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Alain.R.Truong
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30 octobre 2011

Jean-Baptiste Oudry (Paris 1686 - Beauvais 1755). « Le Sérail du Doguin ».

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Jean-Baptiste Oudry (Paris 1686 - Beauvais 1755). « Le Sérail du Doguin ». Photo Audap & Mirabaud - Paris

Toile. Signée et datée en bas à gauche : J.B. Oudry 1734. 105,5 x 135 cm- Estimation : 500 000 / 600 000 €

Provenance :  Coll . Dammery en 1758 et 1761.

Œuvres en rapport :
- Gravure de Jean Daullée titrée Le Sérail du Doguin/ Gravé d'après le Tableau Original du Cabinet de Monsieur Dammery Officier aux Gardes Francoises... parue au Mercure de France, juillet 1758 (T. II, p. 157) (fig. 1).
-Le bouledogue sultan (toile, 49 x 60 cm, vente Robellaz, 5-8 avril 1892), sans doute une réplique d'après la gravure (cf. Locquin, cat. n° 483, p. 92 ; Vergnet-Ruiz, cat. n° 216, p. 168 ; Opperman, cat. P.103).

Bibliographie :
- Jean GOUGENOT : Vie de Monsieur Oudry, in « Mémoires inédits sur la vie et les ouvrages des membres de l'académie royale de peinture et de sculpture » ( Paris, 1854), T. II, p. 393.
- Jean LOCQUIN :
Catalogue raisonné de l'œuvre de Jean-Baptiste Oudry, peintre du Roy (1686-1755), in « Archives de l'Art français », 1912, nouvelle période, T. VI, n° 482 p. 92 (Le bouledogue sultan).
- Jean VERGNET-RUIZ, ss la dir. de Louis DIMER :
Les peintres français du XVIIIe siècle, histoire des vies et catalogue des œuvres (Paris, 1928), T. II , mentionné dans la notice n° 216 p. 168.
- Hal OPPERMAN : Jean-Baptiste Oudry (New York et Londres, 1977), cité dans la notice P.103 (the Bulldog's Harem)
- Elisabeth HARDOUIN-FIGIER :
Le peintre et l'animal en France au XIXe siècle (Paris,2001), repr. p. 133 (Négociation de paix entre la Turquie et la France).

Le Sérail du Doguin, véritable portrait humanisé, témoigne avec brio du goût pour la turquerie en France au XVIIIe siècle.
Dans l'œuvre de Jean-Baptiste Oudry, il se situe après la série des portraits de chiens de la meute royale peints entre 1722 et 1732 et juste après la série de dessins réalisés pour illustrer les Fables de La Fontaine de 1729 à 1734.

Ces deux ensembles firent la célébrité de l'artiste qui est nommé à la tête de la manufacture des Gobelins en 1734.

La France est alors en pleine guerre de Pologne, pays qui suscite bien des convoitises.

Aux confins de l'empire ottoman, il occupe une position stratégique et apparaît comme une force capable de contrer les prétentions turques depuis que Jan Sobieski les a obligés à lever le siège de Vienne en 1683.

En 1704, la Suède avait soutenu la candidature et fait élire par la Diète polonaise Stanislas Leczynski devenu ainsi roi de Pologne. Mais il ne parvint pas à se maintenir, la Russie contribuant à l'avènement d'Auguste de Saxe en 1709. Roi sans Etat, il trouve refuge, d'abord à Bender en territoire turc, puis auprès de la cour de France : en 1725, quand sa fille épouse le roi Louis XV, il s'établit à Chambord.

En février 1733, Auguste de Saxe meurt.
Avec le soutien de l'Autriche et de la Russie, il avait préparé sa succession pour rendre la monarchie héréditaire en passant le trône à son fils Frédéric-Auguste, mais la France entend faire valoir les droits de Stanislas Leczinsky.

Elle espère un appui de la puissance ottomane qui peut être intéressée par de bons rapports avec la France pour contrer les menaces de ses voisins, la Russie et l'Autriche. C'est ainsi que s'ouvre ce qu'il est convenu d'appeler la guerre de succession de Pologne (1733-1738) qui se terminera par la défaite de Stanislas Leczynski.

Oudry a certainement rencontré Stanislas à Versailles : proche de sa fille, celui-ci venait régulièrement lui rendre visite et logeait au Trianon alors que le peintre portraiturait les animaux de la ménagerie du roi et jouissait de la fonction de peintre des chasses royales. Il a pu être témoin des événements liés à son départ quand, envoyé par le cardinal Fleury, premier ministre de Louis XV, Stanislas va revendiquer son trône à Varsovie. Homme lettré, fasciné par les fastes de l'Orient, Stanislas s'était fait construire en 1714, alors qu'il était exilé, des jardins d'eau et un palais baroque qu'il avait nommé « Tschifflick » (« maison de plaisance » en turc).

Est-ce lui qui a inspiré la figure du Doguin au peintre, jetant son mouchoir à une barbette comme font les sultans pour désigner la favorite d'un soir ? Un portrait peint par Jean-Baptiste Lemercier en 1726 (fig. 2) le montre également vêtu à l'orientale, tenant un mouchoir et portant une coiffe ornée d'une aigrette et d'un croissant (toile, signée et datée, conservée au château de Chambord).

Comme le souligne Elisabeth Hardouin-Figier le croissant orné de pierreries ne laisse en tout cas aucun doute sur l'alliance du personnage ainsi caricaturé avec l'empire ottoman. Le chat noir qui surveille de près cette alliance représenterait la Perse qui, par ses incursions en territoire turc freine l'engagement du grand vizir en Pologne : il n'a de cesse de répondre aux demandes de l'ambassadeur français à La Porte (Constantinople) qu'il soutient Stanislas, roi légitimement élu par les nobles polonais mais ne peut intervenir tant que ses armées sont occupées à défendre son territoire.

Le chien barbet qui observe la scène pourrait être l'Espagne, engagée aux côtés de la France qui serait représentée par la barbette favorite.

Audap & Mirabaud - Paris. Lundi 7 novembre 2011. Drouot Richelieu - Salle 5 - 9, rue Drouot - 75009 Paris. Tel. 01 53 30 90 30.

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