Crucifixion en cristal de roche et argent avec son donateur. Italie, XIVe siècle.

27 juillet 2011

Crucifixion en cristal de roche et argent avec son donateur. Italie, XIVe siècle.

Crucifixion en cristal de roche et argent avec son donateur. Italie, XIVe siècle. photo Marc-Arthur Kohn

Cristal de roche, argent, argent doré et émail. H. 21 cm, L. 16 cm, P. 1, 5 cm. Inclusion du cristal de roche en partie supérieure. Estimation : 30 000 - 40 000 €

Cette très rare scène de Crucifixion du XIVe siècle regroupe les matériaux les plus nobles, tels l'argent et le cristal de roche, signes de l'importance de son commanditaire présent discrètement sur notre objet.

Au premier plan apparaît le Christ en argent doré en position de crucifixion. Son visage, d'un très grand réalisme, porte une barbe et une longue chevelure traitées avec le plus grand soin. Ses yeux clos, sa tête penchée sur le côté et son abdomen affaissé souligné d'une puissante musculature témoigne de sa Mort. Il est vêtu d'un périzonium aux drapés ciselés avec souplesse et fluidité. Ses jambes se croisent au niveau des genoux, accentuant par là-même le dynamisme des plis pour que ses deux pieds se joignent. Jésus est suspendu à une croix en argent, sommée d'un disque rayonnant manifestant sa Sainteté et sa Gloire. L'inscription traditionnelle de l'iconographie chrétienne "I.N.R.I", acronyme de "Jésus le Nazaréen, Roi des Juifs", se détache d'un cartouche sur un fond d'émail bleu.

Le support de cette scène est une seconde croix, aux branches fleuronnées, en cristal de roche. L'ensemble de son pourtour biseauté est souligné d'un très fi n décor de feuillages guillochés. Une longue natte, exécutée avec la même dextérité, parcourt l'ensemble de ce décor végétal en son milieu. A l'amortissement, on observe un enchevêtrement de feuilles découpées comme s'il s'agissait d'une ornementation de chapiteau. Il est centré d'un évêque, agenouillé, les mains jointes, reconnaissable à sa mitre. Ce personnage, haut dignitaire de l'Eglise, est sans aucun doute le commanditaire de cette Crucifixion. Bien que resté anonyme, la présence de cet évêque confère à ce chef-d'oeuvre de l'art lapidaire et d'orfèvrerie une importance historique et artistique, au regard de la préciosité des matériaux utilisés et de leur traitement par un artiste italien du XIVe siècle.

On peut comparer notre Crucifixion à celle conservée à la cathédrale San Cerbone. Attribuée à un artiste siennois du début du XIVe siècle, on retrouve des fleurons similaires aux branches de la croix qui les distinguent souvent des productions espagnoles qui, elles, s'agrémentent de véritables fleurs de lys. Le Christ y est traité avec le même réalisme, adoptant une position assez similaire. Enfi n, à l'instar de la pièce que nous présentons, la Croix de San Cerbone est soulignée d'un motif en argent venant accentuer la sinuosité de ses contours.