome.

De nombreuses statuettes représentant des chinois, parfois animées d’un mouvement d’automate ont été réalisées au 18e siècle pour Occidentaux. La majorité d’entre elles étaient en céramique. Fichées dans un corps de carton superbement vêtu de soie, les mains et la tête de cet automate sont en ivoire délicatement peint. Monsieur Bernard, directeur de la Compagnie des Indes, en a commandé une semblable en 1790.  

Huit figurines chinoises de mandarins sont répertoriées dans la collection royale britannique. Leur présence reflète la sinophilie de l’Europe des Lumières nourrie des premiers récits d’une poignée d’aventuriers : religieux, marchands, diplomates. Le devisement du monde rédigé en 1298 par Marco Polo en est la pierre angulaire. Le tribu du Vénitien est fondamental dans la genèse du mythe chinois fondé sur « la bonté des sols, l’abondance des populations et l’excellence de son gouvernement».

Cette « harmonieuse triade » comme la nomme Louis Dermigny est le lieu commun de la plupart des écrits en circulation en Europe jusqu’au milieu du 18e siècle. Combiné à l’éloignement géographique et à l’interdiction faite aux étrangers de pénétrer sur son territoire, il contribue à la fascination exercée par la Chine sur l’Occident qu’alimentent encore les Lettres édifiantes et curieuses de Chine. Ecrites de 1702 à 1776 par les pères jésuites attachés au service de l’empereur à la cour impériale de Pékin dans les domaines des mathématiques de l’astronomie, de l’artillerie ou de la peinture, elles sont un formidable outil de diffusion des connaissances de la Chine impériale.

Les pères jésuites en sont les acteurs privilégiés et deviennent le symbole de l’heureuse rencontre entre l’Europe des Lumières et la Chine éclairée, ne sont ils pas l’incarnation de la tolérance de l’empereur Kangxi en matière de religion ? Leur représentation en habit de mandarin, dans l’ouvrage de Du Halde ou encore dans la tapisserie de la manufacture de Beauvais représentant les jésuites enseignant les mathématiques aux Chinois - cartons réalisés par Guy-Louis de Veransal – contribue vraisemblablement, dans certains milieux, à l’engouement pour la figure du mandarin dont la figure suprême est celle de l’empereur lui même. Ce goût ne se dément pas pendant près d’un siècle, comme en témoignent les importations des figurines de mandarins jusqu’au premier quart du 19e siècle. Brigitte Nicolas, Conservatrice en chef du Musée de la Compagnie des Indes de Lorient

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